Candidat du PQ aux prochaines élections - Bernard Drainville a fait les premiers pas

«Je veux contribuer à faire avancer la société québécoise»

Bernard Drainville - la controverse



Le journaliste Bernard Drainville a lui-même sollicité le Parti québécois afin d'en porter les couleurs lors des prochaines élections générales, a appris Le Devoir d'une source péquiste sûre.
Or l'aspirant candidat, qui est en congé sans solde de la télévision de Radio-Canada, a affirmé en conférence de presse hier que les premiers pas ont été faits par l'ancien premier ministre Jacques Parizeau. M. Parizeau a confirmé avoir approché M. Drainville mercredi de la semaine dernière par l'intermédiaire de sa conjointe qu'il connaît. Il a toutefois dit ignorer s'il y avait eu des démarches préalables de la part de M. Drainville pour manifester son intérêt. Bernard Drainville n'était pas disponible en soirée pour indiquer s'il a poursuivi son travail de correspondant parlementaire et de chef de bureau au moment où il frappait à la porte du PQ. Le directeur des communications du PQ, Daniel Bussières, a affirmé que «c'est totalement faux».
Plus tôt dans la journée, Bernard Drainville a martelé devant les journalistes que «les considérations éthiques ont été tout au long de ce cheminement très présentes à [son] esprit».
Celui qui s'est fait fort, au cours de ses 18 ans de carrière journalistique à Radio-Canada, de débusquer les problèmes d'éthique chez les politiciens a assuré que ce n'est qu'à partir de l'appel de M. Parizeau qu'il a réfléchi à la possibilité de faire le saut en politique. Dès lors, il s'est retiré des ondes en mentionnant à ses patrons que c'était pour des «motifs personnels», sans plus.
Pendant trois jours, il a donc pesé les pour et les contre d'un tel changement de vie avec sa conjointe. Vendredi dernier, Bernard Drainville a prévenu directement André Boisclair qu'il refusait l'offre. M. Drainville est resté silencieux sur la circonscription dans laquelle le PQ souhaitait qu'il se présente. Des journalistes ont parlé de Joliette, mais la nouvelle recrue péquiste a soutenu que l'offre était générale.
«Mais finalement, ça n'a pas fonctionné. Cette proposition-là, on l'a déclinée, ma femme et moi. Ce n'est que mardi de cette semaine qu'est arrivée la deuxième proposition», a-t-il expliqué.
Entre le non de vendredi et le oui de mardi, avez-vous fait monter les enchères? lui a demandé un journaliste. «Je ne peux rien contre les apparences», a laissé tomber M. Drainville, qui briguera les suffrages dans la circonscription de Marie-Victorin, considérée comme un bastion péquiste.
Chose certaine, samedi matin, alors que M. Drainville revêtait de nouveau son chapeau de journaliste pour mener une entrevue avec le chef péquiste André Boisclair (diffusée dimanche dernier), il croyait encore possible qu'une autre proposition lui parvienne. Ainsi avait-il demandé à son collègue Sébastien Beauvet de demeurer disponible pour le remplacer.
«S'il y avait une autre offre, j'étais prêt à ne pas faire l'entrevue. [...] Pour moi, c'était comme une forme de police d'assurance. Si jamais il arrivait autre chose, une autre offre ou quoi que ce soit, j'avais pris mes dispositions», a-t-il dit. Tout juste avant d'interviewer M. Boisclair, M. Drainville a eu un échange informel avec le chef péquiste, qui a toutefois été enregistré. «Six diffusions, cette entrevue-là. C'est payant. Il faut que tu sois bon», a lancé le journaliste à M. Boisclair.
Bernard Drainville a banalisé la situation. «Avant les entrevues, on fait des blagues, on fait des boutades», a-t-il indiqué. La nouvelle recrue, dont l'entrée en scène se fait dans la controverse, affrontait les journalistes sans son chef André Boisclair. Là aussi, M. Drainville a montré de l'étonnement devant cette préoccupation des journalistes, haussant les épaules.
Aussi, il s'est moqué de ses adversaires, qui le critiquent d'avoir cherché à obtenir des informations privilégiées en début de semaine, 24 heures avant de devenir officiellement un politicien. «S'ils m'ont révélé des secrets d'État, je ne m'en suis pas rendu compte», a-t-il laissé tomber.
Il a toutefois changé de ton pour redire qu'à aucun moment il n'a dérogé aux règles de la pratique journalistique. «J'ai servi le public honnêtement», a soutenu M. Drainville.
C'est le même désir qui le motive d'ailleurs à se lancer en politique, lui qui en rêve depuis l'enfance. Il a fait sa profession de foi souverainiste et a dit croire au Parti québécois, qui a été une grande source de progrès social. «J'ai le goût de faire de la politique avec André Boisclair. [...] Je veux contribuer à faire avancer la société québécoise», a-t-il affirmé.
L'arrivée de la nouvelle recrue péquiste a continué hier de soulever de nombreuses critiques. Libéraux et adéquistes ont dénoncé le manque de jugement d'André Boisclair pour avoir accordé une entrevue à un journaliste avec qui, derrière les caméras, il négociait une candidature.


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