Par Pierre Bisaillon, Membre du conseil du Centre de ressources sur la non-violence. L'auteur s'exprime à titre personnel.
Les Cadets royaux de l'armée canadienne invitent tous les jeunes et leur famille à un grand rassemblement jeunesse sur les Plaines d'Abraham, le 10 août prochain.
Un premier communiqué de presse prévoyait la présence de 4000 cadets et un programme d'activités comprenant un concours provincial pour tester leurs connaissances sur l'histoire militaire de la ville, une démonstration de biathlon, des concerts devant public et une journée retrouvailles des cadets. Un communiqué daté du 5 août parle plutôt de 2000 cadets qui offriront à la population un spectacle musical spécialement conçu pour le 400e anniversaire de la Ville de Québec. L'histoire militaire de la ville de Québec et le biathlon ont disparu du programme. Notons également que 300 cadets avaient participé le 27 juillet dernier à la commémoration du vol historique (qui n'avait rien de militaire) de Charles Lindbergh, qui atterrissait sur les plaines d'Abraham le 28 avril 1928.
Dans le débat en cours sur le véritable rôle des cadets de l'armée, il est étonnant de voir le mouvement se présenter de plus en plus comme une simple école de leadership, de confiance en soi et de citoyenneté. Si tel était le cas et s'il n'y avait vraiment aucun lien avec le recrutement militaire, il faudrait en conclure qu'en plus de leur mandat de former des soldats, les Forces armées ont également le mandat de former de meilleurs citoyens. Surprenant, puisque en principe, dans un État démocratique comme le nôtre, cette mission doit relever des ministères de l'Éducation et des nombreux organismes jeunesse de chaque province et non du ministère fédéral de la Défense. Devons-nous conclure à la faillite de ces institutions d'éducation, qui auraient besoin de l'assistance de l'armée?
Dans les faits, les cadets de l'armée permettent de sensibiliser des jeunes de 12 à 17 ans à la carrière militaire et de les mettre en présence d'une culture militariste, alors que plusieurs ne sont que des enfants fraîchement sortis de l'école primaire. Compte tenu des besoins actuels en ressources humaines de l'armée, on comprend jusqu'à un certain point que l'État canadien puisse juger bon d'investir annuellement dans les cadets plus de 200 millions par l'entremise du budget du ministère de la Défense. Mais il faut alors se demander pourquoi ce même État, qui a également le mandat de prévenir la violence dans notre société et sur la scène internationale, n'investirait pas au moins autant d'argent pour sensibiliser d'autres jeunes du même âge à des carrières liées à la prévention de la violence et à la gestion saine des conflits. Pensons simplement aux maisons de jeunes, qui pourraient former à la non-violence et offrir des services de médiation en milieu scolaire et en milieu communautaire. Avec de tels montants, les municipalités, en collaboration avec de nombreux organismes jeunesse, pourraient faire revivre les «terrains de jeux municipaux» autrefois gratuits. Elle pourraient leur donner une vocation d'éducation à la citoyenneté responsable, à la sécurité alimentaire et environnementale, à l'assistance en cas de désastre, à la non-violence et à la paix. Des camps d'été pourraient être aménagés et se dérouler dans nos parcs naturels fédéraux et provinciaux. Ainsi, une majorité de jeunes auraient l'occasion d'acquérir, hors d'un environnement militariste, des habiletés citoyennes et une sensibilité à la richesse de notre nature, grâce à des formations et à des camps d'été gratuits. Un superbe projet combinant la conciliation travail-famille assumé par les municipalités et des initiatives concrètes de prévention de la violence urbaine pouvant donner aux jeunes un sens de l'engagement.
Dans les faits, les cadets de l'armée permettent de sensibiliser des jeunes de 12 à 17 ans à la carrière militaire et de les mettre en présence d'une culture militariste, alors que plusieurs ne sont que des enfants fraîchement sortis de l'école primaire. Compte tenu des besoins actuels en ressources humaines de l'armée, on comprend jusqu'à un certain point que l'État canadien puisse juger bon d'investir annuellement dans les cadets plus de 200 millions par l'entremise du budget du ministère de la Défense. Mais il faut alors se demander pourquoi ce même État, qui a également le mandat de prévenir la violence dans notre société et sur la scène internationale, n'investirait pas au moins autant d'argent pour sensibiliser d'autres jeunes du même âge à des carrières liées à la prévention de la violence et à la gestion saine des conflits. Pensons simplement aux maisons de jeunes, qui pourraient former à la non-violence et offrir des services de médiation en milieu scolaire et en milieu communautaire. Avec de tels montants, les municipalités, en collaboration avec de nombreux organismes jeunesse, pourraient faire revivre les «terrains de jeux municipaux» autrefois gratuits. Elle pourraient leur donner une vocation d'éducation à la citoyenneté responsable, à la sécurité alimentaire et environnementale, à l'assistance en cas de désastre, à la non-violence et à la paix. Des camps d'été pourraient être aménagés et se dérouler dans nos parcs naturels fédéraux et provinciaux. Ainsi, une majorité de jeunes auraient l'occasion d'acquérir, hors d'un environnement militariste, des habiletés citoyennes et une sensibilité à la richesse de notre nature, grâce à des formations et à des camps d'été gratuits. Un superbe projet combinant la conciliation travail-famille assumé par les municipalités et des initiatives concrètes de prévention de la violence urbaine pouvant donner aux jeunes un sens de l'engagement.
Il est ironique de constater qu'en cette fin de décennie internationale pour l'éducation à la paix et à la non-violence, ce sont 2000 cadets royaux de l'armée canadienne de partout au Québec qui auront seuls les moyens de représenter notre jeunesse et de déployer une gigantesque banderole avec l'inscription «Bonne fête Québec - 400 ans».
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