De Charlie à SYRIZA : la grande désillusion de la gauche française

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«Lorsque l’on s’emploie à nier systématiquement le réel, on le prend systématiquement dans la figure»

La gauche française, depuis qu’elle ne fait même plus semblant de défendre les classes populaires, s’est enfermée dans la négation systématique du réel. Ce réel, elle ne peut s’empêcher de le repeindre en gris ou en rose au gré de son humeur. Rue de Solférino comme dans les studios de France 2, on ne cherche plus à comprendre le monde : on fantasme, on maquille, on délire dans l’entre-soi.


Il y avait eu l’élection d’Obama, sauveur du monde en 2008, les Printemps arabes, victoire de la démocratie dans le monde musulman en 2011, et en 2013 le mariage pour tous, avancée sociétale que la France entière attendait depuis 2.000 ans. Avec les affaires Charlie et SYRIZA, on a renoué avec les grandioses illusions presque aussitôt déçues.


Dans l’affaire Charlie, l’illusion ne fut pas dans la rengaine sur l’absence totale de lien entre les terroristes et l’islam, mais dans l’interprétation des manifestations de masse du 8 au 11 janvier. À en croire nos faiseurs d’opinion, la France et le monde entier étaient devenus des pro soixante-huitards bien-pensants de gauche. Tout le monde était derrière Hollande, Cambadélis et l’AFP. Et puis il fallut admettre qu’une frange entière de la population française ne s’était pas déplacée, voire même qu’elle avait trouvé tout cela déplacé. L’électorat de secours du PS n’était pas Charlie, mais alors, pas du tout ! Pire : ce monde musulman que l’on pensait avoir suffisamment caressé commençait à dépeindre nos braves socialistes de salon en ignobles croisés belliqueux ! On en avait fait des tonnes dans le padamalgam, et voilà pourtant que du Sénégal à l’Afghanistan, la France officielle se voyait conspuée et que de Bamako à Grozny, on brûlait l’oriflamme de la République. Quelle affreuse désillusion !


Heureusement, il y eut la victoire de SYRIZA et de son charismatique leader Tsípras en Grèce. Tout le gotha socialiste fit mine de croire que la Grèce avait voté France Inter, Christiane Taubira et Jean-Luc Mélenchon. Après tout, c’était une victoire de la gauche, et l’on n’eut d’ironie qu’à l’encontre du FN et de Dupont-Aignan lorsqu’ils osèrent se réjouir aux côtés des Verts et des Roses. On en oublia même que Pierre Moscovici avait superbement snobé le nouveau chef de gouvernement grec. Et puis patatras : le Mélenchon grec se révéla beaucoup moins mélenchonnesque que prévu. Première décision et première déconvenue : la prétendue extrême gauche grecque ne prit même pas 24 heures pour passer un accord de gouvernement avec un parti souverainiste de droite, hostile à l’immigration et au mariage gay. Pire : en nommant le très offensif Yanis Varoufakis au ministère de l’Économie, Tsípras montra qu’il avait réellement l’intention de s’opposer à l’oligarchie et au libéralisme européistes adulés chez nous par l’axe Valls – Cohn-Bendit – Sarkozy. La victoire grecque était donc bien davantage celle des Dupont-Aignan et des Le Pen que celle des Hollande et autres Méluches. Cruelle désillusion, encore !


Gageons que la gauche française, au sens large, n’en a pas fini avec les retours de bâton car lorsque l’on s’emploie à nier systématiquement le réel, on le prend systématiquement dans la figure.



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