Éric Desjardins: «racisme» sur glace

Quand le sport devient politique


Propos recueillis par Mathias Brunet - «L'affaire Shane Doan» fait beaucoup jaser depuis quelques jours.
C'est un sujet très délicat qui en irrite plusieurs mais, si vous voulez mon avis, je trouve que l'histoire va trop loin. Il y a des politiciens qui veulent se faire du capital avec tout ça.
Comprenez-moi bien, je suis fier de ma langue et de ma culture, mais il faut se remettre dans le contexte d'un match de hockey. Je ne dis pas que c'est acceptable et que les jeunes doivent suivre cet exemple mais parfois, il y a une telle intensité sur la glace, la soif de gagner devient tellement primordiale que ça nous pousse à entrer dans des zones où nous n'irions pas en société. Et quand on sort une telle phrase de son contexte, ça peut sonner plus grave que ça ne l'est.
Des commentaires sur l'ethnie des joueurs, sur leur famille, sur un aspect de leur physique, il en pleut sur la patinoire. J'ai moi-même déjà utilisé des termes semblables à l'endroit de joueurs d'autres nationalités. Mais je ne suis pas raciste pour autant. Je me considère au contraire très ouvert sur le monde. On m'a souvent traité de Frog et de Fucking Frenchman mais, ça ne m'atteignait pas. Je savais qu'on cherchait simplement à me déconcentrer, ce qui voulait dire que je faisais bien mon travail ou que je dérangeais vraiment celui qui me lançait ce commentaire.
J'étais beaucoup plus dérangé vers la fin de ma carrière par ceux qui me traitaient de vieux et qui me disaient qu'il était temps que je laisse ma place parce que le hockey était devenu un sport de jeunes. Ça venait me toucher droit au coeur. Vous voyez comment l'adversaire peut être sans pitié pour chercher à déconcentrer l'ennemi
Ces manques de délicatesse sur la glace ne sont pas un côté glorieux de notre sport, mais je trouve injuste qu'on traite Doan de raciste à cause de cet incident. Je ne le connais pas personnellement, mais j'ai entendu parler de lui par d'anciens coéquipiers et ce n'est pas une légende urbaine : il ne sacre vraiment jamais en raison de sa religion - il est «Born Again Christian».
Daniel Brière a déclaré en ondes que Doan lui avait avoué ce qu'il avait vraiment dit : «À quoi peut-on s'attendre d'autre, avec quatre arbitres francophones à Montréal ?». Il a admis à Daniel ne pas avoir été fier d'avoir protesté auprès des arbitres, mais il dit ne jamais avoir prononcé le mot débutant par «F».
Mais il a riposté aux arbitres et c'est là mon reproche à l'endroit de Doan. Il a manqué de respect envers la figure d'autorité sur la glace. Là-dessus, je ne peux pas le défendre.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé