EXPLOITATION DES ÉNERGIES FOSSILES

Une entrave à la cible des GES

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Le gouvernement Couillard fait son lit : Anticosti NON, Gaspésie OUI

L’exploitation des énergies fossiles du Québec pourrait compromettre les efforts de lutte contre les changements climatiques, conclut l’évaluation environnementale stratégique sur les hydrocarbures dirigée par le gouvernement Couillard. Les rapports publiés lundi mettent la table pour l’extraction du pétrole et du gaz.

Sans préavis, le gouvernement a mis en ligne lundi après-midi les rapports des deux évaluations environnementales stratégiques (EES) lancées en mai 2014, des documents qui synthétisent les conclusions de 64 études et qui totalisent 350 pages. La première EES ratissait très large puisqu’elle portait sur l’ensemble de la filière des énergies fossiles au Québec, soit l’exploitation d’éventuels gisements en milieu terrestre et marin, mais aussi tous les modes de transport sur le territoire de la province. La deuxième abordait spécifiquement le cas de l’île d’Anticosti.

L’EES sur l’ensemble de la filière fossile conclut que « la mise en valeur des hydrocarbures dans une perspective de développement durable pose de nombreux défis pour l’ensemble des parties prenantes (entreprises, gouvernements, communautés locales, société civile, etc.), notamment en ce qui a trait aux émissions de gaz à effet de serre ».

Concrètement, le rapport souligne à deux reprises qu’à « long terme », l’exploitation des hydrocarbures apparaît « comme difficilement conciliable avec les objectifs du Québec en matière de lutte contre les changements climatiques ». Ces projets pourraient aussi entraîner « une hausse sensible du coût associé aux réductions d’émissions de gaz à effet de serre aux horizons 2030 et 2050 ainsi qu’une pression accrue sur les autres secteurs économiques du Québec ».

À titre d’exemple, on évalue que l’exploitation du sous-sol de l’île d’Anticosti pourrait générer annuellement entre 1,4 et 4 millions tonnes de gaz à effet de serre (GES), soit entre 2 % et 6 % des émissions visées pour le Québec en 2020. Bref, à elles seules, ces émissions pourraient compromettre l’atteinte des objectifs de réduction fixés par le gouvernement.

Qui plus est, une étude réalisée par le ministère de l’Environnement du Québec dans le cadre des EES a démontré que les projets d’exploration pétrolière et gazière que le gouvernement Couillard finance et encourage en Gaspésie pourraient générer des émissions de gaz à effet de serre aussi intenses que celles du pétrole et du gaz de schiste. Mais il sera difficile d’avoir l’heure juste, puisqu’aucun des projets ne fera l’objet d’une évaluation environnementale indépendante.

Le bilan réel des GES découlant d’une éventuelle exploitation commerciale demeure au final impossible à préciser, faute d’information, indique justement le rapport publié lundi. « La présente EES a montré qu’il reste des connaissances à acquérir, notamment en ce qui a trait aux émissions fugitives de méthane [qui se produisent tout au long de la chaîne de production, de distribution et de consommation], aux émissions de GES après la fermeture des puits ainsi qu’aux mesures d’atténuation. »

Avantages financiers

Le rapport de l’EES voit toutefois des avantages à exploiter les énergies fossiles québécoises. « Une éventuelle exploitation des hydrocarbures en territoire québécois contribuera inévitablement à faire augmenter le bilan actuel en matière de GES. Ces émissions seraient cependant soumises à un système de plafonnement, ce qui n’est pas le cas pour les hydrocarbures actuellement importés au Québec. »

Le rapport reprend aussi les arguments des partisans des projets pétroliers et gaziers, à savoir que l’exploitation des hydrocarbures permettrait de « limiter la dépendance du Québec à des sources d’énergie importées plus polluantes, d’améliorer sa balance commerciale et de générer d’importantes retombées économiques locales et nationales ». Mais pour le moment, aucun projet n’est assez avancé pour qu’on puisse envisager « une exploitation commerciale d’envergure à courte échéance ».

Par ailleurs, en raison des dynamiques des marchés du gaz et du pétrole, qui échappent totalement au contrôle de l’État, « même si le Québec devenait producteur de pétrole, il continuerait vraisemblablement à importer et à exporter des hydrocarbures et des produits transformés ». Une éventuelle production en sol québécois pourrait en outre être commercialisée à l’extérieur de la province. Les promoteurs devraient toutefois faire face à la concurrence des entreprises déjà bien présentes sur le marché.


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