Duceppe, 20 ans plus tard

Gilles Duceppe ne se voit pas à la retraite. Plus encore, il estime comme du «temps perdu» les discussions sur son éventuelle succession à la tête du Bloc québécois.

Le Bloc Québécois a 20 ans!



Gilles Duceppe ne se voit pas à la retraite. Plus encore, il estime comme du «temps perdu» les discussions sur son éventuelle succession à la tête du Bloc québécois.


Hugo de Grandpré - À l'été 1990, un négociateur syndical a décidé de se porter candidat dans une circonscription du centre-ville de Montréal. L'objectif : empêcher le candidat libéral Denis Coderre d'y remporter la victoire, dans la foulée de l'échec de l'accord du lac Meech. Vendredi, celui qui est devenu chef du Bloc québécois en 1997 fêtera les 20 ans de cette première victoire électorale. Avec La Presse, hier, Gilles Duceppe a fait le point sur sa carrière politique et sur son parti.
Q Où en êtes-vous dans votre carrière, 20 ans plus tard?
R La semaine dernière, justement, j'ai rencontré mon chef de cabinet et mon conseiller politique, et nous avons parlé de quelques-uns qui avaient pris leur retraite. Je ne veux pas faire de prédiction sur combien de temps je serai en politique, mais je leur ai dit: je ne me vois pas à la retraite, pas plus que ma conjointe.

Q Mais est-ce qu'il y a une relève à la tête du Bloc québécois?
R Quand Lucien Bouchard est parti, les observateurs ont dit: «Ah! Bouchard est parti, le Bloc va disparaître.» Mais regardez. Depuis ce temps, moi, j'ai dirigé le Bloc vers cinq victoires lors d'élections générales. Il y a toujours, à chaque moment de l'histoire d'un peuple, un homme ou une femme qui va rallier autour de lui un certain nombre de ses compatriotes pour proposer une direction.
Q Avez-vous une petite idée de la personne qui pourrait être votre successeur?
R Non, pas du tout. Je ne discute même pas de ça. Absolument pas. C'est du temps perdu. La question ne se pose pas. Je ne vais pas me poser de questions qui ne se posent pas...
Q Ce 20e anniversaire, n'est-ce pas aussi un constat de l'échec du premier objectif de votre parti, qui est de réaliser la souveraineté?
R À ce compte-là, c'est l'échec de tous les partis fédéralistes que le Québec ne soit pas signataire de la Constitution. Ça fait 143 ans qu'ils sont là, et le Québec n'a toujours pas signé la Constitution canadienne. Ce n'est pas une mince affaire. Et ça, c'est bien plus long que 20 ans. Nous, nous poursuivons ce combat. Et la différence avec le passé, c'est que, il y a 20 ans, il y avait trois options: le fédéralisme renouvelé, le statu quo et la souveraineté. Il n'en reste que deux aujourd'hui, de l'aveu même des fédéralistes, qui nous disent que le fruit n'est pas mûr ou que le terrain n'est pas fertile.
Q Vous avez dit que l'un des moins bons moments de votre carrière remonte à 2007, lorsque vous avez déclaré votre ambition de diriger le Parti québécois et avez changé d'idée le lendemain. Est-ce réellement votre plus important accident de parcours?
R Je pense que oui. Pour moi, ça a été une erreur importante. Cela dit, après, j'ai dirigé le Bloc jusqu'à la victoire de 2008. Victoire plutôt importante. C'est nous qui avons empêché les conservateurs d'obtenir une majorité.
Q Vous avez dit en entrevue à Paul Arcand que, le soir des élections, quand tous les chefs feront leur discours, vous aurez encore gagné une majorité... Êtes-vous sûr à ce point d'avoir une majorité aux prochaines élections?
R Je suis très optimiste. Je crois qu'on va avoir encore une majorité de députés. Mais je ne tiens rien pour acquis.
Q Qu'est-ce qui vous rend si optimiste?
R Je regarde les résultats des six dernières élections. Les sondages aussi. C'est très stable du côté du Bloc comparativement aux autres.
Q Au départ, le Bloc devait être temporaire. Est-ce que, maintenant, on doit croire qu'il est là pour de bon?
R Nous luttons toujours pour avoir un référendum et pour que le Québec devienne un pays. À ce moment-là, le Bloc ne serait plus. Mais on a toujours 123 ans de moins que les autres partis - libéral et conservateur. Quant au NPD, c'est 62, mais il y avait le CCF (Co-operative Commonwealth Federation, NDLR) avant. Donc on est pas mal plus jeunes dans l'échelle de longévité...


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