Au sujet de la frilosité partisane péquiste

Le décor apocalyptique d'une ville en deuil

Tribune libre

Nombreux sont les commentaires que l’on lit ou entend sur diverses tribunes d’opinions à propos de l’unification des forces souverainistes autour du Parti québécois…Soit! Toutefois, là où le bât blesse pernicieusement, c’est dans la « frilosité partisane péquiste » lorsque certains intervenants, et j’en suis, osent flatter le « chat » à rebrousse-poil!
À cet effet, je vous propose cet exemple à titre de
« ballon d’essai » : certains quotidiens ont publié dernièrement des articles relatifs à la décision du gouvernement Marois d’étudier les empiètements du fédéral dans les compétences du Québec. Voici des extraits de deux d’entre eux :
« Quelques semaines avant le dépôt de son budget et fort possiblement en période pré-électorale, le gouvernement péquiste recevra en janvier prochain un rapport sur les « empiètements » du fédéral. Il faut mettre fin au fédéralisme « dominateur, paternaliste et de dédoublement », a lancé le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier, lors du lancement du comité qui rédigera le rapport…
Le rapport devrait chiffrer le coût spécifiquement pour les municipalités et la santé… « Nous serons plus à même d’identifier ce qui est urgent et entamer les négociations » La Presse, 18 juin 2013
Le 19 juin 2013, Le Soleil publie un article intitulé « Le PQ veut étudier les « ingérences » fédérales » dans lequel on nous informe que le gouvernement Marois investit 500 000 $ pour répertorier l’ensemble des dédoublements causés par l’empiètement d’Ottawa dans les compétences du Québec. Enfin, une excellente initiative, me dis-je.
Toutefois, la conclusion de l’article en question jette une douche froide sur mes premières réactions lorsque j’apprends que le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier, « jure qu’il n’est pas à la recherche d’une confrontation avec Ottawa pour mousser l’option souverainiste. »
« Entamer les négociations » avec Ottawa!…Des termes irritants…de l’aplaventrisme dénigrant issu de la gouvernance dite
« souverainiste », du déjà vu désuet…de l’ancien servi à la moderne…une démarche qui nous conduit inévitablement au cul-de-sac!
Le ministre Cloutier « ne recherche pas la confrontation avec Ottawa »…Mais pourquoi diable ne profite-t-il pas de cette occasion stratégique pour « mousser l’option souverainiste » et faire voir aux Québécois les avantages de la souveraineté au lieu de la balayer servilement sous le tapis ?
Enfin, j’adresse cette question aux fervents défenseurs de la gouvernance souverainiste : croyez-vous sérieusement qu’une approche aussi « timide » de la part du ministre Cloutier saura susciter l’intérêt nécessaire envers le PQ comme
« pôle d’attraction » au ralliement des forces souverainistes?
Le décor apocalyptique d’une ville en deuil
Nous avons tous été stupéfiés par les images du décor apocalyptique laissé par le déraillement d’un train de la Montreal, Maine and Atlantic Railway Inc. en plein cœur de la municipalité de Lac-Mégantic vers 1 h samedi le 6 juillet.
Des images de désolation d’un « centre-ville cratère » qui laissent très peu d’espoir de retrouver des survivants, un hôpital placé samedi au petit matin en mode alerte orange, prêt à accueillir des hordes de blessés, un transport d’ambulance inopérant depuis le site jusqu’au centre hospitalier, le brasier étant trop ardent pour que les secours puissent y accéder.
Les secours arrivent de partout…Toutefois, le pire des fléaux qui laissera une marque dévastatrice au cœur des survivants de cette tragédie est le deuil amer avec lequel ils devront vivre dans les prochains mois, voire les prochaines années. En ce sens, la priorité devrait, selon moi, s’organiser autour d’une « brigade » de compétences formée pour apporter une aide psychologique adéquate aux survivants de ce cataclysme qui dépasse l’entendement humain.
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2032 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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5 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    10 juillet 2013

    Je remercie M. Marineau, M. Gaston Carmichael et Luc Bertrand pour leurs aimables commentaires et leurs solides explications.
    Je ne partage pas leurs points de vue. Cela n’est pas bien grave du moment que nous restons dans un débat d’idées. Et c’est encore moins grave si nous souhaitons la même Destination. Et nous la souhaitons cette même Destination.
    J’aurais pu répondre plus longuement à propos de la gouvernance souverainiste. C’est le texte de M. Marineau. Je reviendrai tourmenter amicalement ceux d’O.N., qui sont amplement capables de me rendre la pareille.

  • Luc Bertrand Répondre

    10 juillet 2013

    C'est tout à fait juste, monsieur Marineau. Alexandre Cloutier nie vouloir mousser l'option souverainiste car le gouvernement Marois a été élu sans mandat explicite pour faire l'indépendance.
    D'ailleurs, comme je l'ai écrit à Richard Le Hir (http://www.vigile.net/Une-tragedie-nationale-qui-pose-la) ce matin, la catastrophe de Lac-Mégantic aurait été une merveilleuse occasion pour le Québec de poser un "geste de rupture" avec le Canada en assumant les responsabilités du fédéral en matière de transport ferroviaire. Pauline Marois rétorquera peut-être que c'est son statut minoritaire qui l'en empêche, mais c'est plutôt le fait qu'elle n'a jamais sollicité de mandat pour faire l'indépendance. Si ce n'était pas qu'elle constitue un boulet pour son parti dans les sondages, elle aurait peut-être été majoritaire si elle avait eu le courage de s'engager à réaliser l'indépendance.
    À Marcel Haché, si Option nationale n'a récolté que 2% des électeurs le 4 septembre dernier, outre l'exclusion de Jean-Martin Aussant du débat des chefs, c'est surtout à cause de la peur des gens de voir Charest et les libéraux obtenir un 4e mandat de suite, malgré tous les dommages qu'ils ont fait à leur État. Également, par sa seule existence, le Parti québécois, avec la complicité des médias le disant "souverainiste", nuit au renouvellement du mouvement indépendantiste, en attirant de bons candidats en leur miroitant un poste de ministre et en laissant le débat public porter strictement sur la stricte gouvernance provinciale. En évacuant ainsi systématiquement la seule solution à notre impuissance collective, le PQ contribue à discréditer l'idée de l'indépendance en semant le doute quant à sa nécessité.
    Il y a encore beaucoup de travail à faire dans les instances d'Option nationale, notamment pour assurer l'irréversibilité du processus vers l'indépendance une fois ON porté au pouvoir et pour insister sur le fait que le fameux "projet de société" ne saura se faire en toute sérénité et en tout contrôle qu'une fois Ottawa sorti du portrait politique. Mais c'est clair que la meilleure voie (et voix) des indépendantistes vers notre objectif est Option nationale. Quand c'est la jeunesse qui forme l'essentiel des membres d'un parti, c'est un signe qui ne ment pas.
    Monsieur Haché, vous connaissez certainement la valeur des sondages, surtout ceux faits électroniquement sans égard de la composition démographique, linguistique, scolaire ou autre de l'échantillon sondé. Ce n'est que depuis peu qu'ON est listé dans les choix possibles offerts par les sondeurs. De toute façon, la tendance envers ON est en progression, à mesure que les électeurs comprennent que le PQ n'est plus sérieux envers l'indépendance et qu'il préconise les mêmes solutions néolibérales que les libéraux et la CAQ.
    Si un vote pour ON est nécessairement un vote pour l'indépendance, celle-ci se fera lorsque la population sera prête à nous faire confiance. Entretemps, nous poursuivons la pédagogie de l'indépendance en l'opposant systématiquement aux solutions provincialistes et futiles de nos adversaires.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juillet 2013

    @M. Haché,
    Pour vous, la gouvernance souverainiste serait un succès appréhendé.
    De l'étapisme, à la théorie des petits pas, à la gouvernance souverainiste, cela fait 40 ans que l'on utilise cette stratégie. La lumière est toujours au bout du tunnel.
    Est-il possible de fixer une date butoir à partir de laquelle on pourra admettre que si l'indépendance ne s'est pas encore réalisée, elle ne se réalisera jamais?
    Le danger avec la stratégie actuelle est qu'elle prévient la possibilité de toutes autres stratégie. Lorsque l'on aura la preuve irréfutable que la stratégie actuelle ne fonctionne pas, il sera sans doute trop tard pour tenter une stratégie alternative.
    "Its my way, or no way!". J'espère bien que vous ayiez raison. Parce que sinon, cela sera "Over, and out!"

  • Henri Marineau Répondre

    9 juillet 2013

    @ Marcel Haché
    Vous dites: "Il n’y a pas de différence entre les propositions d’O.N. et celles des référendistes de naguère.C’est le même échec appréhendé."
    Je pourrais vous répondre ainsi: "Il n'y a pas de différence entre la gouvernance dite souverainiste et l'étapisme de Claude Morin ou les conditions gagnantes de Lucien Bouchard. C'est le même échec appréhendé."
    Quant au 2% des suffrages obtenus par ON lors des dernières élections [4% lors des derniers sondages], il a au moins l'avantage de regrouper de véritables indépendantistes et, souvenez-vous...Rome ne s'est pas bâtie en un jour!

  • Marcel Haché Répondre

    9 juillet 2013

    "Enfin, j’adresse cette question aux fervents défenseurs de la gouvernance souverainiste : croyez-vous sérieusement qu’une approche aussi « timide » de la part du ministre..."
    Pourquoi "timide" ? Parce que vous rejetez d'emblée la gouvernance souverainiste et que vous ainsi que tous ceux d'O.N. ne seriez pas timides.Peut-être auriez-vous intérêt à l'être, timide. Proposez-vous plutôt que le P.Q. et tout l'électorat québécois qui a rejeté aussi massivement qu'à 98% les propositions d'ON.,proposez-vous que pour bien faire c'est le P.Q. qui devrait se rallier à elle afin de prendre du muscle ?
    Etes-vous incapable de prendre la bonne mesure des forces en présence et admettre l'urgence de la situation de la question nationale, ou croyez-vous simplement qu'en dehors des propositions d'O.N. il n'y a pas de salut et que la cause de l'indépendance serait perdue parce qu'elle serait trahie ?
    Il n'y a pas de différence entre les propositions d'O.N. et celles des référendistes de naguère.C'est le même échec appréhendé.