La nation, le pluralisme et le projet social

7 mars 2014


Je vous remercie pour vos commentaires et questions. Au sujet des employés de l'État qui voudraient porter un chandail, une casquette ou un macaron avec des messages tels que «Dieu n'existe pas»... je dirais que bien que je prône une interdiction des signes religieux ostentatoires limitée aux employés en position d'autorité, je dirais que peu importe la religion, l'adepte ne devrait pas tenter de convertir les autres avec des slogans tels que mentionnés par monsieur Cloutier. Il y a, à mon avis, une différence entre le fait de porter un symbole et un slogan. Bien que le symbole renvoie implicitement un ensemble de croyances et d'idées, le fait de le porter me semble plus personnelle au niveau identitaire qu'une phrase faite pour être lu par les autres.

Par ailleurs, je dirais que tous les employés de l'État sont tenus de s'habiller de manière sobre et adéquate ce qui entre en contradiction avec les casquettes et chandails ayant des messages religieux. De tels agissements seraient vite critiqués par l'entourage et les patrons de la personne qui les interpréteraient comme une tentative délibérée de convertir et d'influencer les clients de l'État en se servant de leur travail comme haut-parleur religio-idéologique.

Par ailleurs, comme je l'ai mentionné dans un précédent article («Éléments de réflexion sur le projet de loi 60 : Misons sur le bien commun», 16 février 2014), tout ce débat ne devrait pas reposer sur les seuls symboles religieux entre autres en raison du fait qu'une personne qui accepterait de l'enlever pourrait tout aussi bien avoir des comportements aux travail qui sont teintés par sa religion particulière. Ce qui implique que, bien que personne ne sera jamais totalement neutre, qu'on le porte ou non, il faudrait valoriser individuellement et collectivement le fait que les convictions religieuses qui relèvent de la sphère privée ne devraient pas interférer avec les comportements au travail qui relèvent de la sphère publique.

En définitive, si une personne employée de l'État qui n'est pas en position d'autorité désire porter un symbole religieux ostentatoire, c'est sa liberté, mais elle ne doit pas tenter de convertir les autres. Vous me direz que le simple fait de le porter est une prise de position qui envoie un message explicite. Je vous répondrais de discuter avec la personne pour en apprendre davantage sur sa réalité et j'ose croire que vous verrez que vous avez plus en commun que vous l'auriez cru au départ. Ne réduisons pas les gens aux symboles qu'ils portent et attardons-nous à l'humanité en eux!