Au forum de Davos, du 22 au 25 janvier, le psychodrame de média-réalité autour de la photo recadrée de Greta Thunberg n’en a pas fini de faire parler de lui et se répand en Afrique.
Une jeune Ougandaise, présente aux côtés de l’activiste « adonaissante », avait été retirée au montage par l’agence Associated Press. Cette pauvre victime d’effacement mémoriel, frustrée d’un selfie exceptionnel, a opportunément dégainé un tweet tueur contre cet acte supposé de racisme, motif de condamnation à mort sociale en procès expéditif d’intention. Car à notre époque pétrifiée de moralisme idéologique, l’accusé est préjugé coupable. Qu’on se rassure, la victime s’est, depuis, bien rattrapée, sa notoriété est assurée et la cause idéo-climato-logique progresse en Afrique au côté d’autres diktats comme la théorie du genre et d’autres révolutions de mœurs.
Car, pour les lobbies progressistes en quête de milieux de propagation, l’Afrique représente un gigantesque réservoir potentiel de militants jeunes, peu éduqués, pauvres et (donc) très manipulables. Parmi leurs soutiens internationaux, George Soros, ancien financier milliardaire repenti, y est très actif depuis quarante ans. Son Open Society Foundations (OSF) finance des bourses universitaires, des médias et des partis d’opposition à des régimes jugés « mal-pensants ». Faiseur de présidents, il a déjà favorisé l’accès au pouvoir de technocrates internationaux au Liberia, en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Ghana.
C’est ainsi que deux formes de colonisation se télescopent dans l’actualité africaine.
La colonisation historique, limitée à une période courte et révolue, est contrefaite et diabolisée par une bien-pensance négationniste. Par déformation anachronique et manichéenne de l’Histoire, des courants idéologiques s’acharnent à « démanteler » toute forme de conservatisme.
Or, « l’époque coloniale, malgré les dégâts causés, a transmis à l’Afrique, à travers la culture technicienne et scientifique, les germes du changement. Et surtout, une ouverture à d’autres cultures », nous dit Marcel Zadi Kessy, ancien président du Conseil économique et social de Côte d’Ivoire. De son côté, le Pr Aza, du Bénin, estime que « l’honnêteté morale nous fait obligation de reconnaître que la colonisation nous a permis d’accéder plus rapidement à cette qualité de civilisation grâce à laquelle nous avons élargi notre champ de compréhension, de connaissance et de prise de conscience à des horizons très étendus qui couvrent tous les aspects de la vie et des réalités universelles. Mais le colonisateur n’a pas détruit pour autant nos cultes et notre culture. »
La colonisation idéologique, en remplacement, envahit le quotidien par médias dominants et lois oppressives interposés sur divers thèmes comme l’écologie, le progrès, les identités de genre.
Or, le jeunisme offre un terreau fertile à la manipulation des esprits, comme le montre la campagne d’écolo-marketing de Greta Thunberg qui dispose désormais de relais en Afrique. Ses crises de nerfs et ses amalgames entre la crise climatique et la colonisation, par exemple, nous inquiètent davantage sur son avenir personnel que sur celui de notre planète. Car l’enfant-roi devient plus surement un tyran égotiste qu’un adulte altruiste. On aurait tort de se plier à ce totalitarisme juvénile. Car, comme le prédit André Suarès des attentes des « enfants et jeunes gens » : « Nos Pères, nous vous apprendrons à maudire aussi le jour où vous nous fîtes naître : nous sommes votre juste châtiment ; nous vous fouetterons à mort, pour chaque coup de fouet que nous aurions dû recevoir et que vous nous avez épargné. Il ne faut jamais faire grâce. » (1)
Enfin, cette colonisation idéologique passe aussi, discrètement et sournoisement, par la conditionnalité inavouée de financements par les organisations internationales, dont l’Union européenne, à l’acceptation déclarée des dogmes progressistes. La force s’exprime désormais par la norme légale.
(1) Contre le totalitarisme d’André Suarès