Renaissance du FLQ

Canular ou réalité?

Crise d'octobre 70 - FLQ


Girard, Mario; Lacoursière, Ariane; Leduc, Louise -
Le Front de libération du Québec (FLQ) serait-il en train de renaître de ses cendres? C'est ce que laisse croire un mystérieux communiqué envoyé aux médias et à divers hôtels de ville de la région montréalaise. Si cette missive fait présentement l'objet d'une enquête policière, elle n'inquiète pas les anciens felquistes, encore moins les ardents nationalistes.
En trois paragraphes datés du 15 novembre, un soi-disant nouveau groupuscule du FLQ, nommé la cellule Camille-Laurin, dénonce "l'impérialisme anglo-saxon qui sévit dans l'ouest de Montréal (...) où le fait français est quotidiennement et systématiquement bafoué par une majorité anglophone locale qui méprise la langue française et les droits des francophones".
Ce "nouveau" FLQ promet des actes qui "commenceront très exactement dans trois mois, sans autre avis". Les auteurs du communiqué font évidemment référence au 15 février, une date importante pour les nationalistes: c'est le 15 février 1839 que quelques patriotes furent exécutés pour leur participation à la Rébellion.
La Gendarmerie royale du Canada affirme prendre "très au sérieux" ce message. "Jusqu'à maintenant, nous n'avons aucune indication que les menaces seront mises à exécution, affirme le caporal Sylvain L'Heureux, porte-parole de la GRC. Si c'est un canular, les responsables répondront de leurs actes."
Mis au courant de l'existence de ce communiqué, d'anciens felquistes ont exprimé leurs doutes quant à la crédibilité du document. Seul le président de la Milice patriotique québécoise, Serge Provost, croit qu'une nouvelle cellule du FLQ pourrait avoir été créée: "Dans le milieu plus "extrémiste", on dit que le FLQ est toujours vivant. Je n'ai jamais entendu parler de la cellule Camille-Laurin, mais il se peut qu'elle existe."
Mais pour Raymond Villeneuve, un des fondateurs du FLQ, il est difficile de croire à la renaissance de ce mouvement. "J'entends parler depuis quelques années de jeunes qui veulent recréer le FLQ, dit-il. Mais jusqu'à maintenant, tout cela n'a été que spéculations."
Le cinéaste et conseiller en communication Jacques Cossette-Trudel, devenu felquiste à la fin des années 60, prend ces menaces avec un grain de sel: "On a entendu ce genre de menaces des dizaines de fois depuis 1970." Pour celui qui a connu l'exil pendant huit ans, tout cela n'est qu'une simple boutade. "Ça fait partie de l'imaginaire", dit-il, en ajoutant ne pas comprendre comment, en 2006, un jeune peut avoir une fixation pour le FLQ. "Annoncer des gestes violents trois mois à l'avance, ce n'est pas sérieux! En tout cas, dans le temps, le FLQ ne donnait pas de préavis!"
Patrick Bourgeois, militant nationaliste et rédacteur en chef du journal indépendantiste Le Québécois, dit recevoir ce type de communiqué tous les six mois. "Je connais la plupart des anciens felquistes, de Francis Simard à Jacques Lanctôt en passant par Pierre Schneider, dit-il. Aucun d'entre eux ne pense que ça serait important de relancer le FLQ aujourd'hui. Je ne crois pas que l'avenir du Québec passe par la violence. Si le FLQ ressurgissait aujourd'hui, il serait tellement à des années-lumière du discours des années 70 que ses artisans passeraient pour des fous furieux."


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