Retour sur la contestation de la nomination du juge Nadon
29 septembre 2015
«CRÉ» JUSTIN, VA
On ne peut reprocher à un fils de se porter à la défense de la mémoire de son père. Mais, lorsque le père en question était politicien, il y a parfois un risque à défendre son héritage. Prenons, donc, connaissance des propos du fils Trudeau lors du débat Munk:
«...Et je veux être clair: je suis incroyablement fier d'être le fils de Pierre Elliott Trudeau. Et je suis chanceux qu'il m'ait légué ses valeurs. Quand on parle de son héritage, c'est d'abord celui de la Charte des droits et libertés, qui définit le Canada comme un pays qui défend les droits des individus , même contre les gouvernements qui veulent les enlever; c'est celui du multiculturalisme...et c'est celui du bilinguisme, qui selon mon père, voulait dire, M. Mulcair, qu'on dit la même chose en anglais qu'en français» (Devoir, 29-09-15, p.1)
Alors, parlons-en de la Charte.
Où étais-tu, Justin, lorsque le ministère fédéral de la Justice a congédié le fonctionnaire Edgar Schmidt qui affirme, en Cour fédérale, que les gouvernements déposent aux Communes des projets de loi qu'ils savent dérogatoires à la Charte?
Où était ton père, Justin, lorsque Louis Côté a été congédié du ministère fédéral de la Justice après avoir déposé une plainte au Commissariat aux langues officielles voulant que, trop souvent, les deux versions des lois fédérales ne disaient pas la même chose en anglais et en français?
Où étais-tu, Justin, lorsque Louis côté a dénoncé le fait que les gouvernement déposent aux Communes des projets de loi qu'ils savent incompatibles avec le partage des compétences?
Où étais-tu, Justin, lorsque Frédéric Bastien a dénoncé les dérives constitutionnelles du juge Bora Laskin, nommé par ton père, dans le cadre du rapatriement?
Où étais-tu, Justin, lorsque Louis Côté a fait état de la démarche constitutionnelle condamnable du gouvernement fédéral dans l'Affaire des valeurs mobilières et dans celle des Conventions de travail?
Il serait possible de continuer avec les politiques économiques fédérales, mais à quoi bon.
Le Canada de ton père, Justin, il n'existe pas. Je le sais. J'y ai cru.
En 1979, je me suis inscrit au programme de maîtrise en droit de l'Université d'Ottawa, où j'espérais pouvoir éventuellement enseigner afin...de défendre le fédéralisme. I had bought your father's Canada hook, line and sinker, Justin.
J'ai partagé mon programme également entre la Section de droit civil et la Section de common law. Je suis publié en anglais dans deux revues de droit. Lorsque je communiquais par écrit avec quelqu'un à Ottawa, j'envoyais toujours mes documents dans les deux langues. Je gardais même mes économies auprès de deux banques, une canadienne-française (Banque Nationale) et une canadienne anglaise (Bank of Montréal).
Mais, un moment donné, j'ai commencé à y voir plus clair. Après UBC, j'ai connu la Fonction publique fédérale. Il n'y a rien comme un zoom pour mieux évaluer le Canada de ton père, Justin.
Il m'a coûté cher, Justin, le Canada de ton père. Et, sais-tu quoi, le Québec le mérite bien, le Canada de ton père.
Ah, en passant, avant d'oublier, tu pourrais peut-être profiter de la campagne pour nous promettre une version française officielle de la Constitution. Et, de grâce, de grâce, que celle-ci dise la même chose que la version anglaise...
Louis Côté