Accord sur le nucléaire : l’Iran suspend certains de ses engagements

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Un an après le retrait des Américains, les Iraniens font monter la pression


L'Iran est revenu sur une partie des engagements contractés lors de la signature de l'accord de Vienne en 2015. Une réponse aux menaces américaines et une volonté de mettre les autres signataires du pacte face à leurs résponsabilités.


Le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué ce 8 mai que Téhéran avait pris la décision de suspendre l’application de «certains» de ses «engagements» conclus dans le cadre de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA, acronyme anglais de Joint Comprehensive Plan of Action), ratifié en 2015 par les pays du P5+1 (France, Russie, Etats-Unis, Chine, Royaume-Uni et Allemagne). Cette décision a été notifiée officiellement aux ambassadeurs des pays concernés le 8 mai dans la matinée.


 

Ce désengagement fait suite au retrait unilatéral des Etat-Unis de l'accord il y a tout juste un an, le 8 mai 2018. «Les mesures prises par les Etats-Unis, en particulier depuis un an mais aussi avant […] leur retrait avaient clairement pour but de causer une interruption de l’application [de l'accord]», a précisé le ministre Mohammad Javad Zarif, en visite à Moscou.


Il a affirmé, lors de son allocution diffusée à la télévision d’Etat, que l’Iran avait fait preuve jusqu’ici de «patience», mais que Téhéran jugeait dorénavant «approprié de cesser d’appliquer certains des engagements et mesures volontaires» prises dans le cadre du JCPOA. Néanmoins, le ministre a affirmé que l’Iran ne se retirerait pas de l’accord. Il a insisté sur le fait que ces mesures prises par Téhéran correspondaient à un «droit» laissé aux parties signataires en cas de manquements constatés de la part de l’une d’entre elles.


Ce 8 mai, il a aussi déclaré sur Twitter qu'«après une année de patience, l'Iran arrêtait de mettre en place des mesures que les Etats-Unis lui empêchait de respecter», ajoutant que cette action «entrait dans le cadre du JCPOA».


Ultimatum de «60 jours»


Dans un communiqué officiel diffusé par l'agence de presse officielle Irna, le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien a affirmé que la nation perse cesserait désormais de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi comme elle s’y était engagée en 2015. Par ailleurs, Téhéran donne «60 jours» aux pays faisant encore partie du JCPOA pour «rendre opérationnels leurs engagements en particulier dans les secteurs pétrolier er bancaire», au risque de voir l’Iran renoncer à mettre en application ses autres engagements, toujours d’après le Conseil suprême de la sécurité nationale.


 

Ratifié à Vienne en 2015, et validé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, le JCPOA prévoyait une levée d’une partie des sanctions internationales visant la république islamique en échange de quoi celle-ci devait limiter son programme nucléaire. L'Iran s’était en outre engagé à ne jamais chercher à disposer de l’arme atomique. Le retrait des Etats-Unis de cet accord en mai 2018 avait entraîné le rétablissement des sanctions américaines. Les pays du JCPOA membres de l'Union européenne, mais aussi la Russie et la Chine, avait eux maintenu leur engagement dans l'accord.


Cette annonce intervient alors que les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran ont redoublé ces dernières semaines. Le 7 mai, lors d’une visite surprise à Bagdad, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo avait affirmé avoir en sa possession des informations révélant «une escalade des activités de l’Iran», qu’il accuse de préparer des «attaques imminentes» contre les forces armées américaine dans le golfe Persique. Le Pentagone a également signalé avoir envoyé plusieurs bombardiers B-52 dans la région ainsi que le porte-avions USS Abraham Lincoln.


Alexis Le Meur


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