Le patriotisme libérateur vs la lâcheté autodestructive

En hommage à l’idéal des patriotes de 1837-1838-1839

L’indépendance nationale et la mémoire historique

Tribune libre

Un lâche meurt plusieurs fois chaque jour de son existence, un patriote résolu, une seule fois dans sa vie.

En hommage à l’idéal des patriotes de 1837-1838 et aux douze pendus au Pied-du-Courant en 1839 ayant sacrifié leur vie pour la Liberté et l’indépendance du Québec

L’indépendance nationale et la mémoire historique du Québec doivent faire partie de notre idéal et support social collectifs, puisque cette libération politique et la quête de mémoire historique doivent être amalgamées afin de mettre l’accent sur notre état national de dépendance envers un centralisme politique arbitraire et colonialiste imposé par la Constitution de 1867. Cette réalité est exercée et justifiée par les vainqueurs et leurs laquais francophones depuis la Conquête de 1760 en imposant un régime politique d’extermination sociale, culturelle et de saccage économique élevé en système.

L’enjeu historique de cette dépendance doit être ramené à la seule question de la répression envers le peuple canadien-français. L’angle unique choisi provoque un glissement de sens que l’on devrait retrouver dans l’expression de plus en plus exigée d’un «holocauste des patriotes». Le parallèle avec la Shoah devrait se retrouver également dans la pétition réclamant un «Nuremberg québécois», comme si on ne pouvait expliquer le sort des patriotes qu’en empruntant à d’autres réalités ne laissant apparaître qu’une opposition entre bourreaux et victimes. La perception des acteurs du conflit québécois devient aujourd’hui brouillée et les formes de représentation actuelle font écran à la complexité de leur engagement de l’époque.

Ce fait historique rapporté par Gilles Laporte (historien et Patriote de l’année 2010-2011) en cette Journée de commémoration des Patriotes, pourrait nous redonner l’action politique d’union nationale nécessaire afin de reprendre un nouvel élan nationaliste de détermination patriotique : « Aux élections d’octobre 1834, les dernières avant les rébellions, le Parti patriote remporte 77 sièges sur 88, seuls lui échappant quelques comtés en Gaspésie et en Estrie.»(1). Un parallélisme historique mettant le Parti québécois dans cette autre dynamique patriote qui, à partir de sa fondation en 1968, fait resurgir une action politique revendicative post Révolution tranquille avec la prise du pouvoir en 1976, remportant 71 sièges sur 110.

À la mémoire des patriotes pendus en 1839

Les indépendantistes d’aujourd’hui doivent prendre en considération que sans la détermination de l’action patriotique pour libérer le Québec de la tutelle colonialiste d’Ottawa, l’oubli des luttes menées par nos ancêtres pour cette libération nationale devrait être considérée comme une insulte exécrable à leur mémoire.

Ce passage de notre Histoire nationale révèle l’importance de nous rappeler constamment les luttes engagées par nos patriotes et de garder en mémoire leur vie sacrifiée : « Après la sanglante bataille d’Odelltown de novembre 1838, le gouverneur John Colborne détient 753 prisonniers pour leur lien avec les Patriotes. Adam Thom, du journal Montreal Herald réclame leur exécution rapide en prétextant qu’il serait ridicule de les engraisser tout l’hiver pour les conduire à la potence ensuite. Après des procès sommaires, Colborne ordonne donc l’exécution publique de 12 patriotes ―5 d’entre eux ont été évoqués dans le récit historiographique du regretté cinéaste Pierre Falardeau―. Les exécutions auront lieu devant la prison de Montréal, au Pied-du-Courant, à l’angle des rues Notre-Dame et de Lorimier, où se dresse aujourd’hui un monument à la mémoire des douze pendus.»(2)

Cet extrait du film 15 Février 1839 de Pierre Falardeau et commenté par lui-même, nous rappelle que depuis cette date fatidique, la LIBERTÉ politique et l’INDÉPENDANCE du QUÉBEC ont été reportées. La mémoire et le sentiment envers ces valeureux patriotes doivent rester gravés dans notre conscience de patriote engagé et nous servir comme exemple de notre action politique face à l’actuel gouvernement du PLQ : « Le matin du 15 février, les 5 condamnés montent sur l’échafaud, malgré tous les efforts entrepris pour les sauver. Leurs avocats, Lewis Thomas Drummond et Adolphe Hart, avaient tenté de faire changer d’idée le gouverneur et le Conseil en suppliant leur clémence et en leur signalant la prohibition de la cour martiale, mais en vain… »(3).

http ://www.youtube.com/watch?v=bdNYsk8b62Y

Les vainqueurs de ce régime colonialiste triomphant encore aujourd’hui sur le Québec ont l’arrogance et la certitude que ce ne sont pas les victimes qui font les révolutions. La rhétorique du compromis depuis la constitution du Parti patriote(4) en 1826 se retrouve partout et c’est elle qui inspire les textes des mémoriaux consacrés à la défaite nationale des Canadiens français en 1760. L’expression « Gouvernement responsable » est celle qui se retrouve le plus souvent dans la plupart des lieux de mémoire. Telle que rapportée par l’historien Gilles Laporte : « Pour le républicain Papineau, la responsabilité politique ne viendra pas de la formule britannique du gouvernement responsable, mais du respect intégral de la souveraineté populaire déléguée dans la Chambre d’assemblée. Les patriotes n’ont pas souhaité le gouvernement responsable à la britannique. Cette méprise n’est-elle qu’une simple erreur d’appréciation de nos politiciens ? Chose certaine, elle est largement répandue, enseignée, écrite et même commémorée. Des historiens, des politiciens et des analystes la relaient. Peu importe d’ailleurs leur allégeance. Chose certaine aussi, cette erreur perpétuée et répercutée a des conséquences en cascades, entraînant à terme un rapport faussé à la mémoire qui sape les fondements même de l’idéal d’indépendance. »(5)

L’Indépendance politique et la vraie Liberté civique ne sont pas faites
pour les lâches
.

Citation applicable à toute nation étant sous le joug du colonialisme

« J’ai vu rendre cette terre aux aventuriers de la politique, aux arrivistes qui font d’elle le socle de sa crétine vanité et le support de son intérêt mesquin. Ceux qui font de la politique une profession exclusive et excluante (comme une propriété) ont l’habitude de parler des conflits entre des idées et des réalités. La différence entre eux et nous est
celle-ci : pour eux, les réalités d’un pays sont les intérêts créés ; pour nous, les réalités d’un pays sont les souffrances créées par ces intérêts.» Blas Infante Pérez (Père de la Patrie andalouse, assassiné par les fascistes espagnols en 1936)(6)

En terminant, rappelons ce message du grand patriote François-Marie Thomas Chevalier de Lorimier :

«Je meurs sans remords. Je ne désirais que le bien de mon pays dans l’insurrection et dans l’indépendance.
Puisse mon exécution et celle de mes compagnons vous être utiles.
Pour mes compatriotes je meurs en m’écriant : Vive la Liberté! Vive l’Indépendance ! »

1. Passage extrait de l’article Patriotes à la grandeur du Québec

http ://quebec.huffingtonpost.ca/gilles-laporte/journee-des-patriotes-a-la-grandeur-du-quebec_b_5337713.html

2. Pour plus d’information, consulter LES DOUZE PATRIOTES PENDUS AU PIED-DU-COURANT

http ://pages.infinit.net/nh1837/pricon/prco12pe.htm

3. Voir 15 février 1839 – Pendaison de cinq Patriotes

http ://www.1837.qc.ca/1837.pl?out=article&pno=combat34

4. Veillez consulter Parti canadien (qui devient en 1826 le Parti patriote)

http ://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_canadien

5. Pour une plus ample information : Les patriotes de 1837 et le gouvernement responsable… une erreur tenace

http ://quebec.huffingtonpost.ca/gilles-laporte/patriotes-1837-gouvernement-responsable_b_4208390.html

6. Fragment extrait de l’article 15 Février 1839 : La Pendaison

http ://www.vigile.net/15-Fevrier-1839-La-Pendaison-17964

Note. En raison de difficulté technique ce texte n’a pu être envoyé à Tribune libre de Vigile.net hier, 19 mai 2014, Journée nationale des Patriotes.


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1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    20 mai 2014

    Mais la Journée nationale des Patriotes a mis sur notre chemin M. Alain Tremblay, co-fondateur de l'Écomusée de l'au-delà, pour nous guider dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Il avait attiré notre attention, sur le Devoir du weekend, par une photo du caveau(défraîchi) des familles Dourte et Dandurand. Tout près d'une imposante obélisque aux "victimes des rébellions de 1837", ce caveau est réputé contenir les restes des Patriotes exécutés.
    Le doute en vient du fait que l'Église de l'époque se colla au Conquérant et excommunia les suppliciés. Les familles durent se cacher pour inhumer les corps d'abord au cimetière Saint-Antoine (devenu Place du Canada) puis à Côte-des-Neiges.
    Notre guide ne ménagea pas les efforts pour nous mener à divers tombeaux mieux identifiés mais reliés à l'histoire des Patriotes.
    L'an passé, un guide prit le temps de nous relater les ignobles profanations qu'on infligea au corps du Dr Chénier: poitrine ouverte et coeur promené au bout d'une lance... référence à la traîtrise, puisqu'il aurait sauté par la fenêtre de l'église incendiée à St-Eustache...
    On peut lire cependant, qu'il s'agirait d'une légende, issue du fait que le chirurgien militaire (de l'opresseur) aurait pratiqué une autopsie et constaté le trou de balle dans le coeur (?)...
    Conclusions tendentieuses...