Chronique en mou

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La médiocrité est-elle un marqueur identitaire du Québec post-Révolution tranquille ?


 Salut, toé ! 


 Ça va ? T’es chill ? 


 Moé, aujourd’hui, j’ai décidé de prendre ça full relax. 


 Y’a du monde qui va travailler en mou ? Alors, moé, j’ai décidé d’écrire en mou. 


 FUCK LES BOURGEOIS 


 Fuck l’orthographe pis la grammaire, l’important est qu’on se comprenne, non ? 


 Pourquoi faudrait respecter des règles qui ont été établies il y a mille ans par des hommes blancs ? 


 Pourquoi écrire « nez » quand tu ne prononces pas le z à la fin ? 


 On dit-tu NEZZE ? 


 Non, on dit NÉ. 


 On devrait l’écrire comme ça d’abord. 


 J’ai mangé un coup de poing sur le né. 


 Et même là, un p à la fin de coup et un g à la fin de poing, c’est fucké. 


 On devrait écrire : « J’ai mangé un cou de poin sur le né. » 


 Ça, c’est cool. 


 C’est inclusif, genre. Tout le monde catche. 


 Comme une fille m’a dit, l’autre jour : « Les règles de français, c’est bourgeois. Dire à quelqu’un qui parle mal, c’est du classisme, de la discrimination basée sur les classes sociales. Le bon français a été inventé par les bourgeois pour empêcher les pauvres de prendre la parole. » 


 Pour elle, dire aux pauvres qu’il faut écrire comme ça pis parler comme ça, c’est du colonialisme. 


 Comme les prêtres qui voulaient évangéliser les sauvages. 


 Il faudrait laisser les pauvres parler dans leurs mots à eux. Avec des fautes, des sacres, pis toutte, pis toutte. 


 Sans les reprendre. 


 Le plus drôle est que la fille me disait ça dans un super bon français. J’imagine que la culture, c’est bon pour elle, mais pas pour les pauvres. 


 Elle est comme les riches qui disent que l’argent fait pas le bonheur. 


 Entéka. 


 DU MONDE VRAI 


 Moé, je dis : « Fuck l’autorité, fuck l’Académie française, fuck les dictionnaires ! » 


 Parlons comme ça vient, écrivons comme ça nous tente, habillons-nous relax, c’est quoi toutes ces règles de marde ? 


 Moé, si je décide d’aller travailler en camisole pis en gougounes, ça ne regarde que moi. T’as pas d’affaires à me dire comment m’habiller. 


 On vit dans un monde libre ou quoi ? 








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 Moé, des politiciens en mou, je trouve ça cool. Ils sont comme nous. 


 On devrait tous avoir le droit de s’habiller comme ça nous tente. 


 Même se laver, c’est bourgeois. 


 Si je décide d’avoir les cheveux gras et de sentir le swing, en quoi ça te regarde ? 


 Le parfum, les bijoux, tout ça, c’est des bébelles inventées par la société de consommation néo-libérale. 


 Dire aux gens qu’ils puent, c’est du classisme, ça aussi. Qui on est pour dire : « Ça, ça sent bon ; ça, ça sent pas bon » ? 


 Toutes les odeurs se valent ! 


 Moé, ce que j’aime, c’est le monde vrai. Authentique. 


 Tu les regardes, pis tu te dis : « Câlisse, ça pourrait être ma voisine ! » 


 LA RÉVOLUTION MOLLE 


 Moé, je suis bien quand je suis habillé en mou. 


 Je parle mou, je pense mou. 


 Je fume un batte, pis je chill. 


 Je juge personne. 


 J’aime pas ça les gens qui jugent l’apparence des autres. Tous ces bourgeois avec leur maudite cravate, pis leur chemise, pis leur robe, pis leurs souliers à talons hauts, pour qui ça se prend, hein ? 


 Fa que cé ça qui est ça. 


 Sois mou, mon chum. 


 Sois toé.





 


 

 


 


 





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