Des membres des Premières Nations qui ont perdu leur langue maternelle et leur culture dans les écoles de jour autochtones viennent d’intenter une demande d’action collective contre l’État.
« Les enfants ayant fréquenté [ces écoles] ont été les victimes d’un programme d’assimilation culturelle mené par le gouvernement du Canada », affirment sans détour les avocats David Schulze et André Lespérance, dans la poursuite déposée hier au palais de justice de Montréal.
Au cœur de cette demande figurent deux Autochtones qui ont été forcés d’étudier dans ces établissements gérés par le gouvernement fédéral, dans les années 1960 et 1970.
Et tant Lise Dubé, une Atikamekw de Manawan dans Lanaudière, que James Jonah, un Cri de Waskaganish dans le Nord-du-Québec, disent avoir subi des mauvais traitements physiques et psychologiques.
« Les élèves de Manawan [...] étaient constamment sujets à la répression de leurs pratiques culturelles et de leurs traditions, en plus de devoir subir le dénigrement de leur Peuple », peut-on lire dans le document de cour.
Culture et identité
Il y est aussi déploré que les enseignants qualifiaient ouvertement les élèves de « sauvages qui vivaient comme des animaux ». En conséquence, de nombreux enfants ont perdu leur culture autochtone, leur mode de vie traditionnel et leur identité.
« La perte culturelle a eu de graves répercussions sur le bien-être spirituel et sur la santé psychologique des enfants autochtones », ajoutent les avocats, en rappelant que le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada recommandait au gouvernement d’en arriver à une entente avec les Autochtones visés.
La demande d’action collective réclame 20 000 $ par personne en dommages-intérêts moraux, et un autre 20 000 $ à titre de dommages-intérêts punitifs.
Dans le document de cour, les avocats expliquent qu’à ce stade-ci des procédures, ils sont incapables de déterminer le nombre exact d’Autochtones concernés.
144 000 ailleurs au pays
Ils rappellent toutefois qu’une cause similaire au Canada regroupe jusqu’à 144 000 membres des Premières Nations.
Sauf que la poursuite pancanadienne fait fi de la réalité québécoise, plaident les avocats qui veulent ainsi des procédures spécifiquement pour le Québec.
Ainsi, même s’il y a eu une entente dans le dossier concernant les Autochtones au Canada, le manque de communication en français et les courts délais pour faire une réclamation font en sorte que les non-anglophones risquent d’être lésés, affirment-ils.
À moins d’un règlement à l’amiable, la demande d’action collective devrait être présentée prochainement à un juge de la Cour supérieure du Québec.