C’est le temps que ça change!

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L'indifférence croissante des décideurs politiques






«C’est le temps que ça change!» À l’élection historique de 1960, le slogan des libéraux de Jean Lesage traduisait brillamment l’urgence de tirer un trait sur le régime ultraconservateur de l’Union nationale.




Élu sur un programme résolument progressiste, le gouvernement Lesage en aurait long à enseigner à celui de Philippe Couillard. La saga du bain unique par semaine en CHSLD en est l’illustration parfaite.








Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, se cache derrière ses «experts en hygiène» pour qui la débarbouillette est reine, même en pleine canicule.








L’endurance entêtée d’une pratique aussi indigne témoigne des dysfonctions graves qui se multiplient dans notre système public de santé et services sociaux. Sa régression en termes d’équité sociale est réelle et inquiétante.




Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, se cache derrière ses «experts en hygiène» pour qui la débarbouillette est reine, même en pleine canicule. Au point où, sans la sortie médiatisée de François Marcotte, rien ne bougerait.




Sourd aux mêmes besoins de nombreux aînés, le ministre Barrette s’est dit «touché» par cet homme éloquent de 43 ans. Atteint de sclérose en plaques et vivant en CHSLD, M. Marcotte a dû recourir au sociofinancement pour s’offrir quelques douches de plus par semaine.




Rougir de honte




Jean Lesage, s’il était vivant, en rougirait de honte. Il aurait honte parce que la saga récurrente des bains est un reflet parmi d’autres de l’indifférence croissante des décideurs politiques face aux plus vulnérables d’entre nous. Personnes âgées, mais aussi handicapées intellectuelles ou physiques.




La rémunération des médecins nous siphonne 7 milliards de dollars par année pendant qu’on affaiblit les services sociaux. Dans les officines du pouvoir, l’humanisme fout le camp.




Compressions budgétaires. Hyper centralisation des entités décisionnelles qui les éloigne de leurs «clientèles» au point d’en oublier les besoins. La fermeture brutale du Pavillon Sainte-Marie, où résidaient des personnes lourdement handicapées, en est un exemple de taille.




Une autre dysfonction grave est l’absence d’une véritable politique de soins à domicile. Le seul «gagnant» étant le marché privé d’aide à domicile qui, pour combler le vide, monte en flèche. Résultat: l’écart se creuse entre la minorité capable de se payer de l’aide au privé et la majorité incapable de le faire.




Récit navrant




Il est vrai que le gouvernement subventionne des ressources d’hébergement privées, mais n’offre que des miettes de soutien aux proches aidants qui habitent avec un membre adulte de leur famille, vieillissant ou handicapé. Combien d’aidants naturels vivent par conséquent une détresse silencieuse?




Le Commissaire à la santé et au bien-être rapporte aussi que les urgences au Québec sont les pires en Occident. Les pires!




Au fond, la saga des «bains», c’est un chapitre parmi d’autres du récit de la déshumanisation croissante des soins. Un récit signé par des gouvernants de plus en plus déconnectés des «vraies affaires» de la vraie vie.




De temps à autre, un scandale public les oblige à promettre de bouger... un jour.




Philippe Couillard cite souvent le petit livre rouge de Claude Ryan sur les «valeurs libérales». Quand la dignité devient un «luxe» au Québec, il serait plus sage de s’inspirer des valeurs de Jean Lesage.



 




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