Vite, des grand-mamans caresses

À la rescousse de l’UQÀM !

Tribune libre

Que ceux et celles qui déplorent le désengagement de l’État envers les déshérités de notre société se rassurent. Il existe un ilot, sédentaire celui-là et non voyageur, qui, à l’instar d’un célèbre village gaulois, résiste encore et toujours à l’envahisseur qu’a été l’implacable désinstitutionnalisation.

Qui oserait en effet encore affirmer de nos jours que l’État a abandonné ses plus jeunes sujets hypothéqués, quand preuve est donnée quotidiennement que ces pauvres hères ont trouvé un ultime refuge en l’UQÀM, un havre à la mesure de leurs problématiques comportementales, de leurs limites démesurées, et qui tient compte de leur tragique difficulté à s’insérer dans notre société pour y jouer un rôle constructif ?

Bien sûr, tous les étudiants de cette originale institution ne sont pas aussi cruellement affligés que ceux qui, soutenus par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), vandalisent, « manifestent » illégalement et empêchent leurs confrères et consoeurs de suivre leurs cours tout en les intimidant et en les empêchant de parler aux journalistes, qu’ils repoussent à leur tour.

Soulignons au passage le mérite de ces autres jeunes gens, qui ont conçu l’audacieux projet de compléter sérieusement leurs études dans cette « université », en plus d’espérer être un jour pris au sérieux par d’éventuels employeurs une fois leur diplôme obtenu.

Une université féministe et militante avant tout

L’UQÀM qui, en cette période d’austérité, a réussi l’exploit de cumuler 2,1 M $ en financement d’études féministes en 2011, soutient à elle seule le Groupe de recherche interdisciplinaire sur l’antiféminisme (GIRAF), l’Institut de recherche et d’études féministes (IREF) ainsi que le Réseau québécois en études féministes (RÉQF), en plus de financer une pléthore de sujets de recherches féministes des plus enthousiasmants. Ce portrait est-il assez féministe ?

Comment alors se surprendre du soutien militant de l’ASSÉ aux insurgés de cette institution, à la lecture de cet extrait de leur présentation : «Depuis ses premiers balbutiements, l’ASSÉ s’est définie comme une organisation féministe prônant un système d’éducation auquel est intégrée une analyse féministe et appuyant les luttes féministes, qu’elles soient étudiantes ou non. » Vous avez bien lu : « analyse » et « féministe » dans une même phrase, quelle audace !

Soutenus par une vingtaine de professeurs militants dans leurs efforts désespérés en vue de faire triompher leur conception si originale de la démocratie, malgré une évidente majorité de dissidents anti « grève », les manifestants ont courageusement affiché leur désunion au sein d’un pavillon réfractaire à leurs revendications, sans doute parce que ses occupants cherchent encore à en comprendre le sens.

Voici le résultat des efforts de sensibilisation des rebelles, relatés dans le Journal de Montréal : « Vitres cassées, savon à vaisselle déversé dans les escaliers, machines distributrices défoncées et pillées, débris répandus partout, cages d'escaliers bloquées par des chaises et de tables; c'est le portrait auquel ont eu droit les employés de l'institution scolaire jeudi matin au lendemain d'une soirée pour le moins mouvementée. Les cours ont même dû être annulés toute la journée parce que le pavillon J.-A.-DeSève avait été véritablement saccagé. »

Tout en condamnant ces actes de vandalisme commis le 8 avril, la présidente du Syndicat des professeurs de l’UQÀM, Michèle Nevert, professeure de littérature et titulaire du cours Écriture et folie, a déploré le recours patriarcal aux forces policières par le recteur Robert Proulx en le qualifiant d’ « erreur de gestion de crise ».

Sandrine Ricci, présidente du Centre des femmes de l’UQÀM, coordonnatrice du Réseau québécois en études féministes et chercheuse sur l’actualisation des analyses féministes des manifestations contemporaines de la violence envers les femmes, est allée encore plus loin en demandant, appuyée de professeurs et d’étudiants, la démission pure et simple du recteur, qui lui a infligé la violence ultime de la lui refuser.

On pouvait lire dans le site de Radio-Canada que la féministe avait « sévèrement blâmé l'UQAM « et le recteur en particulier » pour leur attitude dans le conflit, ainsi que pour leur incapacité à assurer un environnement « sain et sécuritaire pour l'ensemble de la communauté uqamienne », dont des conditions propices à l'enseignement. Elle a dénoncé « l'instrumentalisation » des employés de l'UQAM faite par la direction pour « justifier les injonctions et la criminalisation du militantisme étudiant ».

Des grand-mamans caresses….

Comment peut-on en effet songer à criminaliser quelques banales sautes d’humeur estudiantines et ne pas donner raison à Mme Ricci, digne ambassadrice des valeurs féminines de compassion et de compréhension ? Une attitude conditionnée par de telles valeurs, sans doute, aurait calmé instantanément ces jeunes incompris qui, à l’évidence, éprouvent de si visibles difficultés à se comprendre eux-mêmes. Et depuis quand dérange-t-on la police pour des cas de vandalisme ? Absurde !

La Ville de Montréal devrait sans plus tarder se prémunir d’un commando d’élite bien mieux indiqué pour gérer de façon harmonieuse ces crises estudiantines : une escouade de grand-mamans caresses. Au lieu de parachuter de phallocrates policiers au sein d’un groupe d’étudiants déjà survoltés, pourquoi ne pas leur envoyer des octogénaires surentrainées, disposant pour toutes armes des cafetières remplies de chocolat chaud à la guimauve, des sucres à la crème, de chaudes mitaines et des écharpes en Phentex assorties à des cagoules aux motifs chatoyants ?

Imaginez les étudiants, se sentant enfin compris dans le tréfonds de leur révolte, assis sur les genoux de ces providentielles intervenantes qui, enfin, les berceraient et leur dispenseraient toute la compréhension et la tendresse qui leur fait si cruellement défaut de la part des figures froidement patriarcales que sont le recteur Proulx, le ministre de l’Éducation, François Blais, et les policiers du SPVM ?

Oui, Mme Ricci a bien raison de ne pas tenter de responsabiliser aussi brutalement les victimes d’un système qui ne les a jamais préparés à devenir responsables. Elle a tout aussi bien fait d’omettre de leur indiquer le rôle qu’elles auraient pu jouer quant à « leur attitude dans le conflit », en plus d’éviter de leur mettre sous le nez « leur incapacité à assurer un environnement « sain et sécuritaire pour l'ensemble de la communauté uqamienne ».

Une telle attitude, en plus de culpabiliser aussi indument ces êtres innocents, deviendrait pire encore que la manifestation du patriarcat le plus vil : elle serait résolument antiféministe !


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