Houellebecq et le Goncourt
9 novembre 2010
Dans Plateforme, que j'ai adoré, Houellebecq a quelques mots -plutot cinglants- sur les Québécoises à Cuba.( il a mis Québécoises mais il aurait pu mettre Australiennes ou Américaines)
«Je les avais remarquées en arrivant, elles étaitent(le t a échappé aux correcteurs) trapues et résistantes, tout en dents et en graisse, et parlaient incroyablement fort; on n'avait aucun mal à comprendre qu'elles aient rapidement enterré leurs maris. Je sentais qu'il n'y aurait pas eu intérêt à leur passer devant une queue de self-service, ou à s'emparer d'un bol de céréales qu'elles auraient convoité. Lorsque l'ancien bellâtre s'approcha de leur table elles lui jetèrent des regards énamourés, redevenant presque des femmes. Il se pavanait largement devant elles, accentuant encore son obscénité par des gestes de suspension qu'il opérait à intervalles réguliers au travers de son slip, et par lesquels il semblait s'assurer de la matérialité de son service trois pièces. Les quinquagénaires québécoises semblaient ravies de cette compagnie évocatrice; leurs vieux corps usés avaient encore besoin de soleil. Il jouait son rôle, parlait à voix basse à l'oreille des vieux êtres, les appelant à la manière cubaine "mi corazon" ou "mi amor". Rien d'autre n'aurait lieu, c'est certain, il se contentait de susciter d'ultimes tressaillements dans leurs vieilles chattes; mais ce serait peut-etre suffisant pour qu'elles aient l'impression d'avoir passé d'excellentes vacances, et qu'elles recommanderaient le club à leurs amies; elles en avaient encore pour au moins vingt ans.» (Page 224-225)
Le roman se termine par le massacre de touristes par un islamiste dans une station balnéaire d'Asie. Le scénario est presque le même de ce qui est arrivé quelques années plus tard à Bali. Quel pif!
Houellebecq est le plus grand écrivain français du 21e siècle. En tout cas c'est mon préféré.