Élection décisionnelle plutôt qu’un référendum

(Exercice non nouveau inspiré par l'article de Patrice Boileau)

Tribune libre

Il est dommage que le Parti québécois ait accrédité et continue d'accréditer le référendum comme seul moyen de parvenir à l'Indépendance. La voie d'un 3e est plutôt politiquement périlleuse, il est vrai, en cas d'échec. Pourtant, il n'y a pas que le référendum qui soit démocratique. En tout simplisme (?), j'explique.
Selon les normes du monde libre, l'élection populaire constitue le moyen le plus éminemment démocratique pour gouverner et appliquer un programme de parti, incluant le Parti québécois. Dans le contexte actuel, une élection décisionnelle - avec, s'il le faut, des éléments de majorité absolue de votes ou de sièges - portant sur le projet de pays en plus de la gouvernance habituelle serait difficilement contestable au plan international, étant l’expression d’une nation expressément reconnue. Ça n'éviterait pas cependant un certain chichi canadien et autres.
Si l'élection décisionnelle est gagnée avec l'une ou l'autre des majorités absolues, le gouvernement du Parti québécois passe à l'action. Si elle est carrément perdue, dans une vision à long terme, il reviendra à la charge à chacune des élections suivantes tant que l'objectif d'Indépendance n'est pas réalisé. Exercée exceptionnellement au Québec, la dynamique référendaire et ses effets appréhendés s’en trouveraient contournés. Par l'usure, le refrain de la peur et sa force comme argument des adversaires du Québec s'éroderaient rapidement. Telle élection décisionnelle perdue (sans catastrophisme), on recommence.
En démocratie, les élections sont récurrentes - ne sont pas exceptionnelles - et tout parti politique peut y présenter et re-présenter les enjeux qu'il juge les plus appropriés. Qui reprochera à une formation politique d'avoir de la suite et de la constance dans ses objectifs nationaux, en l'occurrence l'Indépendance, le pays du Québec?
Si le Parti québécois était élu sans une des majorité absolues, donc pour la gouvernance d'abord, il serait très légitime qu'il travaille, pendant le mandat, à mettre en place les conditions de réalisation de l'Indépendance annoncée comme sa priorité «avant, pendant et après» dans son programme. Programme qu'il re-soumettrait lors de l'élection suivante. Entretemps, pour préparer le pays et convaincre, il aurait utilisé les mêmes moyens (légaux cependant) que les adversaires fédéralistes, quitte à les bâtir si ceux existants, comme des médias trop voués à la désinformation, refusent de jouer un rôle normal. De même raffinerait-il les lois et règlements propres à améliorer la démocratie électorale et à lutter contre la tricherie connue et inconnue.
Au terme de ce court exercice sur une «autre façon», pour contredire, le réalisme politique sera probablement encore invoqué. Il est triste de constater qu’au Parti québécois, là comme ailleurs, il y en a toujours qui savent mieux que la base. Ce qui fait qu’en matière de moyens pour réaliser l'Indépendance nationale, les instances ont contribué et contribuent à discréditer l’élection décisionnelle parfaitement démocratique en sacralisant l’unique voie référendaire. Au grand plaisir des adversaires, heureux que leur discours québécide répété et démaraitisé soit si bien intériorisé par les dirigeants du Parti québécois.
Au pire, des élections décisionnelles récurrentes dynamiseraient la participation.


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2009

    @ Rodrigue Larose,
    Ma réflexion sur l’accès à la souveraineté du Québec est la suivante.
    Le vote populaire tel que nous l’appliquons depuis des décennies pour élire notre gouvernance est-il légitime ? Si oui, passons à l’étape suivante puisqu’ il deviendra plutôt difficile à un pays étranger de contester l’élection d’un gouvernement élu dans la transparence, ceci en tenant compte des moyens de communication dont nous disposons et facilement accessible par le Monde.
    La souveraineté s’exerce dans la légitimité d’un vote populaire. Dans le contexte d’une élection validant la mise en place d’un programme préparatoire à la souveraineté, je retiens deux facteurs qui guideraient la gouvernance du premier mandat du gouvernement du PQ.
    1- La désinformation est sans doute ce qui caractérise le plus le clan adverse, donc le gouvernement sera tenu de prendre les moyens pour assurer une information adéquate aux électeurs afin de valider les perceptions véhiculées sur la souveraineté.
    D’ailleurs, votre document soulève ce fait.
    » il aurait utilisé les mêmes moyens (légaux cependant) que les adversaires fédéralistes, quitte à les bâtir si ceux existants, comme des médias trop voués à la désinformation, refusent de jouer un rôle normal. De même raffinerait-il les lois et règlements propres à améliorer la démocratie électorale et à lutter contre la tricherie connue et inconnue«
    2- Comme il n’est pas certains que la majorité des électeurs seront réceptifs dès le scrutin décisionnel suivant le premier mandat, il devient essentiel de maintenir les arguments de la souveraineté dans le programme des mandats subséquents, si besoin.
    Dans ce sens, j’incite les souverainistes à faire pression sur le PQ pour que la prochaine élection générale porte sur la faisabilité de la souveraineté. Pour le second mandat, les électeurs légitimeront le pays du Québec avec la victoire du PQ par une majorité dans les votes ou dans la députation.
    Cette démarche court-circuite les querelles stériles des deux clans et enlève les épouvantails véhiculés par les partis politiques adverses. L’indifférence des politiciens en place depuis 1995 sur cet aspect témoigne qu’ils fréquentent des réunions partisanes alors que plusieurs familles se sont littéralement disloquées par un manque évident d’information sur la souveraineté.
    Si nos gouvernements sont légitimes, pas de référendum. A Forgues, Lévis

  • Gilles Bousquet Répondre

    21 novembre 2009

    Le mieux placé pour évaluer cette possibilité d'élection référendaire est bien M. Parizeau mais il ne la recommande pas. Aussi, M. Louis Bernard ne le recommande pas plus mais suggère au PQ de faire de la souveraineté, son argument principal de chaque élection, en ajoutant qu'il tiendrait un référendum dès qu'il serait élu. Afin de ne pas avoir à gouverner une simple province, il promettrait de démissionner s'il le perdrait. Ça pourrait, par contre, être un argument pour ses adversaires d'inciter les électeurs à ne pas voter pour le PQ.
    Quand il y aura un nombre suffisant de souverainistes fortement convaincus, les référendums ne seront plus un danger pour LA cause et ça donne un solide argument pour faire reconnaître le Québec comme pays de par le vaste monde...me semble...genre.

  • Christian Montmarquette Répondre

    21 novembre 2009

    Vous dites...
    «Si l’élection décisionnelle est gagnée avec l’une ou l’autre des majorités absolues, le gouvernement du Parti québécois passe à l’action. Si elle est carrément perdue, dans une vision à long terme, il reviendra à la charge à chacune des élections»
    Nous sommes assez d'accord, à cette différeence près, que je prétends comme Jacques Parizeau, que le simple vote d'une majorité de député serait suffisant pour déclarer l'indépendance.
    L'assemblée nationale est souveraine : «Point à la ligne»
    Il n'y a pas eu besoin de référendum pour rentrer le Québec dans la fédération canadienne et il nous n'en avons pas besoin pour en sortir.
    Il y des fichus de limites à voter pour un parti indépendantiste qui ne fait pas l'indépendance.
    CQFD

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    20 novembre 2009

    Vous faites la preuve que ce parti a fait son nid ailleurs. On le verra dans la souris linguistique qui naîtra des pourparlers imminents. Dans la grande assemblée préparatoire à la protestation contre la Cour Suprême, le lundi 16 dernier, le député Pierre Curzi a été délégué pour parler fougueusement de la langue française. Mais il peut bien avoir parlé en son nom personnel. Sa chef se fait toujours timide, si elle risque de rencontrer les indépendantistes francs qu'elle a répudiés à tort et déshérités, lorsqu'elle s'est fiée aux accusations de menaces, prouvées mensongères depuis. La dignité n'imposerait que des excuses.