Il y aura le Grand Prix de Formule 1 en fin de semaine. Mais, tout juste après, les 11, 12, 13 et 14 juin, à l’hôtel Hilton de la Place Bonaventure, aura lieu la Conférence de Montréal du Forum économique international des Amériques (FEIA).
Qu’est-ce que le FEIA ? Une autre patente à gosses de Power Corporation ou, si vous préférez, de la famille Desmarais. Son fondateur et toujours président est Gil Rémillard, ancien ministre libéral à l’époque de Bourassa II. Mais le Conseil d’administration du FEIA regorge de représentants et d’alliés de Power Corporation : Paul Desmarais fils, son épouse Hélène, Gérard Mestrallet de GDF Suez, Michael Sabia de la Caisse de dépôt, Thierry Vandal d’Hydro-Québec, John Manley, ancien ministre sous Jean Chrétien, etc.
En outre, parmi les principaux commanditaires de la Conférence de Montréal, on trouve d’abord et avant tout Power Corporation, puis des sociétés telles que la Royal Bank, Bell, Rio Tinto Alcan, GDF Suez, Total, BNP Paribas, etc. S’y ajoute, cette année, Forbes & Manhattan, un vaste conglomérat ontarien de sociétés spécialisées dans les minerais et les métaux et que l’odeur du Plan Nord attire peut-être comme celle de la charogne attire les vautours ou celle du fumier les mouches.
Quant aux nombreux conférenciers invités la semaine prochaine, ce sont tous des champions du néolibéralisme, ici comme à travers le monde, à commencer par Alan Greenspan, l’ancien président de la Réserve fédérale (FED) des États-Unis. Lui prêteront main forte, entre autres, Yves-Thomas Dorval du Conseil du patronat, l’ineffable Maxime Bernier du gouvernement fédéral, Pierre Marc Johnson toujours en train de traficoter dans l’ombre un accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne ainsi que le recteur de l’Université de Montréal, Guy Breton, un bonhomme dont le cerveau, on n’en doute pas, correspond exactement aux besoins des entreprises, rien de plus et rien d’autre.
Les principaux commanditaires de ce grand festival juste pourri auront eux aussi leurs porte-parole : le couple Desmarais pour Power Corporation, Michael Fortier pour la Royal Bank, Jeffrey Schwartz pour Bell, Gérard Mestrallet pour GDF Suez, Jean-Michel Gires pour Total, Jean Lemierre pour BNP Paribas, etc., sans oublier l’ancien ministre libéral fédéral Pierre S. Pettigrew, dit le Winner, pour Forbes & Manhattan.
Tous ces gras dur, c’est écrit dans le ciel, vont encore nous prêcher la privatisation des services publics, la réduction des programmes sociaux et, fédéralisme oblige, la soumission des États nationaux aux lois du marché mondialisé. Depuis au moins trente ans, c’est le discours qui leur vaut d’être reconnus comme autant de sommités. Or, des sommités ne méritent-elle pas toujours un accueil à leur mesure ? Oui, certes. Je suggère donc, pour accueillir ces sommités-là, un grand concert.
Oui, un grand concert de casseroles !
Luc Potvin
_ Verdun