Énergie Est : le courage de refuser l'indifférence

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Les lignes de fracture se précisent





Ce matin, un énième sondage confirme à nouveau l’existence du fossé qui se creuse dans l’opinion publique canadienne sur le projet controversé de pipeline Énergie Est de la firme albertaine TransCanada.


Ce dernier sondage, courtoisie EKOS-CBC, confirme en effet une inquiétude nettement plus marquée au Québec, en Colombie-Britannique et au Manitoba. Alors qu’au contraire, l’Alberta, entre autres, s’inquiète plus du déclin de sa propre économie que des risques environnementaux possibles du projet


Pendant ce temps, au Québec, les audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) se poursuivent. (Pour les visionner en direct, c’est ici.)


Depuis les premières manifestations d’opposants dès l’ouverture de ce BAPE «générique» la semaine dernière, des questions très serrées y sont posées aux représentants de TransCanada – dont les réponses sont parfois évasives. Les commissaires du BAPE ne sont d’ailleurs pas en reste. Leurs propres questions sont également précises.


Cette semaine, on annonce déjà d’autres manifestations d’opposants inquiets, eux aussi, face aux risques de déversement de pétrole brut au Québec.


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Un projet pharaonique


Rappelons que le projet Énergie Est, d'une valeur estimée à plus de 15 milliards de dollars, transporterait l’or noir albertain jusqu’aux raffineries du Nouveau-Brunswick en passant, entre autres, par le Québec.
Le projet serait une combinaison de reconversion d’un ancien gazoduc et de construction d’un nouvel oléoduc.


Le tout ferait transiger plus d’un million de barils de pétrole brut par jour dont la presque totalité «devrait servir presque exclusivement à l’exportation directe du pétrole des sables bitumineux».


Au Québec seulement, l’oléoduc traverserait pas moins de 828 cours d’eau différents.


Ce matin, on apprend aussi que les Mohawks sont également déterminés à user de tous les recours légaux possibles pour tenter de bloquer le projet de TransCanada. Ils ont d'ailleurs exprimé clairement leur position dans une lettre envoyée récemment au premier ministre Philippe Couillard, dont The Gazette a obtenu copie.


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Quand ça ne baigne pas tout à fait dans l’huile


Bref, ça ne baigne pas tout à fait dans l’huile pour TransCanada. Du moins, dans une partie de l’opinion publique au Canada.


Or, comme je l’avançais le 2 mars dernier, le projet Énergie Est étant vital pour une économie albertaine qui étouffe et les lobbyistes de TransCanada étant particulièrement bien branchés politiquement à travers le pays : «tôt ou tard, le projet controversé de pipeline Énergie Est de TransCanada sera chose faite. D’ici là, le reste n’est que palabres, marketing politique et jeux de coulisses.»
J’expliquais pourquoi ici.
 


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La nouvelle «ligne» politique


Cette impression d'assister à une joute politique où les dés politiques seraient fortement pipés à l’avance est en effet une hypothèse tout à fait plausible.


Pour les opposants, tout comme chez les citoyens inquiets en quête d'une information objective sur le projet, une telle situation pose un défi de taille.


Se battent-ils en fait contre des moulins à vent alors que la conclusion de l'histoire serait déjà écrite?


Ou, doivent-ils s'exprimer haut et fort malgré un alignement de planètes politiques de toute évidence favorable dans les faits à Énergie Est?


En démocratie, même lorsque les dés ont l'air pipés, la seule réponse à ces interrogations est dans la force de ses propres convinctions. Bref, ne pas baisser les bras même lorsque les circonstances annoncent le contraire.


Dans nos sociétés trop souvent amorphes, pour ou contre le projet Énergie Est, le courage et la détermination des opposants et de ceux qui cherchent réponses à leurs questions méritent d’être salués. Comme le disait si bien l'écrivain et résistant français Stéphane Hessel: «l'indifférence» est «la pire des attitudes» en démocratie.


La nouvelle «ligne» politique veut pourtant qu’il n’y ait plus de contradiction entre le développement économique et la protection de l’environnement. Comme si de le dire et le répéter, à la manière d’une incantation, suffirait à en convaincre les populations.


Or, ces mêmes citoyens nous rappellent que la vigilance est toujours de mise. Lorsque les dés sont pipés, peut-être même encore plus que jamais.


 



 




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