Énergie Est: un projet capable de relancer l'industrie pétrolière?

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Un projet qui mise sur une industrie en plein déclin

Les partisans et détracteurs du projet de pipeline Énergie Est pourront exprimer leur point de vue dès ce matin à Montréal, alors que s'ouvrent les audiences publiques de l'Office national de l'énergie. Si l'industrie pétrolière canadienne croit que le projet relancerait une industrie en panne, les écologistes, eux, soutiennent que de respecter les engagements canadiens de réduction des émissions de gaz à effet de serre rendrait impossible une renaissance dans les sables bitumineux.
Les bonnes nouvelles sont rares dans le nord de l'Alberta, ces jours-ci. Non seulement des incendies ont dévasté Fort McMurray cette année, mais des projets d'extraction de pétrole lourd valant des dizaines de milliards ont été revus à la baisse, retardés ou carrément annulés.
C'est près de 1 million de barils par jour (bpj) qui ne seront pas produits.
Selon l'industrie pétrolière canadienne, le projet Énergie Est pourrait permettre de ranimer ce secteur en panne, plombé par la chute des cours du brut.
Mais pour les groupes écologistes, il n'y a pas de renaissance possible dans les sables bitumineux, compte tenu des engagements canadiens de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Ces données forment la trame de fond du débat sur le pipeline Énergie Est, qui se transporte à Montréal ce matin avec les audiences de l'Office national de l'énergie.
Pendant des années, l'industrie pétrolière a clamé que les nouveaux pipelines étaient requis pour faire face à la croissance prévue de la production en provenance des sables bitumineux.
Aujourd'hui, l'industrie affirme que ces mêmes pipelines pourraient faire renaître la croissance qui s'est évaporée avec la chute du prix du brut.
Il n'y a rien de contradictoire là-dedans, affirme Chelsie Klassen, porte-parole de l'Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP). « Avec des pipelines supplémentaires, les investisseurs seront rassurés au sujet de l'accès au marché pour leurs nouveaux projets », dit-elle en entrevue téléphonique depuis Calgary.
Elle ajoute que, en dépit de nombreux projets annulés, la production en provenance de sables bitumineux devrait augmenter de 850 000 barils par jour d'ici 2021, dont 420 000 d'ici deux ans.
UN DÉMARRAGE PLUS LENT

Une prévision trop optimiste, selon Adam Scott, du bureau torontois de l'organisme Price of Oil, groupe qui dénonce l'impact de l'industrie pétrolière sur le climat.
« On le voit, dans les sables bitumineux, tous les projets qui ne sont pas déjà en marche sont sur la glace ou carrément annulés, dit-il. Ils sont parmi les plus coûteux et les plus polluants en termes de carbone. »
Il avance en outre que le secteur des sables bitumineux n'est pas près de se relever, même si le cours du brut remonte. « Ces projets mettent de six à huit ans à démarrer, alors que pour le pétrole de schiste, c'est une question de mois », dit-il.
Mme Klassen affirme que la capacité pipelinière totale, soit 4 millions de barils par jour, est presque atteinte, avec une production de 3,9 millions actuellement.
Une affirmation que rejette Adam Scott. « L'ACPP trompe les Canadiens depuis des années, dit-il. Depuis 2012, ils annoncent la disparition de la capacité pipelinière excédentaire et ils ont eu tort. »
Il affirme que des améliorations aux infrastructures existantes - et, dans une moindre mesure, le transport par rail - ont permis jusqu'à maintenant d'absorber la hausse de la production canadienne. Il prédit que celle-ci va plafonner en 2020 et amorcer un lent déclin par la suite.
Et c'est tant mieux, selon lui.
« Le Canada doit choisir entre l'expansion de la production des sables bitumineux et le respect de ses engagements climatiques internationaux », dit Adam Scott, de l'organisme Price of Oil.
Il juge que cela en soi est une raison de bloquer les projets de pipeline comme Énergie Est. Celui-ci est capable à lui seul d'absorber une augmentation de 46 % de la production en provenance des sables bitumineux.
Un lien que refuse d'établir Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal.
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