Lettre à Lucien Bouchard et à ses partisans

Ce qui s’appelle « vouloir »

Chose certaine, ce n’est pas en suivant d’anciens leaders déchus et déprimés que les Québécois vont cultiver une telle volonté.

Tribune libre


Tu as raison, Lucien : cessons de nous battre en vain pour atteindre l’inaccessible étoile, retombons sur terre. Soyons réalistes; baissons les bras. Après tout, on n’est jamais « prêts » à faire l’indépendance. Quand tout va bien, soit les fédéralistes ne disent rien, défendant ainsi le statu quo, soit ils claironnent : « À quoi bon l’indépendance, si tout va bien ? »
Quand tout va mal au contraire, comme en ce moment semble-t-il, c’est encore moins le temps, puisqu’on aurait des choses plus urgentes à régler. Mais comment les régler, justement ?
Ceux-là font mine d’oublier que c’est précisément dans le système fédéral que, depuis 143 ans, le Québec patauge et stagne, tirant péniblement sa misérable épingle du jeu. Et seulement, en plus, quand les autres provinces acceptent de la lui laisser tirer.
L’indépendance serait très certainement une façon nouvelle d’affronter les problèmes réels auxquels le Québec est confronté. Voilà la seule solution que les Québécois n’ont pas encore essayée. Elle pourrait déboucher sur des solutions très concrètes. Vous pourriez être surpris, Monsieur Bouchard. Mais pour ça, il faudrait de l’audace ou, comme le disait dans Gouverner ou disparaître l’écrivain Pierre Vadeboncoeur, mort cette semaine, il faudrait « ce qui s’appelle vouloir ». Chose certaine, ce n’est pas en suivant d’anciens leaders déchus et déprimés que les Québécois vont cultiver une telle volonté.
Jean-François Vallée

Saint-Philipe-de-Néri, Québec

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Jean-François Vallée est professeur de littérature québécoise et française au niveau collégial depuis 1995. Son ambition de pédagogue consiste à rendre les étudiants non seulement informés mais objectivement fiers de la culture dans laquelle ils vivent. Il souhaite aussi contribuer à les libérer de la relation aliénante d'amour-haine envers leur propre culture dont ils ont hérité de leurs ancêtres Canadiens français. Il a écrit dans le journal Le Québécois, est porte-parole du Mouvement Quiébec français dans le Bas-Saint-Laurent et milite organise, avec la Société d'action nationale de Rivière-du-Loup, les activités de la Journée nationale des patriotes et du Jour du drapeau.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mars 2010

    Monsieur Vallée
    Comme je le disais aujourd'hui sur le blogue du journaliste Michel David du journal Le Devoir, je suis persuadé que Lucien Bouchard a profité de sa popularité de chef du Bloc Québécois pour s'infiltrer au PQ et devenir chef de ce parti. Pourquoi pensez-vous, qu'en tant que chef du PQ, qu'il n'ait pas demandé une enquête sur les irrégularités qui se sont produites lors du référendum de 1995 et pourquoi n'a -t-il pas porté plainte à la Cour internationale de Justice de la Haye? Parce qu'il était un fédéraliste. Nous, indépendantistes, avons été floués! trahis! Au Québec, il faut créer sans faute un nouveau parti vraiment indépendantiste puisque le PQ n'est plus solvable.
    André Gignac le 16 mars 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mars 2010

    Bravo M. Vallée. Je suis tout à fait d'accord avec vous. On ne fait pas l'indépendance comme on fait un voyage de divertissement. On fait l'indépendance parce que c'est l'oxygène qui permet à un peuple, non seulement de vivre, mais de résoudre à sa manière les défis à relever. Bien des peuples au prise avec de gros problèmes ont réalisé leur seconde indépendance et sont maintenant sur la voie du développement et du progrès. Je pense à ce peuple, hier encore, le plus pauvre de l'Amérique latine, la Bolivie, et qui fait maintenant des pas de géant depuis qu'il a pris en main les leviers de sa propre destinée. Il est temps que nous réalisions, comme peuple, que la lucidité n'est pas une vertue réservée à quelques élites, mais que le peuple, une fois qu'on lui donne la parole est capable d'une lucidité qui ne trompe pas. Qu'on fasse l'indépendance sans s'accrocher dans les dentelles du tapis et une fois confirmée par le vote majoritaire du peuple Québécois, qu'on s'attelle à la rédaction d'une constituante qui soit le reflet du peuple et qu'elle soit entérinée par le peuple. Là auront lieu les vrais débats entre Québécois.