Les X et Y : Une fin de race

Et si on se regardait un bon coup dans la glace?

De quelle épopée collective pouvons-nous être les héros?

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Tribune libre

Faut-il que nous soyons aveugles pour ne pas voir que la meilleure preuve de notre état de colonisés, aliénés, acculturés, impuissants, détruits mentalement, aussi bien collectivement qu’individuellement, c’est notre incapacité d’entrer en relation les uns avec les autres. C’est le premier problème auquel il faudrait s’attaquer. Comment imaginer pouvoir jamais parvenir à la ligne d’arrivée, si nous refusons de considérer l’obstacle qui nous empêche d’atteindre la case départ?


Nous les X les Y…; de quelle épopée collective pouvons-nous être les héros? Nous sommes une fin de race. Notre rôle sur terre n’aura-t-il donc consisté qu’à rendre témoignage de la fin de l’Histoire, du Politique et de la Nation, ainsi que celle de la Chrétienté?


Avant l’arrivée de notre dernier jour, n’aurons-nous donc jamais tenté d’exister en mettant les mots à l’épreuve du réel?


Dernièrement, la dose d’indignation quotidienne proposée par Nomos TV portait sur la création d’un parti musulman en Ontario. Les musulmans forment à peine 3% de la population, mais ils considèrent que l’État dans lequel ils vivent doit leur ressembler, et ils prennent les moyens pour se faire reconnaître en tant qu’entité collective dont il faut tenir compte.


Et nous, les crypto-de souche/vrais Québécois dans leur tête/Canadiens Français implicites qui ne savent plus dire qui ils sont, quel pourcentage de la population formons-nous? Sur qui doit rejaillir la honte? Sur ceux qui s’organisent afin de concrétiser leurs aspirations ou sur ceux qui assistent passivement à leur propre annihilation?


Dieu sait que l’Islam représente une menace, mais si nous ne nous aimons pas nous-mêmes assez pour seulement prendre la peine de nous rencontrer entre personnes qui partagent la même préoccupation identitaire, afin de pouvoir parler les uns avec les autres, quitte à nous engueuler, et bien, tous ces discours, dont nous ne semblons jamais être rassasiés, ne feront qu’entretenir notre sentiment de n’être rien, et notre peur d’être quelque chose (quand donc comprendrons-nous que si nous nous cramponnons tellement à la Québécitude, c’est parce que c’est à ça qu’elle sert: à conforter et à camoufler notre peur d’exister?)


Pendant ce temps-là, vous savez ce qui se passe, ceux qui veulent être quelque chose dans la vie réelle, pas seulement dans leur tête, pas seulement par chroniques interposées, prennent la place que nous n’occupons pas. Faut-il vraiment le leur reprocher?



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