En attendant Charest

Le premier ministre Jean Charest devrait néanmoins avoir l'élégance d'aller expliquer le comportement de son gouvernement dans ce dossier. Il y a trop de zones grises dans les propos des libéraux depuis l'automne dernier.

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(Québec) Les travaux de la commission parlementaire sur les finances publiques qui étudieront les déboires de la Caisse de dépôt, si les politiciens s'entendent, n'ont rien à voir avec les entourloupettes partisanes qui ont mené au déclenchement des élections. C'est le travail des patrons de la Caisse qui est en cause.
Le premier ministre Jean Charest devrait néanmoins avoir l'élégance d'aller expliquer le comportement de son gouvernement dans ce dossier. Il y a trop de zones grises dans les propos des libéraux depuis l'automne dernier.
Dans un autre contexte, on pourrait se satisfaire des explications de Monique Jérôme-Forget. Mais M. Charest aurait l'air de se cacher derrière sa ministre s'il lui laissait à elle seule l'odieux d'aller affronter les partis d'opposition. Ce serait d'autant plus mauvais pour son image qu'il a déjà donné l'impression d'abandonner Mme Jérome-Forget lors de l'annonce du déficit.
On comprend bien que le débat en commission parlementaire sera teinté de partisanerie et que les partis d'opposition feront la vie dure au gouvernement. Mais Jean Charest est en politique depuis suffisamment longtemps pour comprendre que c'est dans la normalité des choses, et qu'il ne gagnera pas en estime en tentant de se soustraire à cet exercice. De plus, les parlementaires se montrent généralement respectueux lorsque c'est le premier ministre qui se présente devant eux.
Il est sûr que le gouvernement devra répondre aux questions de l'opposition à la reprise des travaux de l'Assemblée nationale dans 10 jours. Mais la période de questions ne se prête pas à une étude fouillée de dossiers aussi complexes que celui de la Caisse de dépôt. Il s'agit de petits échanges d'une minute ou deux où les politiciens ont à peine le temps de parler, et où les invectives, les huées et les applaudissements ont le haut du pavé. De plus, les intervenants ne sont pas assermentés et cachent souvent la vérité, même s'ils n'ont pas le droit de mentir ni même de s'accuser d'avoir menti.
Bref, c'est le travail de l'opposition d'interroger le gouvernement en commission parlementaire, et le gouvernement a le devoir moral de se prêter à cet exercice.
Pour le reste, le Parti québécois a raison de demander que ces débats se fassent plus tard que tôt, afin de disposer de tout le matériel nécessaire pour bien comprendre ce qui a pu se passer. De la même manière, il faudra prévoir beaucoup plus que deux ou trois jours pour faire le tour de ce dossier. Il faut non seulement entendre les politiciens et les patrons actuels et anciens de la Caisse, mais recevoir aussi quelques experts. Et tant qu'à faire, pourquoi ne pas interroger les membres du conseil d'administration, dont Claudette Carbonneau de la CSN et Henri Massé de la FTQ? Après tout, c'est M. Massé qui déclarait qu'il «ne faut pas nécessairement être de grands spécialistes de l'économie tous azimuts pour être assis autour d'une table et prendre les bonnes décisions», lorsqu'il réclamait que l'on maintienne la présence des syndicats au conseil de la Caisse, en 2003. Que s'est-il passé autour de la même table, lors de l'achat des papiers commerciaux?
L'autre question est de savoir dans quel ordre il faudra entendre tout ce beau monde. Personnellement, je commencerais par les patrons de la Caisse et les membres du conseil d'administration. Je recevrais ensuite les experts. Leur contribution sera, espérons-le, de nous conseiller sur la marche à suivre à la lumière de l'information recueillie. On pourrait finalement entendre les représentants du gouvernement pour recevoir leurs explications et connaître le suivi qu'ils entendent donner à ce dossier.


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