À Paillé de relancer le Bloc

L'ancien député est élu chef avec 61 % des voix

BQ - course à la direction

Les militants du Bloc québécois ont tranché et choisi le candidat de l'expérience: c'est Daniel Paillé qui aura la mission de guider la reconstruction du parti décimé le 2 mai. L'ancien député d'Hochelaga a été élu chef de la formation hier en obtenant 61 % des voix lors du deuxième tour de scrutin.
Âgé de 61 ans, M. Paillé devient le quatrième chef de l'histoire du Bloc québécois, après Lucien Bouchard, Michel Gauthier et Gilles Duceppe. Sa victoire n'a pas surpris outre mesure les militants bloquistes rassemblés dans un hôtel de Montréal — dont M. Duceppe —, M. Paillé étant perçu depuis le début de la course comme le favori naturel.
Un peu plus de 14 000 membres ont participé au vote postal, ce qui représente 38 % des 36 000 électeurs enregistrés (le nombre total de membres est d'environ 49 000). Au premier tour du scrutin, M. Paillé a recueilli 44,5 % des appuis, devant Maria Mourani (28,1 %) et Jean-François Fortin (27,8 %, soit 39 voix derrière Mme Mourani). M. Fortin a alors été éliminé, et les deuxièmes choix de ses partisans ont été redistribués: M. Paillé en a récolté 2200, et Mme Mourani quelque 1300.
Sitôt sa victoire annoncée, M. Paillé est allé donner l'accolade à ses deux adversaires. Il a par la suite gagné l'estrade au son de la chanson Toujours vivant, de Gerry Boulet — dont il a repris le thème dans son discours en affirmant que le Bloc «est un parti debout qui ira jusqu'au bout» et qui «regarde en avant».
«Il y a de l'ouvrage qui nous attend», a reconnu M. Paillé dans son allocution. Il a répété que toutes les façons de faire traditionnelles du Bloc québécois seraient réévaluées au cours des prochaines semaines et que les militants devaient se mettre à la «corvée de convaincre les Québécois que nous n'avons plus rien à faire dans le Canada».
M. Paillé a lancé plusieurs attaques contre les conservateurs en soutenant que «même des fédéralistes comme Jean-Marc Fournier ne se reconnaissent plus dans ce Canada du Reform Party». Il a qualifié Stephen Harper de «pyromane» en évoquant l'abolition du registre des armes à feu. «Dans son Canada, se procurer une arme deviendra plus facile que de s'ouvrir un compte Facebook: il n'y a même plus besoin de s'identifier.» M. Paillé a aussi écorché la politique économique et environnementale du gouvernement Harper.
Mais dans la foulée, il n'a pas glissé un mot sur le NPD, grand gagnant des élections du 2 mai au Québec. Gilles Duceppe s'en est chargé dans une courte intervention, en soutenant que «le prochain chef doit démontrer que l'option du NPD ne répond pas aux besoins des Québécois», et qu'au-delà des partis, «c'est l'option fédérale qui ne répond pas à nos besoins».
En conférence de presse, M. Paillé a ajouté que peu de «solutions concrètes proposées par le NPD depuis sept mois satisfont les valeurs du Québec».
Participation
M. Paillé s'est par ailleurs montré satisfait du taux de participation au scrutin. «J'aurais aimé avoir plus de votants, c'est sûr. Mais 14 000 personnes, c'est beaucoup de monde, deux fois plus que le NPD a de membres au Québec. Sauf qu'il y a certainement des gens à aller convaincre», a-t-il reconnu.
L'ancien numéro 2 du parti, Pierre Paquette, a pour sa part soutenu sur les ondes de RDI qu'une participation de moins de 50 % «démontre que le parti n'a peut-être pas procédé de la bonne façon» pour susciter l'intérêt de ses membres.
Sur le plan des idées, le Bloc québécois de Daniel Paillé sera résolument souverainiste. «Le parti n'existe que pour soutenir l'idée de souveraineté qui va se faire à Québec», a-t-il dit. Un vote pour le Bloc est donc un vote pour la souveraineté, a-t-il énoncé en situant l'action du parti pour les prochaines années: aller à la rencontre des Québécois pour les «convaincre avec respect, rigueur, vision et passion» de l'utilité de la souveraineté.
Ce travail de terrain, Daniel Paillé le fera en toute liberté, puisqu'il ne compte pas se faire élire bientôt au Parlement. «Je ne demanderai à aucun des quatre députés de céder son siège, a-t-il précisé. Je suis chef à temps plein. S'il y a une élection partielle avant 2015 et que je suis élu, tant mieux. Sinon, ce sera en 2015.» En attendant, il dit avoir le «luxe» de pouvoir faire le tour du Québec sans se presser.
Le député Louis Plamondon a pour sa part indiqué qu'il pourrait céder son siège à M. Paillé si «l'intérêt du parti et de la souveraineté» dicte ce choix. «On prendra la décision au bon moment», a mentionné M. Plamondon.
Il n'a pas été possible de connaître hier le salaire du nouveau chef: «un budget pour 2012 sera soumis aux instances en début d'année et comportera des postes budgétaires très transparents, dont le salaire du chef», a indiqué son équipe en fin de journée.
Travailler ensemble
Les deux candidats défaits par M. Paillé ont affirmé être prêts à collaborer avec le nouveau leader. «Nous sommes de la même famille politique», a dit Jean-François Fortin. «Au-delà des divergences de campagne, il nous faut travailler ensemble».
Maria Mourani a quant à elle affirmé ne pas être «déçue», puisque la campagne lui a permis de mettre en avant des idées qui ont reçu l'appui de 38 % des votants. «Il y aura de beaux débats d'idées qui vont se faire lors du prochain congrès.»


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