Bisbille au PLC

Des militants québécois dénoncent la centralisation des décisions à Ottawa

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Ils n'ont pas encore compris

Une réforme administrative visant à relancer le Parti libéral du Canada (PLC) suscite la grogne de libéraux influents du Québec, qui craignent une quasi-mise en tutelle de l’aile québécoise du parti par l’exécutif national, à Ottawa.
Le bureau national du PLC propose de centraliser à Ottawa toute la gestion du parti, pour économiser des dizaines de milliers de dollars, a appris Le Devoir. Tous les fonds amassés par le PLC seraient envoyés au bureau national à Ottawa, qui redistribuerait l’argent aux associations provinciales. Cette réforme laisserait des miettes à l’aile québécoise du PLC, qui devrait se débrouiller avec trois employés et un budget annuel de moins de 300 000 $, indiquent nos sources.
C’est tout un contraste avec les années fastes de l’ère Chrétien : il y a 10 ans, l’aile québécoise du PLC était une puissante machine électorale dotée d’un budget de 1,4 million et de 13 employés, à Montréal et à Québec.
L’aspirant-chef Justin Trudeau, qui se dirige vers un couronnement le 14 avril, héritera d’un parti décimé, qui lutte pour sa survie depuis les élections de mai 2011. Le PLC a été relégué au statut de troisième parti à la Chambre des communes avec à peine 35 députés, dont 8 au Québec (y compris l’ex-néo-démocrate Lise St-Denis, députée de Saint-Maurice -Champlain, qui est passée aux libéraux).
Des militants libéraux craignent que la centralisation des décisions à Ottawa nuise à la relance du PLC au Québec. Depuis le début de la course à la direction du PLC, Justin Trudeau affirme pourtant que le Québec doit jouer un rôle crucial dans la reconstruction du parti.
«Des choix difficiles»
« Il faut se rendre à l’évidence que nous n’avons plus les ressources que nous avons déjà eues. Nous devons faire des choix difficiles », indique au Devoir Alexandra Mendès, présidente de l’aile québécoise du PLC.
Elle confirme que l’exécutif national du parti propose de centraliser les tâches administratives à Ottawa, pour « libérer des ressources au profit des associations provinciales ». Le bureau national gérera notamment la comptabilité, l’informatique, la gestion des comptes à payer et les assurances.
Cette réforme, adoptée à Ottawa le 18 mars, prévoit que l’aile québécoise du PLC perdra deux de ses cinq employés, indiquent nos sources.
« La reconstruction au Québec est une tâche colossale. Ottawa nous enlève des ressources dont on a grandement besoin. On va devenir un parti fantôme », confie un membre influent du PLC, qui a demandé à garder l’anonymat.
Des militants craignent notamment que les libéraux québécois se fassent répondre en anglais lorsqu’ils appelleront à Ottawa pour renouveler leur carte de membre, obtenir un reçu d’impôt ou offrir leurs services au parti.
Alexandra Mendès affirme que le bilinguisme est de mise à la permanence du PLC dans la capitale fédérale. Elle précise que le bureau québécois du parti profitera des économies produites par la réforme administrative pour embaucher deux « travailleurs de terrain », qui auront la responsabilité de reconstruire le PLC dans les 75 circonscriptions fédérales au Québec - dont le nombre passera à 78, aux prochaines élections, à cause de la refonte de la carte électorale.
Des militants critiquent l’exécutif de l’aile québécoise du PLC pour son manque d’ardeur à chercher du financement. Le traditionnel « dîner du chef », qui se tient traditionnellement tous les mois de mai, n’a pas eu lieu en 2012. Durant les belles années Chrétien-Martin, cette soirée de financement, qui se tenait à l’hôtel Reine Elizabeth, a amassé jusqu’à près de 1 million de dollars.
Le resserrement des règles de financement des partis, décrété par Jean Chrétien avant de prendre sa retraite en 2003, a nui considérablement au PLC. Le gouvernement Harper a porté un autre coup dur aux libéraux en annonçant l’abolition prochaine de la subvention remise aux partis en fonction du nombre de votes qu’ils obtiennent aux élections. Les partis ne recevront plus aucuns fonds publics et devront amasser tout leur financement à coups de dons individuels ne dépassant pas 1100 $.
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Photo : La Presse canadienne (photo)
Alexandra Mendès, présidente de l’aile québécoise du PLC


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