Bourse linguistique de 2000 $ au sortir du collège (1de 2)

Un adjuvant essentiel pour faire avaler la pilule

Tribune libre

À la fin de la cinquième secondaire réussie, des municipalités de l’Estrie - et probablement d’ailleurs - distribuent des bourses de reconnaissance de plus ou moins 300 $ à leurs jeunes citoyens diplômés. Cela pour souligner leur succès, leur persévérance et peut-être pour qu’ils s’accrochent aussi à leur patelin, au moins par la pensée. Cette pratique d’un corps public peut merveilleusement s’adapter aux sortants des collèges. Bouteille lancée à la mer lors du récent colloque du Parti québécois - non récupérée. Voici le projet, assujetti à des mesures francisantes concomitantes à préciser ultérieurement.
Pour la pérennité du Québec français - français langue commune, langue du travail, langue du quotidien - l’application de la Charte de la langue française à l’ordre collégial s’avère indispensable. Elle s’impose compte tenu de l’infériorisation grandissante du français dans l’esprit de plusieurs et, prouvent les démographes dont Charles Castonguay, dans les faits. Mais il faut être réaliste : cette médecine va susciter beaucoup de résistance tant chez des francophones que des allophones. Un adjuvant est essentiel pour faire avaler la pilule.
Bourse linguistique de 2000 $ conditionnelle (somme plus ou moins définie)
Dans cette optique, terminant avec succès son collège, chaque Québécoise ou Québécois se voit gratifier d’une bourse (ou prêt?) linguistique de 2000 $ lui permettant la possession assurée de l’anglais ou - pour la personne qui a attrapé l’anglais en cours de route - d’une autre langue dans les mois qui suivent. Ou peut-être même lors de sa dernière session collégiale, réussie, qui intégrerait un cours intensif de langue.
Ce forfait terminal de 2000 $ spécifiquement dédié permet :

• soit de s’inscrire à une, deux ou trois sessions linguistiques intensives dans une école spécialisée (privée ou publique) de langue qui garantit son produit;
• soit d’entreprendre une immersion linguistique dans un pays dont la langue commune correspond à son choix. Dans l’Ouest canadien, en Espagne, en Angleterre ou Australie, au Mexique ou Chili, en Chine, en Allemagne. Ou ailleurs. Aucune distinction n’est faite entre un séjour d’étude ou de travail. Au goût du bénéficiaire. Au terme, faudrait-il que l’apprentissage d’une nouvelle langue soit confirmé de façon quelconque sous peine de voir sa bourse transformée en prêt? Ça reste à évaluer.
Comment financer une partie d'un tel programme?
D’abord, en éliminant tout saupoudrage et cours intensif de langue au primaire au profit de la concentration de l’élève sur sa langue maternelle, évitant ainsi de brouiller le message de l’importance du français au Québec… avant l’anglais. Ensuite, au secondaire, ne conserver les cours de langue que sous forme d’initiation. Il reste que plusieurs élèves posséderont ou attraperont l’anglais ou une autre langue sans l’aide de l’école.
Avantages collatéraux de cette bourse dédiée

• Étude, sans diversion, des bases de la langue française orale et écrite au primaire, consolidation et enrichissement au secondaire;
• Lutte contre le décrochage scolaire tout au long du parcours secondaire et par surcroît collégial - avec accroissement général de la scolarisation à la clé;
• Incitation à posséder une troisième langue quand on est déjà bilingue avec ou sans effort spécial hors école - pour une diversité dans l’ouverture au monde;
• Encouragement à accepter ou demander la nouvelle future citoyenneté québécoise puisque le programme ne s’adresse qu’aux Québécois;
• Pression sur les futurs diplômés collégiaux de la minorité historique pour qu’ils s’inscrivent à au moins une dernière session en français dans les collèges de la majorité afin de profiter de la bourse plurilinguistique. (Cette obligation est-elle discriminatoire? Si oui, une formule acceptable peut sans doute être trouvée.)
Reste à raffiner diverses modalités - financières entre autres auxquelles pourraient contribuer différents acteurs sociaux ou économiques - pour la réalisation de ce plan destiné à étendre les normes scolaires de la Charte de la langue française à l’ordre collégial. Toutefois, par son attrait monétaire, le plan répond à l’obsession vécue par plusieurs parents, à savoir que leur progéniture, sans égard à la qualité du français parlé et écrit ou à l’ouverture à d’autres langues, apprenne l’anglais à tout prix. Ce forfait le garantit presque à 100 %. D’abord accessible à tous les diplômés des collèges francophones et par ses retombées indirectes, il sera même un succès de société pourvu que…
Bien sûr, en raison du contexte étatsunien et canadien, pour prévenir les effets secondaires de la généralisation accrue du bilinguisme, il sera indispensable d’accentuer les mesures légales et réglementaires de revitalisation du français dans la sphère publique, en particulier dans le monde des études postcollégiales donc - crime de lèse-majesté en perspective - universitaires où il faudra mettre de l’ordre, dans l’Administration, dans l’espace commercial et dans les milieux de travail. Quoi et comment?
Rodrigue Larose


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