OTTAWA | Le gouvernement Trudeau n’a pas tardé à répliquer, mardi, à la salve du premier ministre albertain Jason Kenney contre le fédéral pour sa gestion de la crise des blocus ferroviaires.
«Si M. Kenney veut faire de la politique fédérale, il n’a qu’à se présenter à la course du leadership du Parti conservateur», a raillé la ministre fédérale du Développement économique, Mélanie Joly, avant de se rendre à une réunion du conseil des ministres.
Le premier ministre albertain compte déposer un projet de loi dès mardi, avec la reprise des travaux de l’Assemblée législative de l’Alberta, pour empêcher quiconque de s’en prendre à des infrastructures essentielles à l’économie, comme les voies ferrées.
«Nous avons besoin d’un leadership national pour s’assurer que le Canada est un pays caractérisé par la primauté du droit », a-t-il pesté lundi en accusant son homologue fédéral Justin Trudeau d’avoir laissé la mobilisation en solidarité aux chefs héréditaires wet’suwet’en prendre de l’ampleur.
À son avis, ce type d’«inaction» a poussé Teck Resources à abandonner son mégaprojet d’exploitation des sables bitumineux Frontier, dans le nord de l’Alberta.
«Après le discours du Trône, je vais déposer le projet de loi 1 [...] qui va créer de nouvelles pénalités sévères pour quiconque menant des émeutes sur des infrastructures critiques sur le plan économique, comme les corridors ferroviaires en Alberta », a-t-il ajouté.
Mardi, la ministre Joly a défendu les efforts du gouvernement Trudeau pour mettre fin à la crise des blocus ferroviaires qui dure depuis 20 jours. Elle a fait valoir que plusieurs blocus ont été démantelés et que le service ferroviaire reprend graduellement.
«Il y a un mouvement au niveau du transport de marchandises, mais [...] on comprend l’anxiété des gens [et] des entrepreneurs, a-t-elle dit. C’est pour ça qu’on travaille très, très fort pour résoudre la situation.»
De son côté, le leader du gouvernement à la Chambre des communes et lieutenant du Québec, Pablo Rodriguez, a dit voir dans la rhétorique de M. Kenney «du pelletage dans l’autre palier de gouvernement».
«Il n’y a aucun problème qui se règle en se renvoyant la balle d’un palier à l’autre, a-t-il ajouté. Ce qu’on doit faire, c’est travailler ensemble entre le fédéral, les provinces, le secteur privé et le secteur de l’environnement, pour faire avancer les projets.»
M. Trudeau ne s'est pour sa part par arrêté pour répondre aux questions de journalistes, à son arrivée mardi à la réunion de son conseil des ministres.