Entrevue avec Lise Payette: un vide politique pour les femmes

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Lise Payette sonne le réveil

(Québec) Les femmes «ont mangé une volée» avec la défaite électorale de Pauline Marois, et les ministres féminines sont «silencieuses» dans un gouvernement peu préoccupé par leur sort, dénonce avec vigueur Lise Payette.
Le leadership des femmes dans le monde politique a été fortement ébranlé depuis l'accession au pouvoir du Parti libéral, estime la féministe bien connue Lise Payette. «Les femmes ont mangé une volée», a-t-elle soutenu samedi, en marge des États généraux des femmes du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec. «La défaite de Pauline Marois, c'est une défaite pour toutes les femmes. Même pour celles qui ne votaient pas pour elle.»
Le gouvernement de Philippe Couillard n'a pas impressionné par ailleurs l'ancienne députée du Parti québécois sous René Lévesque. «Depuis que ce gouvernement est là, je n'ai pas l'impression que la question des femmes les préoccupe beaucoup. Je n'ai rien entendu de leur part. On a trois docteurs, on a trois économiques. Ce sont des gens brillants, paraît-il... Mais je ne vois rien dans ce qu'ils proposent qui concerne l'amélioration du sort des femmes. D'aucune façon.»
L'écrivaine n'est pas tendre envers les élues libérales de l'Assemblée nationale. «Je n'entends pas non plus les femmes ministres. Je ne sais pas si vous avez remarqué à quel point elles sont silencieuses! C'est quand même étonnant. On n'avance pas actuellement», lance celle qui assure ne pas être «une péquiste enragée».
«Il y en aura d'autres»
Dans ce contexte, Lise Payette se demande bien quand une femme trônera de nouveau au sommet de l'État québécois. «On sait parfaitement bien qu'il n'y aura pas une autre femme première ministre dans les années qui viennent. C'est impossible. Il n'y a personne qui peut remonter cette côte-là en très peu de temps», prédit-elle. «Il y en aura d'autres. Ça va venir. Mais ça ne se fera pas immédiatement. Dans ce sens-là, c'est une perte pour l'expérience que pouvait transmettre Pauline pendant un certain temps.»
Selon l'ancienne animatrice de télévision, les femmes auraient tout intérêt à se tenir aux aguets après un changement de gouvernement. Les acquis ne sont jamais si solides, fait-elle valoir. «Dès qu'il y a un changement de gouvernement, il suffit qu'il y ait un premier ministre qui ne comprend pas - ça arrive - et le résultat, c'est qu'on perd ce qu'on vient de gagner», avance-t-elle. «Cette remise en question, chaque fois, est extrêmement dangereuse. Parce que les femmes font confiance.»
Un recul dans les garderies
La décision du gouvernement libéral de moduler les tarifs des garderies en fonction du revenu des parents risque d'augmenter le nombre de femmes forcées de retourner à la maison, déplore la féministe Lise Payette.
«Je ne comprends pas», laisse tomber Mme Payette à propos de la majoration des frais de garde par le gouvernement libéral de Philippe Couillard. «On est-tu capables de faire quelque chose de correct dans ce domaine-là? À mon avis, ce n'est pas ce qui vient d'être fait qui va apporter une solution. Ça met en danger la possibilité des femmes de rester sur le marché du travail.»
L'ancienne députée du Parti québécois est persuadée que les frais modulés en fonction du revenu compliqueront la tâche des femmes cherchant à concilier travail et famille. «À partir du moment où l'on vous complique la vie - l'exemple des garderies est parfait dans ce sens-là -, à partir du moment où vous commencez à vous dire : je travaille, mais je suis en bas de l'échelle, je n'ai pas un salaire faramineux... Et si mes enfants vont à la garderie, au prix que ça va me coûter, ça ne vaut plus la peine que j'aille travailler! On vient toutes de rentrer à la maison!» détaille Lise Payette. «Ça sert à quoi, tout ce qu'on a fait?»
L'écrivaine féministe rejette du revers de la main les arguments d'austérité budgétaire invoqués par le gouvernement libéral. «On ne peut pas, pendant quatre ans, avoir un gouvernement qui va s'occuper juste de l'économique! Ça ne se peut pas. Le reste existe aussi», conclut Lise Payette.
Lise Payette sur...
... la vague de dénonciation de harcèlement sexuel
«Il y a beaucoup d'hommes qui doivent dormir très mal de ce temps-là au Québec.»
... la course au PQ
«Je trouve que c'est long. Ils ont le don de perdre beaucoup de temps en placotage. Mais ça a toujours été le cas au Parti québécois. Alors, ça ne me surprend pas non plus.»
... le progrès des femmes
«Malgré les gains qu'on fait, on est toujours menacées de retourner en arrière.»


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