Le Yémen est le cinquième pays à avoir annoncé, lundi 5 juin, qu’il rompait ses relations diplomatiques avec le Qatar, estimant que « les agissements du Qatar à l’égard des milices putschistes [houthistes] et son soutien à des groupes terroristes deviennent clairs ».
Quelques heures plus tôt, l’Arabie saoudite, l’Egypte, les Emirats arabes unis et Bahreïn avaient invoqué des questions de sécurité nationale pour justifier la rupture des relations diplomatiques avec leur voisin. Ils l’accusent, en effet, de déstabiliser la région et de soutenir des « groupes terroristes », y compris Al-Qaida, l’organisation Etat islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans.
Le gouvernement libyen dissident de Baïda, qui ne contrôle qu’une petite partie du pays, a aligné sa position sur celle de son voisin égyptien. De même, les Maldives ont rejoint le mouvement visant à mettre au ban Doha.
Suspension des liaisons
L’Arabie saoudite a décidé la fermeture des bureaux de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira. Les citoyens qataris ont désormais quatorze jours pour quitter l’Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn, et les ressortissants de ces trois pays se voient interdire de se rendre au Qatar. Les diplomates qataris devront, pour leur part, quitter ces pays sous quarante-huit heures.
L’Arabie saoudite et Bahreïn ont, en outre, annoncé la suspension de toutes les liaisons terrestres, aériennes et maritimes avec l’émirat, ce qui bloque les importations de biens par voie terrestre du Qatar à travers l’Arabie saoudite.
L’Egypte a également annoncé la fermeture des frontières « aériennes et maritimes » avec Doha, une décision qui sera appliquée « dès mardi 6 juin à 6 heures [au Caire] et ce jusqu’à nouvel ordre », selon le ministère de l’aviation civile.
Les compagnies aériennes émiraties Etihad, Emirates, flydubai et Air Arabia, ainsi que la Saudia et Gulf Air (Bahreïn), ont annoncé la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de tous leurs vols vers ou depuis le Qatar. Qatar Airways a, pour sa part, suspendu ses vols vers l’Arabie saoudite.
Le Qatar, qui se targue de jouer un rôle régional et d’avoir été choisi pour organiser le Mondial 2022 de football, a en outre été exclu de la coalition militaire arabe qui combat des rebelles pro-iraniens au Yémen.
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« Totalement inacceptable » pour Doha
De son côté, le Qatar a dénoncé par un communiqué de son ministre des affaires étrangères des mesures « injustifiées » et « sans fondement ». Elles ont un « objectif clair : placer l’Etat [du Qatar] sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté » et est « totalement inacceptable », écrit-il. Le Qatar « prendra les mesures nécessaires pour mettre en échec les tentatives d’affecter sa population et son économie ».
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Première conséquence de cette crise diplomatique, la Bourse de Doha a ouvert en forte baisse lundi matin, perdant 5,7 % dans les cinq premières minutes des échanges. Vodafone Qatar était particulièrement affecté avec une baisse de 8,9 %, tandis que la Qatar National Bank, première banque du pays, perdait 4,6 %.
Acte de « trahison »
Cette crise survient après que les autorités qataries ont affirmé la semaine dernière avoir été victimes de « hackeurs » ayant publié sur le site Internet de l’agence de presse officielle QNA de faux propos attribués à l’émir cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani.
Ces propos controversés rompaient avec le consensus régional sur plusieurs sujets sensibles, notamment l’Iran, vu comme un allié stratégique alors qu’il vient d’être accusé par l’Arabie saoudite d’être « le fer de lance du terrorisme ».
Ces propos ont été considérés comme un acte de « trahison » en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, les principaux animateurs du front anti-Téhéran. Le président américain, en visite à Riyad le 21 mai, avait pour sa part appelé à « chasser » les extrémistes et les « terroristes », en référence aux groupes djihadistes, et avait aussi demandé à la communauté internationale « d’isoler » l’Iran.
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