Marc Larouche, collaboration spéciale Le Soleil (Trois-Pistoles) Victor-Lévy Beaulieu est le plus heureux des hommes. Le jour même de ses 65 ans, en ses Trois-Pistoles, il a procédé au lancement de son livre Bibi, en présence de plusieurs invités de marque, dont Charles Dantzig, éditeur de la prestigieuse maison Grasset, qui a accepté de publier son livre en France.
«Il y a quelques années, à Montréal, j'avais acheté le livre de VLB sur Victor Hugo. J'avais beaucoup aimé. Lorsque j'ai reçu Bibi, je l'ai lu avec empressement et je suis tombé en amour», raconte M. Dantzig, qui a traversé l'Atlantique spécialement pour l'occasion, en amenant avec lui des journalistes de prestigieuses publications françaises, tels Le Figaro et L'Express.
«Ce n'est pas un hasard si nous avons choisi de lancer Bibi en septembre, car en France, c'est la rentrée littéraire la plus importante de l'année. Ce faisant, Grasset a décidé de mettre ce livre à l'avant-plan», poursuit M. Dantzig.
Quelques rares éléments du texte ont été modifiés, de même que la jaquette, question de répondre aux standards de la maison Grasset. Mais l'ouvrage conserve toute sa couleur. «Il n'y a pas que des québécismes, VLB a ajouté des complications en créant des néologismes, blague l'éditeur. Nous aimons vraiment. C'est un roman ambitieux.» «Dans Bibi, la musique de la langue québécoise est bien là, comme une écriture accessible universellement. L'accent de notre langue y est aussi. C'est ce sur quoi je travaille depuis que j'écris», note un VLB tellement fier qu'il avait même invité celui contre qui il s'était présenté aux élections et est maintenant député, le libéral Jean D'Amour.
«M. Beaulieu n'est pas le premier Québécois qui réussit en Europe, mais il a ceci de particulier qu'il est des nôtres. C'est un homme de chez nous que je respecte depuis toujours.»
VLB a déjà publié quelques ouvrages en France entre 1970 et 1985. Depuis, il explique que le temps lui a manqué. Le fait qu'une maison d'édition aussi prestigieuse que Grasset accepte de le publier constitue-t-il pour lui une consécration?
«Lorsqu'un éditeur qui a publié des auteurs très importants te dit qu'il a lu ton livre, l'a aimé et veut le publier, ça a une très grande valeur.» Se considère-t-il comme un grand auteur? Il répond en paraphrasant son personnage de Xavier Galarneau. «On ne sait jamais ça avant, juste après. Vous savez, les livres qui ont été publiés au XIXe siècle et ont résisté au temps sont peu nombreux. Je ne sais pas si mes livres seront encore lus dans 50 ou 60 ans.» S'il désire donc attendre avant de se prononcer, il avoue tout de même se sentir «comme un petit vicaire de paroisse qui serait appelé à l'archevêché de Montréal pour agir comme un grand vicaire».
«À cause de mes nombreuses occupations, je ne me suis jamais préoccupé d'être lu à l'étranger. Je me disais que ça arriverait peut-être avant mes 90 ans. Ce soir, je suis le plus heureux des hommes et je suis chanceux que ça m'arrive à un petit 65 ans. Être publié chez Grasset a une importance particulière. C'est un hommage pour moi et la région que j'habite, d'autant plus que si j'ai décidé d'être auteur et éditeur, c'est à cause de Bernard Grasset, dont j'avais lu la biographie», conclut-il, remerciant l'auteur Dany Laferrière, aussi publié chez Grasset qui a agi comme son ambassadeur en France. «C'est l'agent le moins coûteux que j'ai eu.»
Ira-t-il en France? «Ça aussi on ne sait jamais ça avant», conclut-il, ajoutant toutefois que cet automne, pour la première fois en 10 ans, il fera sa «visite de paroisses», en commençant par Québec et Montréal. «Si le bon vent est là, il est possible que j'aille à Paris.»
La soirée s'est terminée autour d'un repas des bois et des champs, tenu sous la présidence d'honneur du chef bloquiste Gilles Duceppe.
L'intrigue de Bibi se déroule en Afrique. L'auteur s'y dévoile tout en dénonçant les injustices vécues par ce peuple.
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