Après la démission de Wauquiez, Macron et les Le Pen prêts à dépecer la droite

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L'éclatement total de la droite classique va favoriser le ralliement des centristes à Macron

Double OPA sur la droite. Laurent Wauquiez n’avait pas encore annoncé au journal de 20 heures de TF1 qu’il démissionnait de la présidence des Républicains, ce dimanche 2 juin, que les offensives venaient de tous les côtés. La Macronie, d’abord, lorgne les cadres du parti, sorti laminé des élections européennes du 26 mai (8,5% pour la liste menée par François-Xavier Bellamy). Fidèles aux rôles de rabatteurs qu’ils tiennent depuis le début du quinquennat, les ex-LR du gouvernement ont repris de plus belle leur opération démarchage. Sébastien Lecornu, ministre des Collectivités territoriales, a ainsi appelé les maires de droite à quitter LR, dimanche dans le JDD : « Ils ne sont pas obligés d'être d'accord avec nous sur tout. Mais qu'est-ce qui les retient autant dans le parti de Laurent Wauquiez ? ».


Son compère Gérald Darmanin lui a soigneusement fait écho ce lundi sur Europe 1. « Ce qu'il faut, c'est de la cohérence idéologique, travailler pour le pays. Emmanuel Macron et Edouard Philippe sont en train d'aider le pays à aller mieux », a martelé le ministre des Comptes publics. Non sans quelques amabilités d’adieu pour Laurent Wauquiez, « un homme sectaire » qui « a amené la droite à 8% ».


Alors que 27% des électeurs de François Fillon en 2017 ont voté pour la liste de La République en marche (LREM) aux européennes, selon un sondage Ipsos, l’objectif de ces ministres est limpide : arrimer définitivement à la Macronie la frange libérale et orléaniste de la droite. Nul doute que le discours de politique générale que doit prononcer Edouard Philippe le 12 juin sera aussi parsemé de clins d’œil appuyés en ce sens. Certains élus LR répondent d’ailleurs à l’appel : plusieurs maires des Hauts-de-Seine, un bastion historique de la droite aujourd’hui hautement macronisé, devaient quitter leur parti ce lundi, rapporte Le Parisien. Ils suivent les pas du maire de Quimper, Ludovic Jolivet, qui a claqué la porte la semaine dernière.


Mais de l’autre côté de l’échiquier politique aussi, on lorgne sur la droite (ou ce qu’il en reste). Quelques minutes seulement après l’annonce de la démission de Wauquiez, Marine Le Pen y est allée de son appel du pied sur Facebook : « Nous tendons la main à tous les cadres et électeurs LR patriotes, attachés à la défense de notre identité, à la fin du matraquage fiscal et à la restauration de la grandeur française ». La patronne du RN a beau se réclamer d’une ligne « ni droite, ni gauche », le résultat des européennes montre que ses réserves de voix se situent essentiellement à droite : 18% des électeurs de François Fillon et 23% de ceux de Nicolas Dupont-Aignan ont voté pour la liste RN, toujours selon Ipsos.


Par ce message, la patronne du RN répondait surtout à sa nièce Marion Maréchal, qui s’est invitée sans complexe dans l’opération siphonnage de la droite. Malgré son retrait de la scène politique, l’ex-députée a répondu dimanche à une interview sur LCI, appelant à une « alliance des droites ». « Le Rassemblement national ne peut pas capter à lui seul l'ensemble des personnalités politiques, des élus ou même des électeurs », a-t-elle jugé dans une pique remarquée à sa tante. Elle souhaite donc que « puisse émerger de cette débâcle des Républicains ce courant de droite qui se structure, qui puisse demain accepter le principe d'une grande coalition avec le Rassemblement national ».


Pendant que s’agitent toutes ces convoitises, chez LR, c’est le sauve-qui-peut général. L’ex-ministre Jean Leonetti, vice-président délégué du mouvement, doit assurer l’intérim après le départ de Wauquiez, mais personne ne s’est encore déclaré pour prendre la tête du parti moribond...


Pour l’instant, Gérard Larcher est à la manœuvre et doit réunir mardi, dans un Novotel du XVe arrondissement de Paris, tous les chapeaux à plume : Valérie Pécresse, François Baroin, Christian Jacob, Bruno Retailleau, Dominique Bussereau ou encore Hervé Morin. Le président du Sénat veut « engager une démarche au travers des territoires pour reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre », comme il l'a déclaré la semaine dernière. Des termes bien vagues qui laissent penser qu’au milieu d’une telle tourmente, il n’est pas sûr que la « droite Novotel » parvienne à sauver les quelques meubles qui restent.