L'Indépendance et la Gauche

Changer du discours-perroquet

Tribune libre

Deux forces immenses s’affrontent. Ces forces ont de la durée. Ce ne sont pas des partis politiques. Chacune de ces forces, à sa façon, possède toute la légitimité nécessaire à la poursuite de sa course.
La question nationale va rester longtemps, et peut-être tout le temps qui lui sera nécessaire, elle restera incontournable.
Les forces immenses du multiculturalisme, qui lamine de plus en plus la prépondérance de la question nationale, qui la prend à revers par une immigration massive, va poursuivre son chemin, et devient lui aussi incontournable.
Chacune de ces forces incontournables (elles sont dominantes, d’autres forces existent) est récupérée par les partis politiques. Dans ces conditions, chacun des partis politiques dominants fait la fortune électorale de son opposant. Grosse job pour les tiers partis. À gauche comme à droite.
Ce qui devrait se remarquer, à Ottawa, c’est la mort du P.L.C. et son remplacement par le P.C comme parti de gouvernement, et même son remplacement par le N.P.D comme grand parti d’opposition.
Dans les faits, il y a au Québec un parti conservateur, de droite, c’est le P.L.Q. Ce dernier s’appuie sur la force du multiculturalisme, et rejette la force de la question nationale. Et, donc, toute la stratégie des libéraux consistera toujours à faire en sorte que son opposant, le P.Q., porté par la question nationale, soit pris à revers par Québec Solidaire, un parti souverainiste.
Pourquoi et comment une telle situation ? Simplement parce que Québec Solidaire est à la fois souverainiste et un très dur partisan du multiculturalisme. Ce parti est donc inoffensif aux libéraux, la raison étant que le vote anti-Québec est reçu à droite, mais ne l’est pas à gauche. Cela permettra encore un temps aux libéraux, des conservateurs, de pouvoir instrumentaliser la gauche souverainiste contre son véritable opposant, le P.Q., partisan et porté, lui, par la question nationale.
En ne remettant pas en cause le multiculturalisme (ni son rejeton québécois, l’inter-culturalisme), Québec Solidaire fragilise l’action du parti québécois, certes, (et c’est de bonne guerre), mais fragilise davantage la portée de la Gauche elle-même. De plus en plus de voix commencent à s’élever partout contre l’idée même du multiculturalisme.
Est-il utile de préciser que le Bloc est dans le champ gauche ? Que dans le champ gauche, un joueur redoutable commence seulement à se manifester, le N.P.D. Normal, à Ottawa, le P.C. instrumentalise le N.P.D. contre les libéraux.
La droite triomphe à Ottawa et à Québec. Pourquoi vouloir de nouveaux partis de droite ?
M. François Legault n’a aucune chance de former un parti politique crédible à court terme. Tant mieux. Le P.Q. doit auparavant livrer un round décisif. Peut-être son dernier.
Mme Marois va devoir ratisser large. Elle en est capable. La conjoncture ne lui sera jamais plus favorable. L’indépendance garde à ce jour toutes ses chances. En fait, ces chances grandissent, malgré tout le cynisme invoqué à temps et contretemps.
Et plus les chances de l’indépendance grandissent, plus la position de Québec Solidaire va se fragiliser. Le peuple du Québec—les fameux « citoyens » invoqués sans arrêt—n’attendent ni la gauche ni la droite pour se faire une idée, même confuse, sur le multiculturalisme. Car le multiculturalisme et son pareil, l’inter-culturalisme, a un visage : l’immigration. Rejeter du revers de la main toute critique de l’immigration—ce qui est bien différent que critiquer les immigrants-- accuser de racisme ou de xénophobie toute critique des politiques gouvernementales canadiennes et québécoises, c’est se cantonner dans la position confortable de la rectitude politique canadienne, et cautionner incidemment de très vielles politiques de droite.
Ni la Gauche ni l’indépendance ne méritent cela.


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