Blair et l'Irak - Le converti

En admettant que la fin a justifié les moyens, Blair a avoué du coup avoir fait une entorse à la convention de Genève de 1957. Autrement dit, il serait coupable de crimes de guerre.

Irak - le Grand mensonge


Depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003, on sait que ce dernier n'était pas le gestionnaire ombrageux d'un arsenal d'armes de destruction massive (ADM). On sait également qu'il n'entretenait pas de liens avec le réseau al-Qaïda. On sait aussi que ces deux falsifications de la réalité furent confectionnées par le tandem George Bush-Tony Blair afin de justifier leur intervention en Irak. On sait enfin que Blair, chargé de se faire l'apôtre de la guerre auprès des membres de l'ONU, a leurré, a bluffé, a menti. Mais on ne savait pas combien le fanatisme l'habitait. Depuis son témoignage dans le cadre d'une émission religieuse, on mesure que ce récent converti au catholicisme était, d'abord et avant tout, un exalté. Un dangereux exalté.
Lors de l'émission en question, l'ex-premier ministre a confié que, s'il n'avait pas employé l'argument des ADM, il en aurait sorti un autre de son chapeau parce qu'il estimait juste de faire la guerre à Hussein, de le renverser, car il était le frein majeur, l'obstacle par excellence à l'expansion de la démocratie au Moyen-Orient. Aucun regret de sa part n'a été prononcé. On le répète, cette guerre il voulait la faire, qu'importe le prix. Pour obtenir l'aval des parlementaires britanniques, et si possible de l'ONU, il a donc décidé de les rouler dans la farine.
Cette admission a ceci d'intéressant qu'elle a été formulée après un certain nombre de témoignages entendus dans le cadre de la commission Chilcot, du nom de son président Sir John Chilcot, chargée de faire la lumière sur les épisodes de cette aventure en Irak. Et alors? Les témoignages de ces anciens barons des services secrets, de diplomates chevronnés, de l'armée, de conseillers de Blair, mettent en relief ceci: l'ex-locataire du 10 Downing Street manifestait davantage d'indifférence que d'intérêt pour leurs appels à la prudence, à la mesure. Car il avait...
Car il avait une obsession: établir et entretenir une relation forte, privilégiée, avec le président des États-Unis. Et ce, aux dépens de la réalité et du bien-fondé politique de l'invasion de l'Irak. À l'époque, cette inféodation au moindre désir de Bush, Blair l'a justifiée auprès de ses proches en arguant que, si les militaires britanniques n'étaient pas aux côtés de leurs homologues américains, l'inclination de ces derniers pour l'isolationnisme serait aiguisée, réveillée. Qu'il revenait donc au Royaume-Uni d'épauler le grand frère et de décider avec lui du destin de l'humanité. Toujours selon ces témoignages, Blair comme Bush étaient des militants fervents de la doctrine dite d'intervention humanitaire par le recours aux muscles.
Dans un mois environ, Blair va répondre à son tour aux questions de la commission Chilcot. En attendant, au Royaume-Uni comme ailleurs, des juristes s'activent afin de recenser les mécanismes qui permettraient de déposer une plainte contre Blair. Le motif? En admettant que la fin a justifié les moyens, Blair a avoué du coup avoir fait une entorse à la convention de Genève de 1957. Autrement dit, il serait coupable de crimes de guerre.


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