La Crise d'octobre

Déjà au début des années 1960, le groupuscule FLQ (Front de libération du Québec) attaque des symboles britanniques et canadiens du capital en posant des bombes et en réclamant que les injustices sociales soient abolies et que les francophones du Québec deviennent " libres " et puissent s'affranchir de leur condition de " colonisés ". Selon un essai de Pierre Vallières, un intellectuel révolutionnaire, il faut dégager les Québécois de leur condition de " nègres blancs d'Amérique ". Ces actes terroristes atteindront un sommet en 1970 avec l'enlèvement de deux personnes, dont le ministre québécois du Travail.
Les Québécois sont témoins d'actes terroristes d'une rare violence. C'est ce que l'on a appelé " la Crise d'octobre ". Craignant un état de crise et d'" insurrection appréhendée ", le gouvernement fédéral impose une loi sévère qui permet l'arrestation de personnes sans mandat et réduit plusieurs libertés civiles : la loi sur les mesures de guerre. Plus de 500 personnes sont arrêtées, détenues pendant plusieurs jours et pour la plupart relâchées par manque de preuves 2. Quelques jours après l'entrée en vigueur de la loi, on retrouve le cadavre du ministre du Travail du gouvernement québécois mort assassiné. Les mesures d'urgences seront levées en avril 1971.
Des questions sont soulevées quant à la nécessité de recourir à cette loi sur les mesures de guerre pour contrer un groupe terroriste marginal. D'autres ont également questionné si cette intervention du premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau ne cherchait pas à déstabiliser, voire à détruire, le mouvement indépendantiste au Québec, connaissant le dédain que M. Trudeau avait envers le nationalisme canadien-français et le mouvement indépendantiste.
Plusieurs ont également contesté le leadership du premier ministre Robert Bourassa face au gouvernement fédéral. En somme, il s'agit d'un événement, comme le soulignait le sociologue Fernand Dumont, qui témoigne de l'évolution et des mutations rapides de la société québécoise, de même que des espoirs et des rancoeurs du peuple québécois durant la Révolution tranquille.

Références :
· Meisel, John, Guy Rocher et Arthur Silver, Si je me souviens bien. Regards sur l'histoire. As I recall, Montréal, Institut de recherche en politiques publiques (IRPP), 1999.
· Robert, Jean-Claude, Du Canada français au Québec libre. Histoire d'un mouvement indépendantiste, Paris, Éditions Flammarion, 1975.
· DUMONT, Fernand, La vigile du Québec, Montréal, Éditions Hurtubise HMH, 1971. Nouvelle éd. 2001, bibliothèque québécoise.
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Note(s) de référence :
1
Voir également à ce sujet l'article de Luc Turgeon.
2
Pour un récit de ces événements sous forme d'oeuvre non-documentaire, voir [le film Les ordres du réalisateur Michel Brault tourné en 1974->17850].