Comment Steve Bannon veut conquérir l'Europe

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Est-ce vraiment son but ?

Le plan de Steve Bannon est de bloquer l'Europe dès 2019. Comment ? En faisant élire un maximum de candidats d'extrême droite euro-sceptiques. Il compte donc bien faire adhérer ses éventuels gouvernements ou partis alliés à son nouveau mouvement, sa fondation, baptisée Le Mouvement. Steve Bannon est convaincu que les prochaines années vont voir l'arrivée massive des populistes au pouvoir en Europe. Il pointe du doigt notamment le Brexit, la réélection de Viktor Orban en Hongrie, les bons résultats du FN lors de la présidentielle, ainsi que la victoire, en Italie, du mouvement d'extrême droite de la Ligue du Nord allié au mouvement populiste Cinq étoiles (M5S), en février dernier.


Steve Bannon, ancien patron du site américain d'extrême droite Breitbart, a lui-même dit à Reuters qu'après les élections de mi-mandat du 6 novembre aux Etats-Unis, il consacrerait "80% à 90%" de son temps en Europe à renforcer le Mouvement. 


Il imagine à travers cette fondation une fédération politique qui regrouperait, à terme, un tiers des députés européens. 


Cette fondation financerait les causes des partis affilié.s Steve Bannon estime en effet que les forces politiques populistes mènent leur combat avec des budgets trop réduits en Europe. Cette fondation fournirait sondages, conseil et réflexion à des personnalités à la droite de l'échiquier politique. Son quartier général européen est implanté à Bruxelles, au cœur de l'Europe. 


Le Brexit, une première victoire pour Bannon


Bannon était à Londres en juillet pour rencontrer plusieurs représentants du Brexit, susceptibles de rallier son projet.


Selon Raheem Kassam, un ancien proche de la figure de proue des pro-Brexit Nigel Farage, qui a travaillé pour la version britannique de Breitbart  :



L'organisation est déjà une association structurée avec un budget annuel significatif et nous avons déjà commencé à recruter une équipe 



L'Italie, une deuxième victoire


Steve Bannon s'est rapproché du gouvernement italien après la victoire aux présidentielles de 2018 de la coalition de droite et d'extrême droite qui a vu arriver au gouvernement Matteo Salvini, patron de la Ligue du Nord, comme ministre de l'Intérieur et homme fort du gouvernement.  Matteo Salvini, a reçu début septembre Steve Bannon dans l'optique de faire de sa mouvance "le premier parti parlementaire européen" et de "sauver l'Europe". Salvini s'est notamment illustré par sa position radicale sur la question des migrants, engageant un véritable bras de fer avec  l'Union européenne.


Par ailleurs, Steve Bannon contribue à l'élaboration du cursus de formation d'un institut catholique italien marqué à droite, dans le cadre de ses efforts pour diffuser la pensée conservatrice au sein de l'Eglise. 


L'institut Dignitatis Humanae est installé dans le monastère de Trisulti, près de Rome. Selon son directeur, Bannon aide l'institut depuis quatre ans. L'un de ses représentants est connu pour critiquer ouvertement les choix du pape François. En plus d'élaborer le cursus de formation, Steve Bannon recueille des fonds pour l'institut, en Europe comme aux Etats-Unis. 


La Belgique dit oui


Selon le journal belge le Standaard, le président du parti populaire belge, Miscaël Modrikamen, aurait déjà officialisé son rapprochement avec l'américain. Le belge a participé à plusieurs réunions organisées en juillet  à Londres par Steve Bannon avec des leaders de mouvements populistes.  


Marine Le Pen aussi


Marine Le Pen avait elle-même invité la figure de proue de l'alt-right américaine (droite alternative, souvent assimilée à l'extrême-droite) pendant la présidentielle française lors de l'un de ses meetings


Le Rassemblement national (ex FN) va "très certainement" adhérer à la fondation de Steve Bannon, selon le député RN Louis Aliot,cité pour conduire la liste de son parti aux élections européennes. 



Nous adhérerons très certainement à son projet. Si nous avons des échanges épistolaires à ce sujet, nous ne savons pas la forme que cela prendra



Toujours selon Louis Aliot : 



Si on veut sauver l'Europe, il va bien falloir atomiser l'Union européenne, un traité trahi cent fois par ceux qui sont censés le protéger. Ce n'est pas l'Europe. 



Steve Bannon "a l'avantage d'avoir fait gagner Donald Trump" et peut "nous permettre de réussir la même chose au niveau du continent", fait valoir Louis Aliot, qui dit partager avec Donald Trump la "lutte contre l'immigration", le "patriotisme économique" et son projet de mettre "fin (aux) interventions militaires extérieures". 


L'Autriche et la Hongrie disent non


L'extrême droite autrichienne n'est pas désireuse de collaborer politiquement avec l'ex-conseiller de Trump. C'est du moins ce qu'a affirmé  le secrétaire général du FPÖ, Harald Vilimsky. 



Nous voulons forger des alliances en Europe mais nous le faisons indépendamment des USA, de la Russie ou de qui que ce soit



Le FPÖ est l'un des partis d'extrême droite européens les plus puissants électoralement. Le FPÖ gouverne depuis décembre avec les conservateurs du chancelier Sebastian Kurz.  


Lui aussi interrogé sur une éventuelle collaboration avec Bannon, le Premier ministre hongrois ultra conservateur Viktor Orban a répondu  ne pas être "intéressé par des choses qui ne touchent pas la Hongrie".