Admirable Churchill

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Un homme d'exception, comme le fut de Gaulle

Admirable Winston Churchill. On le célèbre, aujourd'hui, car il est mort il y a 50 ans. Sa commémoration est plus que méritée. La commémoration contribue aussi à l'éducation des peuples, en rafraichissant leur mémoire.
Churchill avait la puissance du patriote entêté qui se montre intransigeant sur l'essentiel. Il s’acharnait à dire de son pays qu'il s'aveuglait devant une terrible menace, celle de l’Allemagne de Hitler. On l'accusait d'être un prophète de malheur, on le traitait en épave de la grande guerre, exagérant les périls pour se rendre à nouveau indispensable. Quand les peuples veulent se coucher, quand ils ne veulent pas affronter la réalité en face, ils sont prêts à toutes les bassesses. Ils taxeront d'extrémisme ceux qui regardent le monde lucidement, parce qu'ils viennent troubleur leur quiétude, peut-être même leur sommeil. On préfère les chasser de la vie publique ou les enfermer dans les marges. On préfère les humilier. De Gaulle s'est fait faire le même coup.
Et pourtant, Churchill avait vu juste sur l'essentiel. Et comme on le sait, lui qu'on disait mort et enterré est revenu aux affaires, en 1940. Après la chute de la France, il incarnera la résistance de la civilisation contre une barbarie meurtrière dont il avait deviné la vraie nature. Il savait que la guerre ne mettait pas seulement en scène la Grande-Bretagne contre l’Allemagne, mais la civilisation contre sa négation la plus absolue. Parce qu’il voyait clair, il savait qu’il n’avait tout simplement pas le droit de ne pas résister. Les hommes raisonnables ne sont pas toujours les plus qualifiés pour affronter des périls hors-normes. Il faut alors se tourner les hommes plus grand que nature.
Churchill n'entrait pas dans la petite case de la respectabilité politicienne. C'était un homme à part, et les mille anecdotes qui alimentent sa légende le confirment. C’était une boule d’énergie et de vitalité. Il n’a pas goûté la vie paisiblement mais l’a traversé en aventurier. Évidemment, il voulait gouverner et n’était pas un pur idéaliste. Churchill n'était pas un saint, mais un héros. Un héros tragique. Mais il n’était pas prêt à toutes les contorsions de principe pour aller à la gamelle, pour avoir son petit morceau de pain public.
Je devine qu'un homme comme lui peut être épuisant en temps de paix, dans les années douces, quand rien ne semble grave. Mais lorsqu'un peuple espère accomplir quelque chose d'exceptionnel, ou lorsqu’il doit traverser une épreuve immense, il ne peut que se tourner vers le grand homme. Quand j'entends des zozos nous expliquer qu'en politique, les hommes comptent pour peu, et qu'on doit seulement compter sur les mouvements de fond et les tendances statistiques, j'y vois une immense sottise. Car à certains moments particuliers, ce sont les hommes d'exception qui peuvent réveiller les meilleures énergies d'un peuple et lui permettre de traverser les plus grandes épreuves.
En fait, ce sont les hommes d’exception qui réveillent le sens du sacré, qui convainquent un peuple de se mobiliser, de se battre, de faire les sacrifices nécessaires aux grands accomplissements. Ensuite, on se lassera d’eux. On les chassera, même, en cultivant à leur endroit un désamour ostentatoire. Qu’il décampe, le vieux ! Mais l’histoire passe, et la mémoire renoue avec la vérité historique, on retient leur prescience, leurs exploits, leur épopée, et ils restent dans l'histoire des nations et des civilisations comme autant de modèles qui nous inspireront longtemps.
Demain, je lui consacrerai ma chronique du Journal de Montréal pour lui rendre hommage.


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