Voeux de Bonne Année

Tribune libre

Nos civilisations, les plus anciennes et les Peuples qui les constituèrent, ont pour la plupart exprimé leur conception ou perception du monde par un imaginaire marqué ou rendu par le mythe qui venait donner sens à ce qui ne parvenait à se dire autrement dans un temps précis.
Au fil des siècles, certains de ces mythes présentés en forme de récits et représentations pittoresques se sont maintenus et constituèrent un patrimoine se transmettant de génération en génération, alimentant la Psyché.
L'archéologie de la mémoire des Peuples survécut au temporel et l'on peut en retrouver des récits nous aidant encore ou nous soulageant par une façon de dire ce qui du présent nous heurte ou nous réjouit, utilisant alors ces traces demeurées dans la mémoire collective et de l'ordre d'un intemporel acquis s'étant enrichi au fil des siècles.
À ces écrits, faits de créatures divines et divinisées, vint s'ajouter l'argumentation rationnelle, le logos, des années de la Renaissance et celles des Lumières. Ces Lumières qui, pour Kant, représentaient une libération ou une émancipation de l'esprit, une raison habitée par l'espérance de l'idée du Progrès.
Au-delà des Mers et des Terres, les Lumières ont peut-être cherché l'origine compréhensible d'un Être de pureté conforme ou se rapprochant de l'idée d'une Nature émancipatrice et unifiante. Mais le Réel, ainsi, ne pouvait s'en réduire ni s'en déduire, valut mieux énoncer et conserver une ignorance, véritable statut du sachant quant à sa position subjective et devant l'absence d'une vérité absolue.
L'Humanité n'a cependant eu cesse de sa propre conquête, mais l'échappée de sa trajectoire.. bien souvent mise sur le compte d'un Dieu ou d'un Hasard.
En perdit-elle ainsi une trop grande part d'elle-même, abolissant une critique d'elle-même suffisante, taisant une interrogation sur elle-même et se constituant une tache aveugle par trop aveugle, sa conscience maintenue dans le tragique d'un non su à l'insu trop significatif ?
Déresponsabilisation inconsciente ? ou partiellement consciente ? de notre Humanité devant ce qui abaisse l'Homme : sa démesure profondément enfouie, mais jaillissant dans un espace chargé de résonnance dont la Raison se départit ou se justifie.
Le grand Courage, disait Camus, "c'est encore de tenir les yeux ouverts sur la Lumière comme sur la Mort".
Mais voilà ! Un voile fût posé comme une apostrophe, éludant l'origine du Mal ou de ce "Défaut de l'univers", pourtant intrinsèque à la nature de l'Homme dans ses confins insoutenables, et éludation rendant ce dernier inconscient et faussement irresponsable de la constitution d'un certain Réel qui ne cesse sans virgule de ternir notre monde.
Mes Voeux pour l'Année 2013 et celles à venir: le Jaillissement, en qualité et en quantité, d'êtres sensibles dont l'entendement ne peut faire fi d'une sensibilité vibratoire et signifiante.
L'Être sensible, avec son intelligence particulière, permettant une saisie ou perception plus vive et fine des impressions que lui livre le Vivant, tant dans ses beautés que dans ses affres, mais sachant porter en lui-même la capacité d'être affecté par le monde, notre monde, et en y percevant intimement une part de sa responsabilité propre. Avec, de surcroît, l'intelligence de cet être sensible n'ayant crainte de signifier cette responsabilité pour le mieux-être d'une Humanité en souffrance par trop d'inconscience, encore.
Peut-être est-ce là la venue de l'Homme universel, comme remplacement de Dieu dans une conscience élargie de la nature profonde et refoulée de l'Homme, ainsi que de sa responsabilité propre vis-à-vis d'un Réel.
Bonne Année 2013, dans nos instants de réjouissance comme dans nos périodes de réflexion et d'action
Suzanne Caron


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