On sait désormais que Ehud Olmert et George W. Bush ont trouvé leurs meilleurs alliés en Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner pour aller bombarder l'Iran. Tous prennent argument du programme nucléaire civil développé par le pays de Mahmoud Ahmadinejad, présenté très exagérément aux yeux du monde comme une usine à bombe nucléaire, pour accentuer les pressions et proposer des sanctions internationales de plus en plus lourdes contre lui. Les arguments -- de soi-disant armes de destruction massive -- et la fin ultime -- la guerre pour détruire un pays islamique soi-disant "terroriste" -- sont sensiblement de même ordre que ceux déjà employés en 2003 par les Etats-Unis de George W. Bush contre l'Irak de Saddam Hussein.
Chacun peut aujourd'hui mesurer l'étendue du désastre causé par cette guerre inutile, à la fois sur le plan stratégique: renforcement de la haine anti-occidentale et du terrorisme dans le monde arabo-musulman, déstabilisation de l'équilibre régional; sur le plan politique: où est la nouvelle démocratie promise par les américains ?; et évidemment sur le plan humanitaire: des milliers de morts de tous côtés et l'Irak à feu et à sang. Mais pour ces Dr Folamour il n'y a pas lieu de tirer leçon des erreurs passées.
Dans le cas de l'Iran, le risque de provoquer une nouvelle guerre aux conséquences encore incalculables est pourtant autrement plus élevé que pour l'Irak et peut s'étendre au monde entier, la France de Nicolas Sarkozy se plaçant bien inconsidérément et plus que légèrement en première ligne de ce futur et terrifiant conflit.
Ehud Olmert (le premier ministre israélien toujours aux commandes de son pays après sa calamiteuse guerre -- perdue -- contre le Hezbollah au Liban et sa toute aussi désastreuse guerre contre le Hamas en Palestine) désigne depuis longtemps l'existence d'une bombe nucléaire iranienne comme "une menace existentielle" pour Israël. George W. Bush, sous influence des groupes de pression israéliens en matière de politique étrangère, a brandi pour sa part à plusieurs reprises l'option militaire contre Téhéran.
Totalement discrédité, y compris auprès des citoyens américains, pour son aventure guerrière contre Bagdad, il ne cesse néanmoins d'appeler de la même façon à punir Téhéran, utilisant une méthode et une rhétorique identiques à celles qui lui ont servi à justifier l'invasion de l'Irak. Il y a deux semaines, discourant sur l'Iran devant l'American Legion, il n'hésitait pas à agiter de nouveau le spectre d'un "holocauste nucléaire". On ne change pas une méthode anxiogène qui gagne.
En France, si Jacques Chirac et Dominique de Villepin avaient su s'opposer avec un certain courage aux volontés de domination et aux mensonges éhontés de George W. Bush devant la communauté internationale, Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner opérent eux un virage à 180 degrés en matière de positions diplomatico-stratégiques. L'heure est désormais à la soumission, ou plutôt à un soutien zélé à la politique étrangère menée par le plus mauvais président de toute l'histoire des Etats-Unis, qui est également l'homme sans doute le plus dangereux et le plus haï du monde contemporain.
Le nouveau locataire de l'Elysée et son ministre des affaires étrangères croupion, qui ne cachent pas leur atlantisme invétéré et leur amitié indéfectible avec l'Etat juif (comme ils le prouvent avec leur nouvelle politique toute en faveur d'Israël concernant le Liban, la Syrie ou la Palestine), multiplient les déclarations et les discours "bushistes" aux étranges accents guerriers sous-jacents dont le but est à l'évidence de préparer l'opinion publique française à un conflit militaire avec l'Iran.
"La démarche des sanctions croissantes est la seule permettant d'échapper à l'alternative la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran", a martelé récemment Nicolas Sarkozy devant le corps diplomatique français, tandis que Bernard Kouchner se répand dans les médias en affirmant qu'"Il faut se préparer au pire, et le pire, c'est la guerre", ajoutant même que les états-majors militaires se préparent déjà à "mettre des plans au point". Dans les organismes internationaux où elle est en mesure de peser, l'administration sarkozyste s'emploie également activement à convaincre ses partenaires de la pertinence d'une telle politique contre le régime du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, y compris hors cadre de l'ONU et de l'Union Européenne.
Mieux, Nicolas Sarkozy, outre sa décision d'aligner purement et simplement l'ensemble de la politique étrangère de Paris sur celle de Washington, et rompant sans complexe avec la règle d'or en vigueur depuis le Général de Gaulle en matière de défense du pays, envisage carrément un retour de la France au sein de la structure militaire de l'OTAN. C'est-à-dire en gros de brader l'indépendance militaire de la France -- voire de l'Europe si c'est possible -- pour se mettre aux ordres des armées de l'Empire; de faire en sorte que Paris et l'ensemble des capitales occidentales parlent désormais toutes d'une seule voix, notamment lorsqu'il s'agit de ces causes on ne peut plus nobles de la "défense d'Israël", de la propagation de "la Démocratie" en terre arabe et de la lutte "contre le terrorisme", surtout lorsque cela concerne des pays arabo-musulmans qui montent en puissance ou font preuve de trop d'indépendance. "L'Iran ne cessera son programme d'armement nucléaire que lorsqu'il aura compris que la communauté internationale est sérieuse, unie et déterminée dans son opposition", a d'ailleurs jugé déclaré le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères en saluant les dernières déclarations de Bernard Kouchner.
Tout à leurs discours va-t-en guerre, George W. Bush, Nicolas Sarkozy, Ehud Olmert et Bernard Kouchner oublient toutefois comme d'habitude de mentionner quelques détails que les médias complaisants oublient eux aussi de signaler: tout d'abord que l'escalade militaire nucléaire qu'ils dénoncent haut et fort a été initiée par leur pays -- Israël s'étant même doté de l'arme nucléaire en toute illégalité au regard du Droit international, et ce sans aucune sanction --, ensuite que rien jusqu'à présent, malgré les enquêtes et inspections menées par l'ONU via l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA), ne démontre que l'actuel programme iranien d'enrichissement de l'uranium est mené à des fins militaires, et enfin qu'avant d'engager la France et l'Europe dans une guerre contre ce pays, il serait peut-être utile que George W. Bush veuille bien faire l'effort de poursuivre un minimum les négociations directes avec Mahmoud Ahmadinejad, comme ce dernier le souhaite.
Mais pour le Dr Folamour américain comme pour son nouveau caniche français qui s'imaginent ou du moins tentent de faire croire qu'ils luttent contre Adolf Hitler, il vaut sans doute mieux provoquer une guerre mondiale que négocier intelligement avec un islamiste dont le pays ne fait que suivre l'exemple fourni par Israël et les grandes nations occidentales.
L'Iran, via un communiqué de l'agence de presse officielle Irna diffusé lundi 17 septembre, estime pour sa part que Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy sont des "traducteurs de la volonté de la Maison Blanche", des "extrêmistes de droite" qui imitent "les hurlements" des Etats-Unis en adoptant "un ton encore plus dur, plus enflammé et plus illogique que celui de Washington".
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