Donald Trump accuse l’Union européenne et la Chine de manipuler leur monnaie

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Temporiser la relation avec la Russie pour mieux affronter la Chine

Donald Trump s’est lancé vendredi dans une nouvelle escalade sur le commerce en accusant la Chine et l’Union européenne de manipuler leurs monnaies et en menaçant Pékin de taxer toutes ses exportations vers les États-Unis.


«La Chine, l’Union européenne et les autres manipulent leurs monnaies en baissant leurs taux d’intérêt, alors que les États-Unis augmentent leurs taux, avec un dollar devenant de plus en plus fort jour après jour, ce qui dégrade notre compétitivité», a dénoncé le président américain dans un tweet.


«Comme d’habitude, ce n’est pas juste», a-t-il ajouté, alors que la monnaie chinoise est à son plus bas niveau depuis un an.


Vendredi, le billet vert baissait face à la devise européenne, à 1,1717 dollar pour un euro, contre 1,1580 la veille.


Depuis avril, le yuan a perdu près de 10% de sa valeur face au dollar, avantageant l’exportation des marchandises chinoises sur le marché américain.


Le président américain a aussi vertement critiqué la politique monétaire de la Banque centrale américaine.


«Les États-Unis ne devraient pas être pénalisés parce qu’ils vont très bien», a-t-il lancé. «Resserrer (la politique monétaire) fait du tort désormais à tout ce que nous avons fait», a-t-il écrit, en référence à une économie florissante dynamisée par la réforme fiscale qui a fortement diminué les impôts des ménages et des entreprises.


La Fed a entamé une sortie de la politique monétaire à taux zéro depuis deux ans. Elle prévoit de relever graduellement son taux directeur encore deux fois cette année pour le situer à près de 2,50% au lieu de 2% aujourd’hui, afin de maîtriser l’inflation et éviter une surchauffe après le stimulus budgétaire massif qui favorise entre autres la hausse des prix.


«Arnaque»


Plus tôt, Donald Trump s’en était pris à Pékin, affirmant qu’il était prêt à imposer des taxes punitives sur la totalité des importations chinoises.


«Je suis prêt à aller jusqu’aux 500», a-t-il dit sur la chaîne de télévision américaine CNBC, une allusion aux 505,5 milliards de dollars de marchandises chinoises importées par les Etats-Unis en 2017.


«Je ne le fais pas à des fins politiciennes, je le fais pour faire ce qui est bon pour notre pays», a-t-il assuré, estimant, comme il l’a maintes fois répété, que «cela faisait longtemps que la Chine (...) arnaquait» les États-Unis.


Jeudi, le président américain avait déjà dénoncé la montée du dollar. «Regardez l’euro (...), il tombe! La Chine: leur monnaie est en chute libre. Cela nous met dans une position désavantageuse», avait-il déploré.


M. Trump, qui accuse Pékin de pratiques «déloyales» et de «vol de propriété intellectuelle», entend réduire le colossal déficit commercial des États-Unis avec ses partenaires. Il exige du géant asiatique de réduire le déficit américain de 200 milliards de dollars.


Mais après des semaines de négociations et une trêve avortée, la Maison-Blanche a mis en oeuvre le 6 juillet des taxes douanières supplémentaires de 25% sur 34 milliards de dollars d’importations chinoises. Seize milliards de dollars d’importations doivent être en outre prochainement taxés.


«Très injuste»


Les autorités chinoises, qui dénoncent des actes «irrationnels» du président américain, estiment que Washington a déclenché «la plus Grande Guerre commerciale de l’histoire économique».


«Je ne veux pas qu’ils aient peur», a encore déclaré le président américain, toujours à propos des Chinois. «J’aime vraiment beaucoup le président Xi (Jinping). Mais c’est très injuste», a-t-il insisté.


Les économistes multiplient les mises en garde contre la politique commerciale agressive des États-Unis envers le reste du monde.


Cette semaine, le Fonds monétaire international (FMI) a certes maintenu sa prévision de croissance mondiale à 3,9% pour 2018 et 2019, mais sa directrice générale Christine Lagarde a souligné qu’il s’agissait probablement d’un pic.


Et Maurice Obstfeld, économiste en chef du Fonds, a en outre estimé que les tensions commerciales constituaient «la menace la plus grande à court terme pour la croissance mondiale».


D’autant que la Maison-Blanche s’est lancée dans un conflit commercial non seulement avec Pékin, mais encore avec ses principaux partenaires tels que l’Union européenne, le Canada ou le Mexique.


L’administration Trump a en outre lancé une enquête en vue d’imposer des taxes punitives sur le secteur stratégique de l’automobile, suscitant aussi une vive inquiétude à l’étranger comme aux États-Unis où industriels et syndicats redoutent de massives suppressions d’emplois.


Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker rencontrera Donald Trump le 25 juillet dans la capitale fédérale pour tenter de désamorcer le conflit commercial.