Attentat de Strasbourg : la “paranoïsation/désassimilation” des musulmans, terreau du radicalisme islamiste

5754dae3b017fd17fec539e85b65c959

L'islam radical prospère en raison de la politique d'immigration massive pratiquée depuis 30 ans en Europe




Quelques jours après cet énième attentat perpétré par l’islamo-délinquant Chérif Chekatt, au profil désormais habituel, Alexandre del Valle, qui a échangé avec le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), Eric Denécé, rappelle que le terrorisme djihadiste à la Daech n’est que la partie émergée du “fascisme vert”.


Pour Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), les mouvances islamistes qui projettent d’islamiser « pacifiquement » l’Occident « judéo-croisé », via la dénonciation de « l’islamophobie » et la subversion, sont une menace bien plus profonde pour nos sociétés. D’autant que l’islamo-terrorisme des « coupeurs de têtes », qui intimident physiquement, n’est que le produit de l’islamo-communautarisme des « coupeurs de langues », qui intimident psychologiquement en créant le terreau fertile du communautarisme islamiste par leur stratégie de « désassimilation » et de « paranoïsation ».


L’islamisme radical est familialement contagieux et il dispose de « terreaux » fertiles d’incubation dans des zones d’extra-territorialité ethno-tribale et confessionnelle


Commençons tout d’abord par les parents de Chérif Chekatt : après leur interrogatoire, ceux-ci ont confirmé que leur fils avait bien adhéré depuis plusieurs années aux préceptes de l’Etat islamique après avoir « admiré » Ben Laden dont il avait des affiches. On sait depuis l’attentat de Strasbourg que Chérif Chekatt était un islamiste idéologisé en profondeur et même un pratiquant (malgré son profil de voyou) et que, loin d’être un « loup solitaire auto-radicalisé », il est issu d’une famille islamiste, à commencer par son père, Abdelkrim, Algérien naturalisé français radicalisé salafiste de longue date et fiché (« fiché S » et surtout FSPRT).


Dans ses divers photos et entretiens médiatiques diffusés récemment, Abdelkrim Chekatt exhibe une longue barbe rousse teinte au henné et n’a pas de moustache, visuel typique des salafistes qui s’appuient sur le hadith (source de la loi islamique avec le Coran) : « Laissez-vous pousser la barbe et rasez-vous la moustache, pour ne point ressembler aux juifs, aux chrétiens et aux zoroastriens. » Comme nombre d’autres cas similaires, on sait que ce père fut très violent et qu’un autre fils, Sami, a été arrêté quant à lui en Algérie pour « association de malfaiteurs terroristes »... Une affaire familiale.


Dans l’état actuel de l’enquête sur le drame de Strasbourg, on sait donc que Abdelkrim Chekatt et son frère, Malek, alias « Elias, tous deux connus des services de police pour leur radicalisation islamo-salafiste », ont joué un rôle majeur dans la sensibilisation de Chérif à l’idéologie islamiste. Comme pour le cas de Mohamed Merah, dont la mère avait transmis à ses enfants la haine envers les juifs et les Gaulois, l’appartenance du père et des frères Chekatt à la mouvance radicale salafiste démontre une fois de plus que le milieu parental, culturel et religieux - donc l’éducation - joue énormément dans le processus de pré-radicalisation, surtout si cet « héritage » radical est entretenu dans des « quartiers » de non-droit et de non-France, véritable terreau ethno-tribal qui développe une « contre-culture islamique » subversive civilisationnellement hostile.


Il est plus facile de neutraliser ex ante les djihadistes dans un régime autoritaire que dans une démocratie libérale


De la fratrie Merah à celle des Chekatt, moult exemples comparables prouvent que le phénomène des naturalisations facilitées par le droit du sol a entraîné des conséquences socio-sécuritaires désormais irréversibles, puisque nos islamistes les plus dangereux sont pour la plupart inexpulsables, car « Français » (« menace endogène »). D’où la demande légitime de certains observateurs visant à supprimer ou réviser/limiter le droit du sol et remettre en application les articles de la loi en vigueur qui permettent de déchoir de leur nationalité française des naturalisés ou fils de naturalisés. Sur le papier, la loi prévoit en effet la possibilité de déchéance de nationalité, laquelle serait en espèce applicable non seulement pour le père (Abdelkrim) mais aussi pour les enfants Chekatt, de mère marocaine et de père algérien, donc insusceptibles de devenir « apatrides » puisqu’ils sont éligibles à une autre nationalité d’origine.


Eric Denécé, qui publie en janvier prochain Le renseignement au service de la démocratie (éditions Fauves, 2018, avec Jean-Marie Cotteret), nous rappelle (hélas) à juste titre que l’on peut très difficilement déchoir de leur nationalité des personnes nées « françaises », comme Chérif Chekatt, ou naturalisées, comme son père, ceci quoi que l’on pense de ces deux énergumènes que l’on préférerait ne jamais avoir vu évoluer chez nous et qui ne méritent certes pas leur nouvelle nationalité puisque leur idéologie islamiste leur fait haïr l’Occident, la France et nos valeurs tant républicaines-laïques que judéo-chrétiennes.


En réalité, dans nos Etats de droits hyper-protecteurs des libertés, la pratique judiciaire et les jurisprudences fondées sur la préservation des droits de l’homme permettent très difficilement la mise en pratique préventive généralisée d’une déchéance de nationalité de personnes pas encore passées à l’acte. Certes, on sait à quel point ces derniers - comme leurs menteurs idéologiques - sont très bien instruits dans l’art de mentir, dissimuler et tromper l’ennemi (« ruse de guerre » ou « taqiya »), mais la justice fonctionne sur des preuves. Ensuite, il faut tenir compte du fait que les pays d’origine ne veulent généralement pas « récupérer » leurs brebis galeuses expulsées, a fortiori les enfants d’islamistes nés Français.


Abdelkrim Chekatt a d’ailleurs clairement condamné formellement Daech et les meurtres de son fils dans des interviews récentes, ce qui suffira à la justice pour refuser une déchéance de nationalité éventuelle. Il suffit donc aujourd’hui pour tout islamiste radical (même celui qui a contribué à transmettre le virus islamiste totalitaire à ses enfants comme Abdelkrim) de dénoncer nominalement Daech ou le dernier attentat en date pour passer ipso facto dans la catégorie de « modéré » et pour poursuivre ainsi l’activité de propagande douce (dàawa) dans les quartiers, les mosquées et bien sûr les médias avides de sensationnel et ravis d’interroger hier la maman outrancièrement menteuse de Mohamed Merah et aujourd’hui le père salafiste patenté de Chérif Chekatt.



Denécé reconnaît que si la plupart des jihadistes qui ont frappé ces dernières années sont connus des services de police, cela montre seulement que nos services font bien leur boulot, leur travail de renseignement, mais cela ne permet pas à l’Etat de droit de faire enfermer à vie ou momentanément les fiches s.



Eric Denécé rappelle que, dans nos sociétés, le respect des lois démocratiques et du droit empêche de neutraliser des individus comme les Chekatt tant qu’ils ne passent pas à l’acte et que l’on ne dispose pas de preuves tangibles de leur détermination à frapper. Denécé reconnaît que si la plupart des djihadistes qui ont frappé ces dernières années sont connus des services de police, cela montre seulement que nos services font bien leur boulot, leur travail de renseignement, mais cela ne permet pas à l’Etat de droit de faire enfermer à vie ou momentanément les « fichés S » (ou FSPRT) juste parce qu’ils ont suivis pour adhérer à une idéologie radicale. Ceci n’est en effet pas un délit en soi, et le « fichage » (idéologique) ne suffit pas à être inculpé et encore moins privé de liberté.


Le directeur du CF2R affirme même que ce respect des libertés d’opinions, même radicales, est justement « ce qui nous protège tous en tant que citoyens de tous, face à l’arbitraire, et cela a donc du bon ». Denecé rappelle que les 300 morts du terrorisme islamiste en France (20 morts par an depuis 2001) sont en fin de compte assez « peu » comparés aux 26 000 morts violentes par an pour d’autres raisons, dont 20 000 accidents domestiques, 1600 homicides, dont 750 enfants qui meurent sous les coups de leurs parents ; 300 femmes tuées chaque année, 150 hommes par leur conjointes ou conjoints; sans oublier les 80 victimes annuelles d’avalanches et de noyades et les 11 000 morts dans les accidents de la route…


Le directeur du CF2R ne nie pas pour autant la gravité de la menace islamiste, mais il affirme que si ceux qui passent à l’action djihadiste sont une infime minorité (sur les 120 000 salafistes pratiquants en France), car « l’islamisme radical qui ne fait pas de morts mais embrigade est bien plus étendu et menaçant pour la société ». C’est ce terreau idéologique qu’il faut combattre de façon également idéologique, car ce totalitarisme islamiste a pour but de transformer-conquérir la société française par une stratégie subversive bien plus sournoise, profonde et de longue haleine. D’où la formule de Denécé à propos de ceux qui défendent les « islamismes radicaux » dès lors qu’ils se déclarent non-jihadistes : « Etre aujourd’hui politiquement correct sur le sujet c’est être islamiquement complice ».


Il va falloir s’habituer à la poursuite ou même à la recrudescence des attentats islamistes


Même si l’affirmation paraît choquante, révoltante même, nous devons par conséquent nous préparer à une recrudescence des actes terroristes islamistes dans les prochains mois, sachant que près de 450 personnes radicalisées (ceux des années 2000) vont sortir très bientôt de prison après avoir pris une quinzaine d’années d’emprisonnement au maximum (à part des cas rares comme le terroriste polonais Chrystian Ganczarski ex-bras droit de Ben Laden, incarcéré à Mont-de-Marsan). En plus de tous ceux-là, qui sont aguerris et sont devenus souvent plus haineux et féroces en milieu carcéral qu’avant, il faut compter tous ceux, non encore passés à l’acte ou « dormants », qui ont été convertis en prison par les premiers ; puis les 323 jihadistes « revenants » qui ont été récemment exfiltrés des djihads irakien et syrien. Sans oublier non plus les centaines « d’empêchés sortants », frustrés de ne pas avoir pu partir en Syrie et qui comptent accomplir en terre «infidèle » le djihad qu’ils voulaient mener au Proche-Orient.


On retrouve parmi ces deux dernières catégories 60% d’hommes majeurs, 21% de femmes majeures et 21% de mineurs. Plus inquiétant encore, dans les mois à venir, le nombre de « revenants » va considérablement augmenter en France, puisque 1180 individus (dont 500 enfants ou « lionceaux du califat» sont toujours sur place) et vont revenir, tantôt naturellement sans être forcément identifiés, soit dans le cadre d’extraditions ou échanges. Une seule bonne nouvelle dans ce contexte irako-syrien, la ministre des Armées, Florence Parly, a réaffirmé que les djihadistes français arrêtés en Irak seront jugés sur place, même si la peine de mort pour « terrorisme » y est toujours en vigueur.


Certes, la ministre a précisé qu’elle était opposée à la peine de mort pour les Français, mais dans les faits, rien ne pourra empêcher la justice irakienne (ou syrienne) d’exécuter des peines. Toutefois, il en va autrement bien sûr pour les djihadistes français rapatriés dans l’Hexagone, qui feront probablement très peu d’années de prison étant donnée la difficulté de prouver leurs faits d’armes et sachant que la justice française refuse premièrement de coopérer avec le régime syrien honni de Bachar et ne considèrera pas forcément les « preuves » apportées par la justice irakienne pour des motifs d’incarcération.



Leur poursuite pour association de malfaiteurs terroriste en France ne mènera la plupart du temps qu’à des absences de peines, des peines avec sursis ou des peines assez courtes, étant donné les emprisonnements préventifs ou effectués en Irak et le manque de chefs concrets d’inculpation.



Sans parler des milices kurdes qui détiennent des djihadistes français et qui n’ont officiellement aucune reconnaissance internationale, le Kurdistan n’existant pas légalement. Enfin, nombre de « jeunes » volontaires engagées dans les légions de Daech ou d’Al-Qaïda en Syrie, en Irak ou ailleurs en 2014-2015 reviendront en toute liberté sur le territoire français après n’avoir pris que six à dix mois de prison pour simple « entrée illégale sur le territoire irakien », faute de preuves d’actions terroristes. Ces personnes libérables ou libérées seront « prises en charge par un juge » et des « psychologues ». Leurs enfants seront suivis par les premiers et par des assistantes sociales qui finiront par croire à leur repentir. Leur poursuite pour « association de malfaiteurs terroriste » en France ne mènera la plupart du temps qu’à des absences de peines, des peines avec sursis ou des peines assez courtes, étant donné les emprisonnements préventifs ou effectués en Irak et le manque de chefs concrets d’inculpation pour ceux qui n’ont pas pris les armes et ont juste soutenu Daech de façon « humanitaire ».


Enfin, le cas de nos prisons est également problématique, puisqu’en raison du manque de cellules (40 000 places de prisons à construire), et du coup d’avance qu’ont systématiquement les fanatiques sur la lente justice depuis des décennies, les prédicateurs djihadistes des première et deuxième génération n’ont cessé de former tranquillement ceux de la « troisième génération ». Ce sont donc des milliers de Mohamed Merah et Chérif Chekatt qui sommeillent dans de nombreux « quartiers » difficiles, civilisationnellement étrangers et de plus en plus hostiles qui sont aux mains de caïds violents shootés au rap identitaire « muslim » et de barbus salafistes qui gagnent du terrain (plus de 120 000 aujourd’hui parmi les jeunes des cités) en promettant notamment aux premiers de se « racheter » en adhérant à l’islam « pur » salafiste, qu’il soit djihadiste-terroriste (« coupeurs de têtes » minoritaires ») ou islamiste-soft (maîtres-censeurs « coupeurs de langues »). 


Politiques migratoire et d’intégration défaillantes couplées à une justice laxiste et à une politique carcérale ubuesque


Depuis des décennies, nos sociétés ouvertes à tous les vents multiculturalistes ont fait venir dans leur bergerie démocratique des loups totalitaires. Le mal est fait. Et chaque année qui passe rend plus douloureuse et difficile la thérapie. Nous avons pendant des années accepté une immigration indiscriminée et incontrôlée sans vouloir faire de sélection d’un point de vue civilisationnel et sans maintenir une politique d’assimilation rigoureuse. Le démographe Alfred Sauvy avait pourtant averti : attention, une immigration incontrôlée à trop forte dominante non-européenne musulmane deviendra problématique. Or, le terrain premier du djihadisme - comme de l’islamisme communautariste qui gangrène et fragmente de plus en plus nos sociétés - est bien celui de la non-intégration. Et les islamistes, qu’ils soient violents ou pas, veulent désassimiler les musulmans issus de l’immigration dont ils comptent instrumentaliser ou exagérer le mal-être afin de créer le chaos. 


Parallèlement, le système carcéral actuel mal adapté et où vient à peine d’être créé un service de renseignement propre, a laissé former des milliers de néo-islamistes y compris des terroristes. Quant à elle, la justice, de plus en plus laxiste et fondée sur une vision philosophique déresponsabilisante, libère au bout de quelques années des Bertrand Cantat ou des logeurs de terroristes comme Jawad Bendaoud, lequel n’a pris que quelques années de prison pour avoir tué un de ses copains à coups de machette et a réussi à être une première fois relaxé après avoir pourtant logé les terroristes du Bataclan (en se vantant durant son procès de vendre de la cocaïne et de loger illégalement des clandestins dans des squats).


En outre, les islamistes - « djihadistes » ou « soft » - manient à merveille la double arme séparatiste de la paranoïsation et du victimisme, laquelle leur sert à justifier psychologiquement et moralement la « désassimilation » : le procédé consiste, grâce aux « coupeurs de langues » antiracistes et à la paranoïa conspirationniste, à faire croire aux musulmans, pratiquants ou pas, qu’ils sont foncièrement victimes d’un « racisme d’État », d’une «islamophobie » intrinsèque de l’occidental « de souche », et que les « mécréants » des pays d’accueil sont hostiles par nature.



La vraie urgence consiste à reprendre en main l’organisation de l’islam et à couper les musulmans d’Occident de l’influence subversive de ces pôles de l’islam officiel.



On doit dès lors se séparer de ces « infidèles » hostiles par le repli communautariste ethno-confessionnel. Cette entreprise de sécession civilisationnelle et ethno-confessionnelle encouragée par les multiculturalistes comme par les islamistes officiels (qui ont pignon sur rue dans nos sociétés) est le vrai et premier terreau de recrutement islamiste radical. Il a été trop longtemps sous-estimé alors qu’il constitue, plus que les bombes djihadistes elles-mêmes, une funeste bombe à retardement géo-civilisationnelle. Cet état des lieux peu rassurant, que nous rappelle chaque dernier attentat perpétré par des « Français » qui ont appris dans nos villes à devenir des ennemis de la France, a été permis par nos élites irresponsables et par le fait que nos pays post-coloniaux culpabilisés ont confié les musulmans aux pôles de l’islamisme mondial conquérant : salafisme saoudien, Frères musulmans, Qatar, Pakistan, Tabligh, pôle turco-néo-ottoman, Al-Azhar, etc. Ces pôles, dont certains ont des liens financiers directs avec des élites dirigeantes occidentales, ont pourtant pour objectif stratégique affiché de convertir/islamiser l’Europe via la réislamisation-désassimilation des musulmans. D’où la vraie urgence qui consiste à reprendre en main l’organisation de l’islam et à couper les musulmans d’Occident de l’influence subversive de ces pôles de l’islam « officiel », trop souvent synonymes ou sources doctrinales et géopolitiques de l’islamisme.