L’arrogance manifestée par Adil Charkaoui lors de son point de presse, vendredi dernier, en dit long sur le personnage qu’il est devenu, au fil des années, au grès de ses diverses implications politiques.

Vous l’aurez constaté à travers la verve et l’agressivité de l’homme à la barbe hirsute et au crane presque rasé, l’intégrisme est une maladie qui rend sourd et aveugle, mais pas muet, hélas. Le prédicateur, volubile, plus que jamais, accuse pêle-mêle Harper et ses lois sécuritaires, le système médiatique, les services de sécurité, les « islamophobes » puis dans la foulée ceux qui ont à cœur de faire du Québec un pays et pointent du doigt les véritables artisans de cette terrible machination dont il se dit, encore une fois, la victime.

Pôôvre Charkaoui ! Encore un peu, on lui décernerait la palme de LA victime de l’année. Je vais en parler à Françoise David.

La vie de six jeunes gens disparus possiblement quelque part en Syrie ou en Irak ne l’émeut pas outre mesure. Il réserve ses énergies à vociférer. Vous l’aurez deviné, il a autre chose à faire que de pleurer sur leur sort comme l’a fait ce directeur du collège de Rosemont dans un moment de grande émotion. Se défendre est sa priorité. Et il sait pertinemment qu’il peut compter sur de vieux réseaux d’appui d’une certaine gauche dont il a bénéficié ces quinze dernières années. C’est d’ailleurs à l’égard de cet auditoire qu’est dirigée une bonne partie de son discours. Mais pas seulement.

Lorsqu’Anne-Marie Dussault, animatrice de l’émission 24h60 à RDI, lui pose une question relative au terrorisme de l’État islamique, il avance la thèse de la théorie du complot. L’État islamique? Pure création des États-Unis et cite Noam Chomsky.

Pour la gauche radicale c’est du bonbon. Cette diabolisation de nos voisins du sud, les théories complotistes, la dénonciation du média-système et cette détestation de Harper et de ses lois sécuritaires représentent autant de points de convergence avec cette mouvance qui voit la main de la CIA et du Mossad derrière chaque attentat terroriste, à commencer par celui du 11 septembre 2001.

Remarquez que Québec solidaire n’a jamais clarifié sa position sur le sujet.

Sans surprise, dans sa chronique publiée samedi dernier dans Presse-toi à gauche!, une feuille de chou altermondialiste et islamo-gauchiste, Pierre Baudet justifie, point par point, l’analyse de Charkaoui.

« Chaque jour vous le constatez, le gouvernement et les médias-mercenaires nous tombent dessus avec des histoires abracadabrantes et menaçantes. « Attention, les terroristes se cachent dans le garde-robe ». Trois jeunes sont disparus et peut-être en Syrie, « ah ah, le complot se précise ». Une mosquée veut ouvrir à Shawinigan : « c’est le début d’Al-Qaida en plein centre du Québec ». Une femme avec un hijab se présente en cour municipale pour contester une contravention : « une attaque frontale contre nos valeurs »…-Pierre Baudet

Non, monsieur Baudet, il n’y a rien d’abracadabrantesque dans ces histoires. Non, les « médias-mercenaires » n’ont rien sorti de leur chapeau. Ce ne sont-là, malheureusement, que de VRAIES histoires qui font couler du sang, à chaque jour. Ces terribles récits de jeunes qui s’en vont au djihad sont désormais les nôtres et il est légitime que les Québécois s’en préoccupent et en parlent tout comme le font les autres peuples.

Pour une certaine gauche compassionnelle, combattre l’islamisme c’est du racisme

Plus les islamistes ensanglantent notre planète, plus cette mouvance islamo-gauchiste lui trouve des raisons de le faire. C’est l’étrange paradoxe de cette gauche altermondialiste qui a pour héros Tariq Ramadan, grand nabab de la Confrérie des Frères musulmans, et qui au lieu de considérer le phénomène de l’islamisme pour ce qu’il est – une sorte de dérive totalitaire politico-religieuse de l’islam -, recherche ses origines dans le social, dans la lutte des classes, voire, ô le vilain mot, le sociétal, avec une compassion affectée.

Cette gauche considère la lutte contre l’islamisme comme étant du racisme qu’elle s’emploie à pourfendre sur toutes les tribunes. Cette gauche a jeté TOUS les musulmans dans les caniveaux de Khomeiny, depuis belle lurette. Cette gauche est incapable d’observer le monde tel qu’il est. Surtout, elle n’a plus les moyens de nous éclairer sur son fonctionnement. Son schéma est dépassé depuis des lustres.

En professionnel de l’évitement, voire de l’aveuglement, longtemps, cette gauche s’est refusée à nommer les choses. Il faudra dire un jour sa responsabilité première dans l’expansion de cette horreur qu’est devenu le djihad international. J’observe cette trahison depuis plus de vingt ans. La mémoire est un continent en mouvement. À l’époque, une telle attitude était terriblement inquiétante. Aujourd’hui, elle est carrément criminelle.

Basta!