La place de l'Afrique au sein du conseil de sécurité des Nations unies

Une occasion ratée pour le Québec de s'affirmer au Sommet de Kinshasa

Les espoirs se tournent maintenant du côté de la France

Tribune libre

Alors que le gouvernement de Stephen Harper se désengage de l’Afrique francophone en réduisant de 10 % les budgets de l’ACDI et le nombre de pays africains parmi les pays recevant une aide prioritaire, Pauline Marois, dès son arrivée à Kinshasa, a déclaré vouloir occuper la place laissée vacante par le gouvernement canadien : « Le fait que le gouvernement fédéral tende à se replier en Afrique ouvre un espace que nous pourrions occuper…si le Canada y est moins, on y sera plus ».

Par ailleurs, avant son départ pour Kinshasa, Pauline Marois avait affirmé qu'elle était «sympathique à l'idée» d'un siège permanent pour l'Afrique au conseil de sécurité des Nations unies, tout en ajoutant qu’elle voulait faire de ce continent «un élément important de la politique internationale du Québec» mais qu’elle n’avait pas l'intention de « faire d'esclandre sur cette question ».
Dans les faits, la première ministre du Québec, loin de faire des esclandres, a préféré se taire et laisser intervenir Ottawa sur un enjeu pourtant important du 14e Sommet de la Francophonie, a savoir la place de l'Afrique au sein du conseil de sécurité des Nations unies. Ottawa s'est opposé à ce que la Francophonie plaide pour attribuer au continent africain un siège permanent et Harper a eu gain de cause.
En effet, dans la déclaration finale du Sommet, la Francophonie ne recommande pas que l'Afrique obtienne un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies tout en proclamant du même souffle que «l'indispensable réforme du Conseil de sécurité des Nations unies doit donner aux pays africains toute leur place» et que les membres «prennent note» du consensus africain sur l'obtention d'un siège permanent.
Selon le ministre des Relations internationales du Québec, Jean-François Lisée, même si «la position canadienne était froide pour dire le moins sur les sièges permanents, les pays africains ont accepté une formulation qui était plus large pour éviter un « clash » avec le Canada. Nous n'avons pas voulu aller plus loin que ce que nos collègues africains désiraient faire eux-mêmes». À mon sens, en se faisant aussi « discret », le Québec venait de rater une occasion de s’affirmer comme nation francophone et de se démarquer face à la position
« radicale » de Stephen Harper alors que la Francophonie est l'une des rares instances internationales où le Québec peut parler de sa propre voix.
Par ailleurs, aux lendemains de Kinshasa, dès le 15 octobre, Pauline Marois aura une rencontre très attendue avec le président français François Hollande à l'Élysée et trois autres au plus tard le 17 octobre avec le chef de son gouvernement, Jean-Marc Ayrault, et les présidents des deux Chambres, le Sénat et l'Assemblée nationale, les représentants d’un pays qui s’étaient montrés, soit dit en passant, favorables avec l’idée d’accepter l’Afrique au sein du conseil de sécurité des Nations unies.
La mission de Pauline Marois en France sera essentiellement politique et consistera à convaincre François Hollande de renouer avec la politique de «non-ingérence, non-indifférence» abandonnée par Nicolas Sarkozy tout en souhaitant, de surcroît, que «la France accompagnera le Québec quel que soit le chemin qu'il choisira». Quant aux dirigeants français en place, ils seront confrontés au double défi de plaire à Québec sans déplaire à Ottawa, en d’autres termes, de rassurer les souverainistes sans inquiéter les fédéralistes.
Les espoirs du gouvernement souverainiste québécois de prendre sa place sur la scène internationale comme représentant d’un peuple visant à accéder à son statut de nation francophone se tournent maintenant du côté de l’appui politique de la France…tout un défi pour la première ministre du Québec! Une histoire à suivre…
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2101 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2012

    J'ai lu sur ce site le point de vue de M Chikhi, il a été le premier à suggèrer que le Québec se mette en pointe à Kinshasa, mais à l'évidence même si le gouvernement Marois a été dans le sens suggèré il semblerait que les objectifs ont changé en cours de route.
    Je suis curieuse de savoir ce qu'il en pense aujourd'hHui
    Caroline
    http://www.vigile.net/La-democratie-quebecoise-est-elle

  • Henri Marineau Répondre

    16 octobre 2012

    Après que cet article ait été envoyé à Vigile, j'ai appris, comme vous tous, que la France avait renoué avec le "ni ni" en reconnaissant par le fait même les intérêts supérieurs du Québec...un atout important pour notre cause et une fleur au chapeau de la première ministre!

  • Archives de Vigile Répondre

    15 octobre 2012

    Ce que je trouve un peu surréaliste c'est qu'elle a déclarée que le Québec désirait aider le Congo dans le domaine des soins de santé, je reprends sa déclaration "à la hauteur de nos moyens...."
    Lesquels ?
    Alors que les urgences sont en crises, qu'il faut gérer des listes d'attentes en chirurgie cardiaque, etc, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi nous devrions nous mettre à aider le Congo.
    Je sais bien que le PQ n'était pas au gouvernail les dernières années, mais ce genre de déclaration est quand même un peu, disons étrange.

  • Stéphane Sauvé Répondre

    15 octobre 2012

    "...la première ministre n’a pas soutenu formellement la position qui faisait consensus sur le continent africain et en France voulant que la déclaration finale se prononce en faveur d’un siège permanent pour l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies. Essentiellement à cause de l’opposition du Canada, la déclaration se contente donc d’une formulation beaucoup plus vague." Source: Le Devoir - http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/361450/afrique-marois-met-de-l-eau-dans-son-vin
    Comme l'écrivait un commentatrice de l'article du Devoir, Lorraine Couture: De compromissions en reniements, madame Marois s'achemine inexorablement vers son destin et elle va entraîner le Québec vers un peu plus de déchéance. .
    J'espère que Mme. Couture et moi se trompont et qu'elle saura mettre ses culottes. J'espère...