Benyamin Netanyahu indésirable au Congrès américain

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La fin approche pour Netanyahou

La visite du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu à Washington, prévue début mars, a déjà fait beaucoup de bruit, écrit jeudi le quotidien Kommersant.
La conseillère à la sécurité nationale du président des États-Unis, Susan Rice, a fait comprendre que cette visite n'était pas convenue avec la Maison Blanche et pouvait nuire aux relations entre les deux pays. Netanyahu veut en effet essayer de convaincre les législateurs américains de résister fermement aux projets des Six et de Téhéran sur le règlement du problème nucléaire iranien. La Maison Blanche considère toujours que l'accord-cadre avec l'Iran peut et doit être conclu avant le 24 mars — date limite fixée par les négociateurs.
Sur la chaîne PBS, Susan Rice a déclaré que la visite de Netanyahu était "non seulement regrettable, mais allait aussi détruire les relations entre nos deux pays". Elle a rappelé que les questions concernant les relations avec Israël avaient toujours été résolues par les démocrates et les conservateurs de manière consensuelle, en ajoutant: "Il faut suivre ce principe. Je crois qu'Israël le veut aussi".
Netanyahu sera à Washington le 3 mars à l'invitation du président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, pour prononcer un discours sur les dangers de l'accord entre les six médiateurs internationaux et Téhéran. Barack Obama et plusieurs de ses collègues du Parti démocrate n'assisteront pas à cette intervention. Netanyahu a également été invité par deux sénateurs — Dick Durbin et Dianne Feinstein — à une rencontre à huis clos avec les membres du Parti démocrate, mais a refusé pour éviter de nouvelles accusations de partialité. Selon le sénateur Durbin, l'invité a au contraire raté l'occasion "d'équilibrer l'invitation du président Boehner qui a provoqué des querelles politiques".
En Israël, la future allocution de Netanyahu est discutée depuis un mois. Les opposants politiques du premier ministre y voient une démarche préélectorale, surtout que la visite, prévue pour mi-février, avait été repoussée plus près de la date des élections anticipées prévues le 17 mars.
Beaucoup d'Israéliens considèrent l'intervention de Netanyahu au Congrès américain comme une tentative de répéter le succès de 2013, quand le programme nucléaire iranien avait été l'élément déterminant de sa campagne. "L'intervention du premier ministre peut influencer la répartition des voix aux futures élections parmi les représentants de la droite, pour qui la sécurité reste un sujet primordial", souligne l'expert de l'Institut du Moyen-Orient Zeev Khanine.
"Il ne faut pas attendre de nouveaux faits liés au programme nucléaire iranien avec cette intervention. Le public entendra probablement encore des arguments déjà exprimés à plusieurs reprises", déclare Andreï Baklitski, expert du Centre de recherches politiques de la Russie. "En outre, les publications récentes démontrent que le premier ministre est prêt à exagérer la menace iranienne, même en contradiction avec les informations de ses propres services de renseignement". La chaîne Al Jazeera et le journal britannique The Guardian rappellent qu'en 2012, le premier ministre israélien avait déclaré depuis la tribune de l'Assemblée générale de l'Onu que l'Iran était capable de développer des armes nucléaires en un an, tout en sachant que l'agence de renseignement israélienne, le Mossad, ne le croyait pas.
Netanyahou lui-même a déclaré mardi que le Congrès était "le dernier espoir" pour arrêter le programme nucléaire iranien, qui "menace l'existence d'Israël". Son parti, le Likoud, a appelé les opposants à le soutenir dans cette affaire d'État en oubliant les désaccords électoraux.

"En Israël, la coalition et l'opposition sont unanimes face à la menace iranienne", a déclaré le leader du parti d'opposition Avoda, Yitzhak Herzog. "Mais contrairement au premier ministre, je crois en une discussion ouverte et honnête sur cette question avec l'administration américaine, aussi bien qu'à la coopération avec les Six. L'intervention de Netanyahu au Congrès est une grande erreur".

D'ailleurs, les perspectives des négociations des Six avec l'Iran restent vagues. L'accord-cadre doit être signé avant le 24 mars et l'accord permanent avant le 1er juillet. Mardi, le Secrétaire d'État américain John Kerry a exprimé son espoir que "bientôt, nous allons savoir si l'Iran envisage de présenter un projet acceptable qui pourra être validé". Cependant, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a signalé qu'il était encore trop tôt pour dire que les parties étaient proches du compromis. Les désaccords essentiels sont liés aux paramètres limitant le programme nucléaire de l'Iran (notamment le nombre autorisé de centrifugeuses) et au mécanisme de levée des sanctions. La nouvelle réunion des Six avec l'Iran au niveau des directeurs politiques aura lieu le 2 mars.


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