Ron DeSantis, le gouverneur républicain de Floride de 43 ans, n’est pas un homme à prendre à la légère. Le temps de la passivité face aux contre-pouvoirs privés de la gauche idéologique est désormais révolu.
Il y a quelques mois passait, dans l’État ensoleillé, la loi (« Parents' Bill of Rights ») interdisant aux enseignants d’aborder en classe les sujets de la sexualité et de l’identité sexuelle avant le CE2. Bien entendu, ceci n’a pas plu aux démocrates. Loin s’en faut. Depuis, les médias n’ont donc de cesse de diaboliser le jeune gouverneur, menant une « guerre émotionnelle ». Pas plus tard que ce mercredi, par exemple, Jen Psaki, la porte-parole de la Maison-Blanche, fondait en larmes lors d’un entretien téléphonique, en évoquant ces « pauvres enfants brimés » qui ne demandent qu’à être acceptés.
Aussi, depuis de nombreuses années, les grandes entreprises woke ont maintenu en otage les politiciens et gouverneurs conservateurs, à coups de menaces de boycott et de délocalisation. On peut, par exemple, citer le cas de la loi dite « Bath Room Bill », en 2016, en Caroline du Nord, initiée par le gouverneur républicain d’alors Pat McCrory (2013-2017). Cette loi obligeait, dans les lieux publics, les personnes transgenres à utiliser les toilettes correspondant à leur genre de naissance. Le coup de bâton n’a pas tardé. Les artistes refusèrent de se produire dans cet État. La ligue de basketball NBA déplaça ses matchs en Louisiane. Le NCAA (le championnat de football de première division) fit la même menace, etc.
Finalement, les législateurs sont revenus sur cette loi. Et, alors que l’État de Caroline du Nord perdait 3,7 milliards de dollars de recettes dans l’affaire, la carrière politique du gouverneur McCrory était largement assombrie. On recense des événements similaires l’an dernier avec l’État de Géorgie. Chaque fois, les législateurs se trouvent impuissants, tels David contre Goliath.
Sauf que, pour la première fois, un gouverneur conservateur – Ron DeSantis - ne plie pas face à la tyrannie woke et met au défi le plus grand employeur privé de son État, la célèbre Walt Disney Company. Rappelons, en effet, que son complexe de parcs à thèmes, près d'Orlando, attire environ 50 millions de visiteurs par an, générant chaque année plus de 5 milliards de dollars de recettes fiscales locales et étatiques.
Or, suite à la loi interdisant la propagande LGBTQ+ à l’école (appelée par les démocrates « Don’t say gay bill »), quelques salariés véhéments s’en sont pris au PDG du groupe, Bob Chapek, lui reprochant de ne pas avoir pris position assez clairement. Sous la pression, le tout récent patron de Disney a officiellement déclaré : « Notre objectif en tant qu'entreprise est que cette loi soit abrogée par le législateur ou annulée par les tribunaux […] et nous restons déterminés à soutenir les organisations nationales et étatiques qui travaillent pour y parvenir. »
Pour le gouverneur, l’entreprise, originaire de Californie, tente d’imposer ses vues en Floride, là où les parents soutiennent en majorité la loi pour protéger les enfants contre la propagande transgenre à l’école. « Les idéologistes comme Disney veulent sexualiser les enfants dès le plus jeune âge. Il faut se demander pourquoi. » « Tant que je serais gouverneur, ils ne dicteront pas leurs lois à la Floride », avertit le républicain.
Et DeSantis, ou « Baby MAGA », comme le surnomme le New York Times, a effectivement réagi. Ce 20 avril, le Sénat de Floride a voté la révocation des avantages fiscaux qui, depuis les années 1960, ont donné à la multinationale la capacité de gérer elle-même son complexe à thèmes de plus de 10 000 hectares. Conséquence : jeudi 21 avril, le cours de l'action Disney terminait la journée en baisse de 2,3 %.
« Si Disney veut se battre, ils ont choisi le mauvais gars », prévient encore DeSantis, dans un courriel de levée de fonds. Espérons que les mésaventures financières de Disney (qui, là, ne peut pas menacer de délocaliser ses parcs) soient un signal fort pour le reste du pays.