Crise grecque : Les peuples sont plus prompts à brûler leurs idoles qu’à leur apporter un réel soutien

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La crise grecque n'a pas fini de livrer toutes ses leçons

Traitre, félon, dégonflé, carpette… les mots les plus infamants ont été entendus pour qualifier Alexis Tsipras. Quelques heures à peine avant la fin de la fatidique réunion de l’Eurogroupe, il était encore un héros Homérien adulé des foules. Comment expliquer que quelques heures après il soit considéré par ces mêmes adorateurs comme le plus vil des personnages ?
Parce ce qu’il n’a pas gagné. La foule n’aime que les vainqueurs. Elle est prête à porter ses héros aux nues, mais elle est tout aussi prête à enterrer ceux qui la déçoivent. Elle se comporte comme un supporter frivole exultant à chaque exploit et s‘effondrant à chaque mauvaise passe. Elle a tendance à confier ses combats, ses espoirs et ses rêves à des porte-étendards, et est sans pitié quand ça ne se passe pas comme elle l’aurait voulu.
Tous ces insulteurs et jeteurs d’anathème, croyaient-ils vraiment que la situation catastrophique dans laquelle a été mise la Grèce allait se régler du jour au lendemain, d’un coup de baguette magique, par la seule volonté de Tsipras ? Il s’agit d’un combat long et dur, et aucune force au monde ne peut le gagner par un simple tour de passe-passe. Pour gagner du temps et espérer renverser la vapeur, les autorités grecques ont utilisé la seule arme dont ils disposaient, le référendum. Contrairement aux apparences, le référendum a été très utile. Tout d’abord, il a permis de désamorcer l’ultimatum qui avait été posé à la Grèce et d’éviter le Grexit, ce que souhaitaient toutes les parties. Ensuite et surtout, maintenant on parle enfin réellement de la dette elle-même, et de recherche de solutions, au lieu de se focaliser sur les échéances. Rappelons qu’avant le référendum, il n’en était pas question.
Enfin, et ce n’est pas rien, la pression aujourd’hui n’est plus sur la Grèce, mais sur ses partenaires qui doivent trouver les fonds promis pour normaliser la situation, ou en tout cas amorcer un début de normalisation en attendant de trouver de vraies solutions qui, pour l’instant, n’existent pas. Quant à l’allègement ou la restructuration de la dette, à supposer qu’il y ait une réelle volonté d’aller dans ce sens, ce qui reste à prouver, les empoignades ne font que commencer.
D’une manière générale, tout, dans cette histoire, ne fait que commencer. S’il suffisait d’une manifestation ou d’un référendum pour retourner à la case départ, ça se saurait. Le combat des Grecs est un combat de longue haleine contre les maîtres du Monde. Il ne fallait pas s’attendre à une victoire facile. Il n’y aura peut-être même pas de victoire, c’est le plus probable, mais la Grèce peut, à terme, tirer son épingle du jeu et sortir la tête de l’eau.
Malheureusement, c’est le peuple grec qui risque de ne pas donner à son gouvernement le temps qu’il avait si difficilement essayé de gagner. Parce que Tsipras l’aurait déçu, il pourrait être retourné comme une crêpe et s’offrir à quelqu’un qui, lui, n’a jamais tenté quoi que ce soit pour le sortir de ses difficultés. Les vautours, connaissant l’étendue de la bêtise humaine, y travaillent déjà, avec l’aide bienveillante de nos médias.


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