Le sit-in, qui était en cours depuis ce matin à l'édifice Marie-Guyart, siège administratif du ministère de l’Éducation à Québec, a été levé par les membres de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) qui étaient réunis pour protester contre le projet de loi 40 du gouvernement du Québec.
En tout, une cinquantaine d’enseignants ont pris part mercredi matin au sit-in organisé par la FAE.
«On a pu aller livrer les 6 000 lettres au cabinet du ministre de l’Éducation où nous avons rencontré la chef de cabinet, Julie Lussier, qui était accompagnée de la directrice des communications, de l’attaché de presse et de l’attaché politique responsable du projet de loi 40», a expliqué le président de la FAE, Sylvain Mallette.
Ce dernier est ressorti confiant de cette rencontre.
«Mme Lussier s’est engagée à ce qu’il y ait une rencontre avec la FAE sur le projet de loi 40 avant les fêtes de Noël. Donc, on va attendre l’invitation pour aller rencontrer le ministre pour discuter du projet de loi 40. Nous avons rappelé que, pour nous, le projet de loi 40 ne constituait pas une base pour la valorisation de la profession enseignante.»
«L’opération visant à recueillir des signatures va se poursuivre et les professeurs vont rester vigilents. Pour nous, le projet de loi ne peut pas être adopté. Il doit être retiré», a-t-il affirmé.
Après avoir dénoncé le projet de loi 40 en commission parlementaire le 4 novembre dernier, la FAE demande à nouveau au gouvernement de le retirer.
En deux semaines, la FAE a récolté près de 6000 lettres signées par des enseignants qui s'opposent au projet de loi et qui revendiquent son retrait.
«Derrière l’abolition des élections scolaires, le gouvernement cache une série de mauvaises décisions. Ce n’est pas un projet de loi qui vise à favoriser la profession d’enseignant. Au contraire. C’est un projet de loi qui attaque de plein fouet la profession et, pour nous, c’est inacceptable», a ajouté M. Mallette.
Ce dernier confirme l’inquiétude des enseignants qui craignent de se faire dicter quoi faire par des parents, notamment au niveau des méthodes pédagogiques et des méthodes d’évaluation.
«Quand on regarde la composition des conseils d’administration, on voit très bien que certains individus pourraient dicter au personnel de l’établissement certaines règles. On le voit encore plus précisément lorsqu’il est question du comité d’engagement vers la réussite où une majorité de gens, qui ne sont pas en classe, vont pouvoir venir dire aux profs quelles méthodes pédagogiques utilisées, quelles moyens d’évaluation utilisés, c’est très inquiétant.»
«C’est sans compter le tripotage des notes que dénonçait le ministre lorsqu’il était dans l’opposition. Le ministre vient légaliser ce qui a été jugé illégal. Il y a une jurisprudence qui vient dire que l’évaluation, c’est du domaine exclusif des professeurs», a poursuivi M. Mallette.
Rappelons que le projet de loi 40, qui comporte 312 articles et touche 79 lois, vient modifier de fond en comble la Loi sur l'instruction publique.
«Ce projet de loi, mal pensé et mal discuté, doit être retiré », précise Sylvain Mallette. La FAE exige que le gouvernement prenne le temps de faire les choses correctement.
La FAE invite le gouvernement à faire preuve «d’autant de lucidité» comme il l’a fait avec le programme de l’expérience québécoise du ministère de l’immigration afin de faire marche arrière avec le projet de loi 40.
«On ne modifie pas une loi fondamentale comme celle-là à la va-vite en camouflant des modifications fondamentales. On est prêt à travailler avec le gouvernement, mais pas sur la base du projet de loi 40. Il faut donc que le projet de loi soit retiré dans son ensemble.»
La FAE regroupe neuf syndicats qui représentent plus de 45 000 enseignants.