Détenus afghans torturés: Cannon nie; l'opposition veut une enquête publique

Harper et la torture

Au lendemain des révélations d'un diplomate sur le sort réservé aux prisonniers afghans transférés par les troupes canadiennes, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti libéral réclament la tenue d'une enquête publique.
«Il y a des préoccupations à l'effet que le gouvernement ait été complice de torture, une violation au droit international, tout en menant une immense opération pour camoufler l'affaire», a soutenu le critique néo-démocrate en matière d'affaires étrangères, Paul Dewar, en point de presse.
«La seule façon d'aller au fond des révélations explosives de Richard Colvin c'est avec une enquête publique», a-t-il fait valoir.
Richard Colvin, qui a été en poste en Afghanistan pendant 17 mois au cours de l'année 2006-2007, a affirmé en comité parlementaire mercredi, que tous les Afghans capturés par l'armée canadienne et transférés aux autorités afghanes étaient torturés et que, dans bien des cas, il s'agissait d'innocents.
Et alors que le gouvernement de Stephen Harper a soutenu pendant des mois qu'il ne possédait aucune preuve crédible de ces allégations, M. Colvin a affirmé en avoir informé de hauts dirigeants des sphères politique et militaire. En réaction, le gouvernement a plutôt ordonné à M. Colvin de censurer ces informations, en cessant de les coucher sur papier et en retirant certains destinataires de la liste d'envoi de ses rapports.
Son témoignage a choqué tous les partis d'opposition, qui réclament depuis des semaines aux Communes que les conservateurs révèlent ce qu'ils savaient, et à quel moment ils l'ont appris. Tous s'entendent pour accuser le gouvernement de tenter de camoufler l'affaire.
Cannon minimise les révélations
De passage dans la capitale afghane jeudi, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a minimisé la portée des révélations faites la veille par M. Colvin. A l'instar des propos tenus mercredi par ses collègues conservateurs, il a souligné qu'il ne s'agissait encore que d'allégations, et non de preuves.
«Lorsque nous avons eu des allégations précises d'abus, nous avons agi. Et nous ne tolérerons pas toute preuve confirmée d'abus (...) Rien n'a été prouvé dans ce cas», a-t-il soutenu en conférence téléphonique depuis Kaboul.
Si les conservateurs plaidaient, jusqu'à tout récemment, qu'ils n'avaient reçu aucune information crédible quant à la torture de prisonniers afghans, le ministre Cannon a semblé changer de discours, parlant maintenant d'un manque de preuves.
La réputation de Canada en jeu
Ces arguments ne risquent toutefois pas de satisfaire l'opposition. «La question n'est pas de savoir s'ils avaient des preuves crédibles ou des rapports crédibles, ou peu importe. La question est de savoir s'il y avait des éléments en raison desquels ils auraient dû agir. Et je pense que la réponse est indéniablement oui, et ils n'ont pas agi», a d'entrée de jeu rétorqué le critique du NPD en défense, Jack Harris, lors de son point de presse en matinée aux côtés de M. Dewar.
Parce qu'en ignorant les allégations de M. Colvin, Ottawa s'est fait complice d'actes de torture et pourrait être accusé de crime de guerre, en vertu de la convention de Genève. Et c'est donc la réputation internationale du Canada qui est mise en jeu, ont soutenu les néo-démocrates.
«Ce sont de sérieuses questions pour la politique publique canadienne et je crois que la crédibilité de ce gouvernement dépendra de s'assurer que l'affaire soit éclaircie», a tranché M. Harris.


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