Ce sera Kyoto ou la chute du gouvernement Harper

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G8 à Berlin 2007


Tandis que des députés de l’opposition menaçaient de renverser le gouvernement Harper, trois porte-étendards de causes sociales et environnementales ont signé une lettre commune au premier ministre, hier. Ils craignent que celui-ci ne proroge carrément le Parlement et tienne un nouveau discours du Trône à l’automne, laissant mourir au feuilleton trois projets de loi... dont celui sur Kyoto. Ci-dessus, l’environnementaliste David Suzuki au côté du chef de l’Assemblée des premières nations, Phil Fontaine. (Photo PC)

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André Duchesne et Joël-Denis Bellavance - Agacés par l’obstruction systématique exercée par le gouvernement Harper pour empêcher l’application du protocole de Kyoto, des représentants des partis de l’opposition brandissent la menace de le faire tomber sur cette question.


C’est ce qui est ressorti hier matin d’une conférence de presse tenue par une coalition pro-Kyoto favorable à l’adoption du projet de loi C-288 visant à forcer le gouvernement à mettre en place un plan permettant au Canada d’atteindre les cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES) établies par le protocole.
Or, le gouvernement Harper, qui estime impossible l’atteinte des cibles fixées pour 2012, multiplie les obstacles dans l’espoir que le projet ne soit pas adopté avant la fin de la présente session. De cette façon il mourrait au feuilleton.
Pour le leader du projet, Pablo Rodriguez, faire tomber le gouvernement Harper sur cette question demeure une option. « Il n’est pas impossible qu’on y arrive mais il faut voir comment va cheminer le dossier de C-288 », dit-il.
Par « cheminer », il évoque la situation présente. Le projet a franchi toutes les étapes à la Chambre des communes et il ne manque que son adoption en troisième lecture au Sénat pour qu’il devienne loi. Or, les sénateurs conservateurs font de l’obstruction à la Chambre haute. « Chacun d’eux présente des amendements et des sous-amendements sur lesquels on peut débattre indéfiniment », déplore M. Rodriguez.
La semaine dernière, la sénatrice libérale Céline Hervieux-Payette a menacé les conservateurs de bloquer le projet de loi C-52 sur la mise en œuvre du budget si C-288 n’avance pas.
Représentant le NPD à la rencontre d’hier matin, l’ancien ministre québécois de l’Environnement, Thomas Mulcair, est celui qui a eu les mots les plus durs pour les conservateurs. « Le gouvernement Harper n’a jamais eu la moindre intention de respecter Kyoto, a-t-il lancé. Il n’a pas arrêté de nous faire honte sur la scène internationale. »
Il dit que son parti est prêt à entraîner le déclenchement d’élections sur Kyoto.
Nuance au Bloc
Le Bloc québécois, qui appuie C-288 depuis le début, apporte des nuances sur les circonstances pouvant mener à la chute du gouvernement. Le député bloquiste Bernard Bigras explique que la chose serait possible à partir du moment où le projet deviendrait loi mais que le gouvernement refuserait de l’appliquer.
« Le gouvernement devra prendre acte du vœu de la population et des parlementaires, dit-il. À ce stade-ci, ce qui compte est que C-288 aille plus loin. Le gouvernement aura alors 60 jours pour déposer un plan de lutte contre les changements climatiques respectant les objectifs de Kyoto. S’il ne le fait pas, il est clair que les parlementaires devront alors prendre leurs responsabilités. »
Le Parti vert du Canada ainsi qu’un représentant de la papeterie Cascades participaient à la rencontre organisée par la Coalition Québec-Vert-Kyoto. Le représentant de cet organisme, Daniel Breton, a demandé la tête du ministre fédéral de l’Environnement, John Baird. « Il n’a pas la compétence nécessaire », dit-il.
En avril dernier, les conservateurs ont rendu public un rapport concluant que le projet de loi C-288, s’il était adopté, serait si contraignant pour le Canada, qu’il se traduirait par la perte de 250 000 emplois et une hausse substantielle du prix de l’électricité, de l’essence et du gaz. Les écologistes ont répliqué que les coûts sociaux seraient encore beaucoup plus élevés si rien n’était fait.
À Ottawa, les chefs des trois partis de l’opposition se sont montrés plus circonspects que leurs députés quant à la possibilité de renverser le gouvernement sur la question de l’environnement.
Le chef libéral Stéphane Dion, qui a du mal à s’imposer comme solution de rechange crédible au premier ministre Stephen Harper, a affirmé que son parti est loin d’être favorable à des élections à court terme. « On n’est pas à des mesures de censure. On traversera la rivière quand on y sera rendu », a affirmé M. Dion hier.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a affirmé que son parti évaluera « en temps et lieu » l’à-propos de déposer une motion de blâme sur la question des changements climatiques ou d’appuyer une motion semblable d’un autre parti. « On verra. C’est de la stratégie », s’est borné à dire M. Duceppe.
Pour sa part, le chef du NPD, Jack Layton, a soutenu qu’une motion de blâme fait partie des options qui s’offrent à ses troupes si le gouvernement Harper n’améliore pas son plan vert.


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